L'essor de la technologie numérique, la duplication des œuvres pour un coût minime et une qualité quasiment identique, et le partage à l'échelle mondiale des fichiers grâce à Internet ont permis à un piratage massif des œuvres de voir le jour. Cette situation nouvelle constitue un défi pour les acteurs de l'industrie culturelle qui voit avec la chute des ventes de disques son chiffre d'affaires baisser année après année. La mise en cause à la fois des nouvelles technologies de l'information et de la communication mais aussi du comportement des internautes attirés par la gratuité des contenus qu'ils peuvent trouver sur les plates formes de peer-to-peer est légitime. Mais il est indispensable d'aller au-delà d'un discours manichéen qui opposerait la tendance conservatrice des Majors face à l'internaute ultralibertaire. Le modèle de la filière n'est pas seulement en crise mais en pleine mutation. Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins. De nouveaux modèles économiques se dessinent qui auront des répercussions naturellement sur les acteurs de la filière mais aussi sur la création et la manière de consommer le bien musical.
La restructuration de l'industrie du disque est inéluctable. Les nouvelles technologies peuvent être sources d'opportunités. Les nouveaux modèles économiques sont à inventer dans le respect d'un équilibre sous-jacent entre création et diversité, mais aussi entre rencontre d'une offre et d'une demande propre à la loi du marché qui sous-tend tout modèle économique moderne.
[...] Dans les faits, les initiatives du label Abeille dans la musique classique[89] sont un exemple de cette utilisation des fonds de catalogue. Les derniers chiffres de la SNEP sur 2007 ne montrent pas pour l'instant une tendance nette à la déconcentration des ventes. Même si on constate une baisse de la part de marché du Top 200, les Top 10 et 20 ont plutôt tendance à concentrer encore d'avantage de ventes. Tableau 14 : Evolution des meilleurs ventes d'albums 3 Diversification de l'activité L'un des derniers axes de la réaction des labels concerne l'évolution de leur périmètre. [...]
[...] A la fin 2001, la France ne compte que 600 000[63] abonnés Internet qui sont connectés au haut débit. Par ailleurs, au début des années 2000, les Majors sont réticentes à proposer des contenus en ligne. Ce sont les heures de gloire des sites Napster.com et Kazaa.com qui avec leur développement exponentiel marquent l'essor du piratage sur les réseaux de peer-to-peer. Les maisons de disques pensent alors que la mise en ligne de leur catalogue pourrait favoriser le piratage[64]. Aujourd'hui l'environnement technologique a changé substantiellement. [...]
[...] Si le phénomène est avant tout économique, avec des enjeux financiers considérables pour la filière de la musique enregistrée, il ne peut se limiter à cela. En bouleversant les fondamentaux économiques de cette industrie, il remet en cause tout le modèle de la filière de la musique enregistrée, son organisation et son fonctionnement. Que ce soient les artistes, les producteurs, les éditeurs, les distributeurs, les détaillants, tous sont affectés par cette crise à des degrés différents. Avec la fin du modèle qui prévalait à l'ère pré-numérique, on assiste à une large redistribution des cartes. [...]
[...] Il se retrouve alors projeté sur le devant de la scène et apparaît dans de nombreuses émissions de télévision. Cette visibilité et la promotion dont il a bénéficié auraient coûté des centaines de milliers d'euros (et n'aurait peut être pas connu le même écho à la maison de disques avec qui il a par la suite signé, Sony BMG. Cet exemple illustre la puissance des outils communautaires qui offrent aux artistes un fabuleux outil de promotion et remettent en cause la domination des Majors dans ce domaine. [...]
[...] Il s'agit donc pour les maisons de disques de parier sur les futurs artistes à succès et de limiter les dépenses relatives aux artistes qui ne rencontreront pas leur public. La stratégie des Majors vise donc à limiter les coûts fixes échoués liés à la production d'un artiste ou d'un groupe qui peinent à décoller et à se concentrer sur un petit nombre d'artistes dont elles vont faire une promotion très importante et très coûteuse afin de toucher un large public. [...]
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