La guerre du Golfe a été marquée par la forte instrumentalisation des télévisions comme une arme de propagande. Ainsi dans les années qui vont suivre, les journalistes n'auront de cesse de clamer leur indépendance par rapport aux pouvoirs publics, une indépendance effective qui reste cependant à démontrer. Mais le 11 Septembre 2001 va complètement modifier leur attitude car, devant l'ampleur des événements, les journalistes vont finalement se ranger au côté des pouvoirs publics et accepter temporairement d'être utilisés.
Ainsi, la couverture des crises politiques par la télévision, entre la guerre du Golfe et le World Trade Center, est marquée par deux phénomènes : à la fois une quête démesurée de nouvelles images toujours plus fortes, mais également une oscillation entre soumission et rejet de l'intervention des gouvernements dans le contrôle des informations
[...] Il y a alors deux guerres : la vraie et celle que les organes de presse relatent comme ils peuvent, faute de moyens. Malheureusement, il ne s'agit de la même guerre. L'état-major américain a retenu les leçons du Viêt-Nam et prend bien soin de contrôler les images et informations relayées par la télévision. Après la fin du conflit les media sont largement apparus comme les instruments de la propagande américaine et cela a énormément nuit par la suite à leur crédibilité. [...]
[...] La seule chose que les journalistes occidentaux peuvent faire en guise de protestation contre cette manipulation, c'est de rappeler encore et toujours que les journalistes sur le terrain sont encadrés par les militaires, comme pu le faire M6, ou rajouter les mentions : Images contrôlées par l'armée ou encore Censuré La défaite journalistique en toutes lettres. - Les autorités cherchent également à maîtriser : Le secret imposé gêne incontestablement les media qui se savent manipulés. Ils sont de plus en plus réticents et profitent de n'importe quelle occasion pour déroger aux règles imposées par le gouvernement américain. François Mitterrand est très attentif à ce problème. [...]
[...] Et, pour vendre le produit United-States of America à un monde de plus en plus hostile, le gouvernement a fait appel à Charlotte Beers, ancienne patronne de la firme publicitaire Ogilvy & Mather, connue pour la promotion des shampooings et des dentifrices. Mais le gouvernement va plus loin dans le contrôle de l'information, et malgré le premier amendement à la constitution, il demande aux chaînes de ne pas retransmettre en blocs les vidéos de Ben Laden. Cela a été demandé aux dirigeants des chaînes lors d'une conférence avec Condoleezza Rice. Même si certains ont émis des doutes, l'effet a été immédiat : quasiment aucune parole ni image de Ben Laden sur les ondes. [...]
[...] Dans son rapport annuel de 1992, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel condamne les principales chaînes de télévision françaises pour la façon dont elles ont traité la guerre du Golfe. Ainsi, il souligne qu' "en matière d'information, c'est l'exactitude et non la vraisemblance qui doit être la règle." et reproche également à TF1 que certains "propos vraisemblables, et comme tels crédibles et intégrés dans le système de représentation des téléspectateurs ( . ) étaient faux ou n'ont pas été vérifiés." Le CSA n'oublie pas non plus les chaînes publiques, il reproche à FR3 ses nombreux directs : "Cette dérive ne peut qu'être condamnée. [...]
[...] La télévision a modifié ce clivage, son attrait pour le spectacle et les images sensationnelles ont modifié l'information et ont fait qu'elle est considérée comme vraie uniquement si l'émotion ressentie en regardant les images à la télévision est vraie. Et ce, un peu comme si chaque information pouvait être simplifiée, découpée en différents morceaux, chacun provoquant une émotion différente chez le téléspectateur. Cela se fait souvent au mépris de la réalité et de l'analyse, qui apparaissent désormais ennuyeuses. Malgré la manipulation dont elle a été victime lors de la guerre du Golfe la télévision n'est plus uniquement le premier media de divertissement, elle est également le premier media d'information. [...]
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