Pour ce qui est de la dimension politique de la musique, Jean-Marie Donegani lance dans l'éditorial d'une revue spécialisée : « La musique relève de la politique en ce qu'elle est supposée dotée d'un pouvoir, de faire croire ou de faire faire ». Il en émane une « prise en compte de la fonction politique de la musique ». Cette dernière est explicitée au moyen de ce syllogisme avancé par François Nicola : est considéré comme politique ce qui a du pouvoir, « en particulier sur le lien social ». La musique a des pouvoirs. Elle est donc politique.
Mais la dimension collective des pouvoirs de la musique esquisse l'horizon de dérives adémocratiques. Platon avait déjà pris conscience de ces éventualités. Il « parle de maîtriser la musique, de veiller à ce qu'elle serve très exactement les fins politiques qui lui sont assignées ». « La capacité de mobilisation des masses par la musique […] est sans comparaison ». Elle est, et a été, utilisée de façon récurrente par les mouvements politiques et les Etats, sans distinctions idéologiques. L'adage « si tu veux contrôler le peuple, commence par contrôler sa musique » n'est pas resté lettre morte. Il y a donc un risque conséquent d'appropriation de la musique par la politique, dont la propension augmente à mesure que l'on s'éloigne de la démocratie. Ce sont par conséquent les régimes totalitaires qui sont le plus prédisposés à usurper ces pouvoirs. On sait que « le régime nazi se présente […] comme un régime totalitaire modèle. » Ainsi, il est intéressant de se pencher sur la manière dont le régime nazi s'est approprié la musique. On peut découper l'analyse en trois parties : tous d'abord en Allemagne, puis dans les camps de concentration et enfin dans un pays conquis, la France
[...] La musique rythmait la vie des camps. L'orchestre jouait pour annoncer le départ des kommandos, leur retour Elle avait une fonction presque cérémoniale. Même les exécutions se faisaient en musique.[31] Lors de l'opération fête des moissons l'Aktion Erntefest le 3 novembre 1943, dix huit milles Juifs survivants de Maïdanek et des camps de travail de Trawniki et de Poniatowa furent exécuter pendant que les haut-parleurs diffusaient de la musique dans le camp Ce sadisme était parfois poussé encore plus loin. [...]
[...] Coadou distingue donc deux types de musiques qui correspondent à cette catégorie. Les musiques qui ne correspondent pas à la vision du monde selon les nazis sont toutes les musiques non allemandes Le régime ne peut pas autoriser des musiques composées par des juifs, des noirs, ou tout autre musicien de race inférieure en somme. Il en est de même pour les musiques ne correspondant pas à la vision de la musique que se fait le régime nazi. Pour ce dernier, la musique doit être malléable à souhait,[11] et par conséquent, toute musique qui ne peut être manipulée à des fins propagandistes est considérée comme dégénérée. [...]
[...] COADOU, LE CONCERT DE PHILO : 5 exercices en introduction à une philosophie de la musique, EXERCICE La musique dégénérée : une catégorie esthétique ? http://www.musicologie.org/publirem/coadou_02d.html PLATON, Extrait du poème La musique F. COADOU, id. note : Ma principale source d'information en ce qui concerne la musique dégénéré, son utilisation à des fins de propagandes et son esthétisation est ce même article de F. COADOU. D'après les mots de l'auteur, on ne trouve, en musique, aucun livre consacré à la catégorie de dégénérescence ; on ne trouve aucun livre consacré à la musique nazie ou consacré à la vision nazie de la musique non : aucun livre : rien. [...]
[...] Il a inventé l'esthétisation de la politique. L'esthétisation de la politique : ça signifie que le système politique, le système totalitaire, entretient les émotions de la population il les suscite même Dans ce cas de figure, c'est l'esthétique qui se mêle de l'idéologique. Il y a deux types de musique utilisées et utilisables. La première peut être qualifiée de légère de divertissante Elle éloigne du sérieux de la vraie vie. La musique de divertissement nous éloigne de la réalité de la vérité. [...]
[...] Une histoire politique, Gallimard, 1999), à l'Ircam (Paris), le 20 mai 2000. PLATON, République Primo LEVI, Si c'est un homme Pocket, 11/1988 Raisons politiques n°14 sur le thème Musique et politique Presses de Sciences Po ; Paris mai 2004. Simon LAKS Mélodies d'Auschwitz préface de Pierre Vidal-Naquet, Judaïsmes, Editions du Cerf Simon LAKS, Mémoires d'un autre monde : Ce livre est cité par Alain Lambert dans Première suite sur La haine de la musique de Pascal Quignard en continuant de relire Rousseau, Mars 2005. [...]
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