Comment, à travers l'utilisation de l'aplat, la pratique picturale oscille-t-elle entre simple technicité et création d'un univers ?

Thèmes abordés

Art graphique, art, art visuel, pratique picturale, peinture, technicité, technique de l'aplat, Pierre Curie, Léa Morichon, Enluminure, Paul Sérusier, Edouard Vuillard, André Lhote, Piet Mondrian, Sonia Delaunay, Denis Frémond, David Hockney, céramique, vitrail, couleur princpale, processus de création, association des couleurs, histoire de l'aplat, Moyen-âge, art roman

Résumé du document

"En peinture, imprimerie et arts graphiques, un aplat ou à-plat désigne une surface de couleur uniforme, qui ne varie ni en luminosité, ni en pureté". Voici la définition de l'aplat que donne le livre Peinture et dessin. Vocabulaire typologique et technique de Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie. Cette expression d' « aplat » peut servir, en art, à traiter d'une technique picturale ou une manière de poser la couleur. D'aucuns pensent que son origine remonte à l'Antiquité grecque, notamment par sa présence sur la céramique dite « à figures rouges ». L'aplat est aussi fréquemment relié au monde de l'imprimerie, du vitrail, de l'émail cloisonné et autres arts visuels. Néanmoins, dans l'exercice de la peinture, on parle d'aplat principalement lors de la création de zones comprenant une couleur principale. Ces dernières sont souvent nettement délimitées, parfois cernées d'un contour. En ce qui concerne le processus de création, les méthodes varient peu.

Extraits

[...] On le réduit ainsi à sa forme la plus simple, aux lignes principales, à l'expression la plus dépouillée.9 Un des exemples les plus clivant est la tableau d'Édouard Vuillard intitulé Autoportrait octogonal datant de 1890. La notion de distance joue un roule extrêmement important dans l'appréhension de cette toile. En effet, une proximité trop accrue avec celle-ci nous fait basculer dans un univers presque abstrait, reflet d'une composition faite de zones de couleurs. A l'inverse, l'action d'éloignement va 8 Edouard Vuillard, Autoportrait octogonal huile sur carton x 28 cm permettre une compréhension toute autre du sujet ; le visage du peintre apparait. [...]

[...] Voir illustration p.14 Enfin, dans l'usage qui est fait de l'aplat, de la matière joue un rôle extrêmement important. Cette dernière peut être, en effet, traitée de manière variable. La plupart du temps, la peinture est appliquée de façon extrêmement lisse fortement diluée avec de l'eau pour accéder à une forme de précision pour assurer une assise chromatique, puis redoublée par d'autres couches pour ajouter de la profondeur et une forme de netteté Emile Bernard, Le pont de fer à Asnières, Manifeste du cloisonnisme Parfois elle peut être déposée en touche. [...]

[...] Le groupe se forme en 1888, avec comme membres principaux Paul Sérusier, Pierre Bonnard, Maurice Denis, Ker-Xavier Roussel, Paul-Élie Ranson, Édouard Vuillard. Les enjeux techniques fondateurs de ce mouvements sont, entre autres, l'importance accordée à l'aplat, aux formes épurées, aux couleurs, aux contours. Cet 5 Paul Sérusier, Le Talisman huile sur bois. esprit est traduit avec justesse et rigueur par la phrase de Maurice Denis : « un tableau [ . ] est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées [6]». [...]

[...] Récemment, de nombreux plasticiens ont repris cette combinaison dans leurs créations. La peinture de Denis Frémond représente avec justesse ceci. Décor pour le Roi Lear, représente un paysage marin, bordé d'architectures, réalisé dans des teintes de bleu et de blanc, mêlant à la perfection zones d'aplats et de détails dans un flou presque abstrait. Camille, « Le couple Delaunay et les rythmes de la peinture », Rythme, etc. VARLIN Hippolyte, « Tamara de Lempicka, soit l'entrée fulgurante d'une femme dans son siècle », Mediapart juillet 2018. [...]

[...] Ainsi, les questionnements quant à cette pratique sont nombreux Léa Morichon, Saint-Barthélémy acrylique Ils peuvent être aussi bien d'ordres matériels que techniques et avoir une grande influence sur le processus de création et la réception du spectateur. C'est pourquoi l'enjeu principal de ce mémoire va être de démontrer comment, à travers l'utilisation de l'aplat, la pratique picturale oscille entre simple technicité et création d'un univers. Dans un premier temps, il sera intéressant de revenir sur l'histoire de l'aplat dans l'art à travers les âges, d'appréhender la limite entre abstraction et figuration, d'interroger des enjeux techniques et matériels. [...]