Agrégé de philosophie à l'École Normale Supérieure, c'est cependant en tant que sociologue et en tant que fondateur de la Revue Actes de la recherche en sciences sociales que Pierre Bourdieu (1930-2002) se fait connaître. Bourdieu est un homme de conviction et son travail de recherche - entre autres sur les pratiques culturelles, la domination masculine, le statut de l'art, la faillite du système éducatif dans son rôle d'ascenseur social, la persistance des inégalités, les dérives médiatiques... - se double d'une action militante sur le terrain notamment à partir des années 1990.
Il investit ainsi la figure de l'intellectuel engagé et s'investit pour l'indépendance algérienne avec la création, en 1993, du CISIA, puis il défend les grévistes lors du mouvement de l'hiver 1995, en 1996 il est l'un des initiateurs des "États généraux du mouvement social" et en 1997, il soutient le mouvement de chômeurs.
Cet ouvrage est la transcription revue et corrigée de deux cours télévisés du Collège de France diffusés sur Paris Première en 1996 permettant à P. Bourdieu de livrer à la télévision sa pensée complète sur la télévision. Cette publication fait suite à sa participation à l'émission "Arrêt sur images" du 23 janvier 1996 dans laquelle Bourdieu, en tant qu'invité principal, devait rendre compte du traitement médiatique de la grève de novembre/ décembre 1995.
Lors de cette émission, Bourdieu fut incapable de développer librement ses analyses et fit l'objet d'importantes critiques de la part des autres invités, professionnels des médias, Guillaume Durand et Jean-Marie Cavada.
[...] Autrement dit, le monde journalistique qui paraît divisé cache en réalité des ressemblances profondes au sein même des produits journalistiques. Bourdieu parle même d'homogénéisation des produits journalistiques résultant en tout premier lieu de la logique de concurrence. L'univers des invités permanents est un monde clos de gens qui s'opposent, mais de manière convenue. Ii existe donc à la télévision des débats susceptibles de tromper l'opinion publique en ce sens qu'ils sont soit vraiment faux (débats entre compères soit faussement vrais. [...]
[...] Pour le citoyen aujourd'hui, le problème est effectivement d'échapper à l'emprise de la puissance médiatique afin de conserver une liberté de jugement et de découvrir la réalité des choses derrière la mise en scène et de résister à son extraordinaire pouvoir de séduction. Cette analyse, contrairement à ce que l'on peut penser, a connu un grand succès même auprès des journalistes, qui pour la plupart sont conscients de ces dérives. Même si cette analyse paraît parfois un peu sévère et catégorique, sur la télévision reste un ouvrage incontournable. [...]
[...] Il commence dans une première partie intitulée Le plateau et ses coulisses, par disséquer la structure des dispositifs émissions télévisuelles afin de mettre en lumière les divers mécanismes visibles ou invisibles qui interviennent dans le fonctionnement de la télévision ; mécanismes qui permettent aux censures dictées principalement; plébiscite commercial d'exister. Dans une deuxième partie concernant La structure invisible et ses effets, il s'attache à expliquer qu'on ne comprendre totalement la première partie sans évoquer les mécanismes globaux, l'effet des structures. À travers la notion de champ journalistique, Bourdieu exonère de leur responsabilité individuelle les journalistes. [...]
[...] Sur la télévision, met également en question l'autonomie du champ politique. Les médias agissant comme instrument d'information mobilisatrice peuvent parfois jouer le rôle du pompier incendiaire et conduire à ce que li pression des passions collectives nuise à la démocratie et à la justice. Bourdieu termine sa réflexion en posant une distinction importante entre l'ésotérisme et l'élitisme : comment concilier l'exigence de pureté inhérente aux travaux intellectuels, qui conduit à l'ésotérisme, avec le souci démocratique de rendre ces acquis accessibles au plus grand nombre ? [...]
[...] L'emprise du journalisme Dans cette annexe, Bourdieu ne fait que reprendre son analyse, mais en insistant sur certains points. Ainsi, le renforcement de l'emprise du champ journalistique tend à menacer l'autonomie des différents champs production culturelle parce qu'il renforce, au sein de chacun d'eux, les agents ou les entreprises qui sont les plus enclins à céder à la séduction des profits "externes " préférant à la reconnaissance par les pairs celle du plus grand nombre. Il existe donc une sorte de "pyramide d'influence " de la loi du marché sur le champ journalistique sur les journalistes sur les producteurs des champs de production culturelle. [...]
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