Afin de mener à bien l'étude des médias et des questions sociales et surtout de construire un panorama assez complet des enjeux relatifs à ces problématiques, je choisis, dans ce commentaire, d'aborder principalement les textes d'Olivier Voirol et Serge Proulx et Danielle Belanger, sans négliger par ailleurs les possibles apports des articles de Marie-France Malonga et Dominique Baudis qui peuvent se révéler très enrichissants pour nourrir le débat.
Il est intéressant de constater les différences d'approche de la question de la représentation et de la reconnaissance des minorités et des « invisibles » dans les médias entre Olivier Voirol et Serge Proulx et Danielle Belanger. Bien que tous chercheurs en sociologie de la communication et des médias, leurs regards et approches divergent parfois.
L'émergence des médias de communication et leur déploiement ont introduit de nouveaux modes de relations aux autres et à soi-même. Il y a ici l'idée d'une prise de conscience de soi « nourrie par de multiples formes symboliques médiatisées ». Les individus mis à l'écart de la représentation médiatique sont ainsi « condamnés à l'invisibilité » et leur existence dans l'espace public leur est déniée.
[...] S'exerce alors sur la construction de la visibilité médiatique un autre rapport de force qui vient s'ajouter aux rapports de forces insufflés par le travail journalistique, les routines organisationnelles et les enjeux économiques et politiques : celui des luttes pour la visibilité. Alors que Serge Proulx et Danielle Belanger n'abordent dans leur étude que les rapports de forces économiques et politiques, Olivier Voirol s'attache à décrire les luttes des invisibles. Marie-France Malonga aborde elle aussi ce sujet en faisant référence aux mouvements assez récents de luttes pour la représentation médiatique des minorités en France. Ainsi, le collectif Egalité créé en 1998 dénonçait l'absence de personnes d'ascendance africaine à la télévision française et proposait l'introduction de quotas. [...]
[...] Par ce processus, toutes les apparences jugées comme insignifiantes sont hors visibilité médiatique, condamnées à l'invisibilité L'ordre du visible et les produits symboliques formatés qui en découlent auxquels fait référence Olivier Voirol sont également influencés par l'organisation des relations de travail dans l'institution médiatique qui elle aussi, un impact certain sur le type d'information produite qu'il s'agisse de la division du travail, des relations entre professionnels ou des critères économiques guidant certains choix. Enfin l'ordre du visible répond également à des rapports de force guidés par des enjeux économiques et politiques. Ainsi, à titre d'exemple, les accords conclus entre le CSA et les chaines privées (TF1, M6, Canal+) pour promouvoir les valeurs d'intégration et la diversité à l'antenne entrent dans cette catégorie. [...]
[...] La représentation de la diversité est, d'après Dominique Baudis, au cœur des préoccupations du CSA Par ailleurs, les premiers mouvements de revendication pour la représentation de la diversité à la télévision comme le Collectif Egalité, créés en 1998 par Calyxthe Beyala, demandaient l'introduction de quotas dans les programmations des télédiffuseurs français. La question de la représentation est au cœur des discussions en France. Au Canada, comme l'expliquent Serge Proulx et Danielle Belanger, ce débat a été dépassé. Il ne s'agit non plus de représenter mais de bien représenter. [...]
[...] Il y a là une nouvelle forme d'invisibilité. Et quand ils y accèdent c'est davantage à travers la voix des journalistes que la leur Ils se conforment donc aux exigences des journalistes et ajustent leurs discours. C'est ici qu'intervient dans la thèse d'Olivier Voirol la notion de reconnaissance. Les acteurs ne sont pas à la recherche d'une représentation de leurs intérêts et leur personne dont ils ne maitrisent pas l'image, ils sont à la recherche de reconnaissance sociale condition de leur existence dans la société. [...]
[...] Comme Dominique Baudis, président du CSA de 2001 à 2007, l'affirme les médias audiovisuels sont les principaux outils de la représentation que la société se donne d'elle- même. Ils doivent donc être conformes à la réalité de notre société dans sa diversité Les enjeux de la représentation des minorités ethniques dans les médias et en particulier à la télévision sont multiples mais ils sont avant tout politiques et économiques. Cette idée est reprise par plusieurs auteurs dont Serge Proulx et Danielle Belanger qui ont réalisé une étude qualitative assez approfondie sur la question dans la région de Montréal au Québec en interrogeant des groupes de Québécois francophones et plusieurs groupes rassemblés en communautés culturelles (arabophone, créole, hispanophone, portugaise et vietnamienne). [...]
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