Summertime, Edward Hopper, 1943, soleil, été, Jane, Dane
Sous le soleil ardent de l'été d'août 43, Jane Davis était plantée là, tel un arbre, droit et impassible, au beau milieu de cet escalier qui fraye un passage entre le trottoir et la grande propriété des Davis.
Cette grande maison blanche avait été achetée par la famille Davis en 1880 pour être retapée dans les années 20, bien avant que la crise boursière de Wallstreet ne frappe le pays et ses habitants.
[...] Tant sur les choix futiles que les choix importants. Elle se pose souvent la question de savoir pourquoi plusieurs chemins s'ouvrent à nous tandis que nous ne pouvons n'en emprunter qu'un seul. Elle déteste avoir à délibérer, à peser le pour et le contre, car cela revient à l'incertitude. Pourquoi ne pas choisir l'égalité plutôt ? L'inégalité a toujours été un problème qui lui tient à cœur. Quand la crise de 1929 avait éclaté à New York, elle voyait pour la première fois à quel point le niveau de vie variait d'une famille à l'autre. [...]
[...] Jane, bien qu'elle soit déterminée, se laisse trop souvent marcher sur les pieds et délaisse son bien-être pour que les autres soient bien. La vie est parfois si injuste Mais aujourd'hui est un jour important pour elle, car c'est aujourd'hui que se joue son avenir. Impassible à première vue, Jane n'a jamais été aussi indécise de sa vie et au plus profond de son être, c'est une bataille infernale qu'elle livre avec elle-même. Elle a peur qu'il n'accepte pas sa décision et qu'il soit entêté, comme la dernière fois. [...]
[...] Ce paysage-ci est différent de ce qu'elle avait connu dans son enfance. Cette installation en masse des entreprises, tout ce changement, l'amenait à se poser des questions sur son avenir constamment, la poussait à voir le monde différemment. La jeune femme avait vécu dans les préjugés que la société américaine portait sur les femmes quant à leur infériorité aux hommes. Elle avait toujours vu sa mère se plier sous les ordres de son père, ne jamais le contre dire. Sa mère était une bonne femme au foyer comme la plupart des femmes de l'époque. [...]
[...] Toutefois, jamais encore une maison n'avait été autant à l'image de sa propriétaire. Jane est une belle femme, c'est peut-être pour cela qu'il l'a choisi. Ella a soigneusement peigné ses cheveux roux et a veillé à prendre le shampoing à la cerise, celui qu'il aime tant. Ils tombent en cascade sur ses épaules et brillent sous les reflets du soleil. Elle a également pris soin de mettre un chapeau de paille muni d'un ruban vert pour ne pas exposer ses beaux yeux bleus à l'intensité aveuglante de la lumière. [...]
[...] Mais au mieux, elle s'en remettrait. Du moins, c'est ce qu'elle espère. Et tandis qu'elle entend au loin le bruit incessant des klaxons et le brouhaha des passants, elle se demande si tout compte fait elle parviendrait à mener une vie de famille tout en ayant une carrière professionnelle. Mais Dan était un homme dont les valeurs étaient fondées sur celles de la société d'antan. Lui non plus ne croyait pas à la possibilité qu'une femme puisse être égale à l'homme. [...]
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