Sciences humaines et arts, Portrait du comte Saint-Genois d'Anneaucourt, Christian Schad, 1927, ambiguïté du féminin, commentaire de tableau, art contemporain, combat visuel, société des années 20, mouvement Nouvelle Objectivité, peinture figurative, Baronne Glaser, Centre Pompidou, Musée National d'Art Moderne
Le Portrait du comte St-Genois d'Anneaucourt est une œuvre de Christian Schad (1894-1982) de 1927. Il s'agit d'une huile sur bois de 103x80,5 cm (sans cadre) conservée au Centre Pompidou, Musée National d'Art Moderne. Le sujet principal de l'œuvre est le comte, qui se trouve au premier plan. Ce dernier est accompagné de la Baronne Glaser et d'un travesti de l'Eldorado. Les trois personnages ont une existence attestée, ils vivaient à Vienne dans les années 1920. Durant ces années-là, Schad s'inspire de tels personnages mondains dans ses tableaux. C'est à partir de cette époque que Schad collabore au mouvement de la "Nouvelle Objectivité". L'année 1927 est celle de son retour en Allemagne après un voyage à Rome.
Enrichi par ses voyages et par les nouvelles connaissances qu'il fait à son retour en Allemagne, Schad s'attache désormais à élaborer une peinture figurative et sans concessions envers ses contemporains. Comment Schad propose-t-il, dans ce tableau, une vision réaliste des transformations de la société des années 1920 ? Tout d'abord, nous verrons qu'il y a une recherche de la transparence sur la société des années 1920, liée à l'appartenance de Schad à la "Nouvelle Objectivité". Puis, nous observerons la présence d'ambiguïtés, se reportant essentiellement à la question du féminin. Enfin, nous analyserons les différentes formes de subversions dans le tableau.
[...] Le combat visuel des deux personnages semble être souligné par la représentation d'un ciel témoin de ce combat, en portant même des traces concrètes. L'association du combat des deux personnages à un combat militaire renforce l'idée de violence dans leur affrontement. Une violence qui peut être un argument de plus afin de soutenir l'idée de l'ambiguïté sur le féminin car on pourrait considérer que la démonstration de force s'apparente au masculin. Ce combat est aussi visible dans la structure du tableau. [...]
[...] Enfin, nous analyserons les différentes formes de subversions dans le tableau. I : Une transparence sur la société des années 1920 liée à la « Nouvelle Objectivité » A : Le mouvement de la « Nouvelle Objectivité » Christian Schad est un artiste aux influences multiples. En effet, les premiers tableaux de Schad sont expressionnistes. Par ailleurs, il est admiratif de Raphaël. D'autre part, il entretient des liens avec certains dadaïstes comme Tristan Tzara. Il fut dadaïste avant d'appartenir à la « Nouvelle Objectivité ». [...]
[...] Nous allons d'abord la montrer dans sa forme. En effet, les deux personnages féminins sont représentés quasiment nus, ce qui est une transgression des codes de la peinture traditionnelle. Cette transgression s'inscrit dans le cadre de la « Nouvelle Objectivité » et permet au peintre de représenter une nouvelle fois l'érotisme présent dans nombre de ses tableaux.De plus, les trois figures du tableau sont des personnes réelles. Le Comte et la Baronne, tout comme le travesti, sont berlinois. Les deux premiers se sont exilés à Vienne. [...]
[...] Paris était à cette époque un modèle mondial sur le plan de la culture. Schad l'avait découverte en 1925. C'était une ville cosmopolite qui reflétait les évolutions culturelles et morales de l'époque. Montmartre en particulier était un centre majeur de lieu de rencontre des intellectuels et artistes du monde entier, d'où le choix de cette ville pour la représentation des bâtiments à l'arrière plan. C'est une évocation physique et symbolique de ce quartier emblématique. Le choix de Montmartre a un rôle dans la recherche de la transparence puisqu'elle annonce un contexte global de libération de l'esprit et des mœurs qui va être évoqué. [...]
[...] C'est pourquoi la transparence est un thème central commun aux différentes composantes du mouvement. Le ménage à trois que l'on peut voir dans le tableau est un exemple de thème récurrent de la « Nouvelle Objectivité ». Schad se tourne vers un savant mélange de réalisme, qu'il emprunte à sa formation à l'École des Beaux-Arts à Munich en 1913, et de subversivité. Dans l'œuvre qui nous concerne, le réalisme se distingue dans la représentation figurative des personnages. La subversivité se remarque dès le premier regard. [...]
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