La série a débuté le 3 octobre 2004 sur la chaîne américain ABC, mettant en scène, en prime-time, quatre amies vivant dans le même quartier américain de l'upper-middle class : Wisteria Lane. Mais cette suburb américaine, en apparence tranquille, se réveille le jour où l'une de ses habitantes se suicide ; et c'est alors en moyenne 22 millions de téléspectateurs qui assistent à tout un défilé de rebondissements traités avec un humour décapant durant 23 épisodes.
Mais comment expliquer un tel succès ? Marc Cherry, le réalisateur, en aurait-il compris la recette le soir où, accompagné de sa mère, il l'interpella sur le procès d'Andrea Yates pour laquelle elle manifesta une sorte de compréhension, en répondant qu'elle aussi aurait pu passer par là ? C'est du moins ainsi qu'il explique la genèse de sa trouvaille.
Mais au-delà du quotidien de ces femmes désespérées, c'est toute une société d'exigences et d'apparences qui est pointée du doigt : des tourments de la vie dans un quartier résidentiel au sort des femmes au foyer, en passant par la déperdition de leur réussite, c'est toute une série de modèles principalement issus de l'American dream qui volent en éclats.
Caractère inédit de la série : "Pour la première fois dans l'histoire de la fiction télé, quelqu'un, quelque part, s'intéresse aux ménagères, non pour leur farcir le crâne, mais pour les regarder en face" (...)
[...] Mais Susan reste gauche et malchanceuse et se situe donc à l'opposé de Bree, caractérisée par la perfection. Elle s'intéresse de très près au nouvel arrivant du quartier Mike Delfino (Jamie Denton) qui se dit plombier et veuf, mais a quelques secrets. Charmeur et protecteur, il incarne parfaitement le prince que Susan attendait. Susan représente cette actuelle génération-divorce élevant seule sa fille. Mais pour toutes ces mères désolées par leur situation familiale, elle incarne également le rêve : celui d'une entente quasi fusionnelle avec son enfant et d'une quête toujours renouvelée du prince charmant. [...]
[...] La peinture du quotidien[3] La mise en scène du geste domestique quotidien joue un rôle important dans la série. Jean Mollet avait déjà établi un lien étroit entre les séries télévisées et la peinture hollandaise du XVII siècle -particulièrement celle de Vermeer et De Hooch- et nous pouvons le prolonger dans certaines scènes de Desperate Housewives. La peinture hollandaise du XVII° siècle, en s'attachant à rendre compte du quotidien, était tout à fait innovatrice à son époque, où les peintres n'illustraient que des scènes mythologiques, religieuses ou historiques. [...]
[...] A l'extérieur, pas un seul papier ne traîne dans la rue, tout le monde sourie à tout le monde, personne ne dit un mot plus haut que l'autre. Mais lorsque l'on gratte légèrement ce vernis d'étrangeté, on ne tarde pas à découvrir les secrets les plus infâmes (meurtres, enlèvement, adultères et trahisons en tous genres) cela renforce encore le décalage entre l'extérieur parfait et rieur et l'intérieur des maisons, chacune recelant son lot de secrets, de violences et de tristesses. [...]
[...] Elle est un personnage-fantôme pourtant présent dans chaque épisode. En effet, elle est la narratrice et commente chaque début et fin d'épisode. Avec ses cheveux blonds, ses habits souvent blancs, sa voix douce et son sourire angélique elle incarne parfaitement l'innocence et son suicide la victimise complètement : le téléspectateur s'attachera à elle, alors qu'au fil des épisodes, elle nous apparaîtra de plus en plus comme un personnage immoral car capable de crimes. Quant à son mari, Paul (Mark Moses), il est de plus en plus inquiétant. [...]
[...] La nourriture n'est pas de reste non plus, puisqu'elle est représentée dans beaucoup d'épisodes et toujours dans un contexte familial. Mais cette consommation de masse, symbole de prospérité capitaliste devient désillusion dans la série, lorsque Mr Solis, l'époux de Gabrielle, est emprisonné. En effet, celle-ci se retrouve seule, sans revenu, et devant faire face à un quotidien rimant avec galère pour cette consommatrice désormais réfrénée. Le jacuzzi devient alors machine à laver le linge et même pour les petits besoins, elle se voit contrainte de voler les toilettes chimiques d'un chantier. [...]
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