Machination, robotisation, médiatisation…, la télé-réalité se trouve au cœur de toutes ces critiques. Cependant, toutes les chaînes de télévision françaises se sont inspirées de la société Endemol et de son « Big Brother » pour tirer profit de ce concept déjà analysé avant même d'être retransmis à la télévision, notamment dans 1984 de Georges Orwell et de la philosophie platonicienne qui distingue la réalité (le monde intelligible, les Idées) de la représentation du monde par l'homme via ses sens.
Après six Star Academy, deux Loft Story, quatre A la recherche de la nouvelle star, des Bachelor, La ferme des célébrités et autres, il est temps d'avouer que bien que critiquée, la télé réalité touche tout le monde par son omniprésence. Des télécrochets aux films à grand succès tels que The Island ou The Truman Show en passant par les émissions de Jacques Pradel, les avis se partagent entre l'assimilation à une télé-poubelle et les défenseurs de cette réalité effective via la fée cathodique. La télé réalité est-elle vraiment dangereuse ou devons-nous admettre que nous avons besoin de cette proximité virtuelle (le besoin de connaître des inconnus par la télévision, les chats sur Internet…) ?
[...] Est-on perpétuellement obligés de ne regarder que des programmes intellectuels ? La télé-réalité est avant tout un phénomène de télévision qui, comme Internet ou la musique, a pour but de nous informer (d'où les émissions culturelles et d'information) et de nous divertir. Si quelqu'un n'aime pas la télé-réalité, il aura toujours le choix de ne pas regarder mais pourrait probablement se sentir exclu d'une partie de la société où la télé-réalité est devenue un lieu de socialisation, de conversation, d'affinités et de passe-temps. [...]
[...] En cela, la télé-réalité s'apparente au téléroman mettant en avant des gens ordinaires, contrairement aux romans classiques avec les héros. De surcroît, c'est un phénomène universel. Les spectateurs appartiennent à toutes les classes sociales, tous les âges (avec une importance des 15-24 ans). Tout le monde est touché et tout le monde en parle : c'est l'ère des conversations-télé où les gens se rassemblent devant une machine à café, dans le métro, au travail pour débattre sur les événements de la veille. [...]
[...] Il semblerait également que les Reality shows soient démocratiques par le mécanisme de l'interactivité : Dominique Mehl, sociologue au CNRS et auteur de La Télévision de l'intimité déclare que le lien unissant le téléspectateur aux candidats est très fort puisque ce premier doit voter pour éliminer ces derniers et qu'il y a un type d'identification très fort aux participants car ce ne sont pas des héros, des gens superdiplômés, superintelligents ou supercompétents Le candidat doit nous séduire, être le meilleur en relations publiques. La télé-réalité, vitrine de la puissance des médias est en réalité contrôlée par les téléspectateurs. Par ailleurs, il faut en finir avec l'argument qu'un excès de vie privée conduit à la négation de la vie privée : au Moyen-âge, les êtres humains vivaient serrés les uns contre les autres. Aujourd'hui, la plupart des gens vivent isolés dans leur appartement. [...]
[...] Certains adeptes de ces programmes vivent leur rêve par procuration (Miguel de Cervantès disait que la jalousie ne permet jamais de voir les choses telles qu'elles sont. Les jaloux voient le réel à travers un miroir déformant qui grossit les détails insignifiants, transforme les nains en géants et les soupçons en vérité. Mais il s'agit avant tout d'un divertissement, un amusement et une certaine jouissance à épier les défauts des candidats. La télé-réalité ne peut être un danger sérieux que pour les inconscients. [...]
[...] Albert Dupontel déclarait que la télévision a pour but de transformer le téléspectateur en consommateur ; c'est l'ère des nouveaux moyens de communication, et le développement technologique a permis au petit écran de devenir l'objet essentiel dans les lieux de vie. Les programmes de télé-réalité obtiennent des records d'audimat (plus de 8 millions de Français regardaient les prime times de la Star Academy) et sont donc extrêmement rentables. Dans La vie rêvée du Loft, Noël Mamère et Patrick Farbiaz associent ce phénomène à une société marchande : La vie est devenue une marchandise. Loft Story n'en est que l'expression la plus médiatique et la plus sophistiquée. Tout s'achète, tout se vend. Tout se voit. [...]
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