Notre environnement médiatique, ainsi que bon nombre des représentants du hip hop, décrivent sans cesse le hip hop en termes de "culture". A l'heure actuelle, la situation est telle que parler de "culture hip hop" semble naturel. La désignation du hip hop en tant que culture, paraît constituer désormais un lieu commun. Cependant, les moments où sont précisés le cadre d'utilisation de ce terme pour définir cette mouvance artistique sont trop rares. Cela m'amène à me demander de quelle type de culture il est question. S'agit-il de culture au sens cognitif ? Le hip hop dépasse-t-il le statut de mouvement artistique ? Comporte-t-il des composantes idéologiques ? Pour ma part, il me semble alors intéressant de se poser des questions sur la nature du hip hop en se situant dans un axe anthropologique et sociologique. Pour tenter d'y répondre, je ferai l'hypothèse que le hip hop possède une culture, c'est à dire pour résumer, un système de normes et d'attitudes. Ainsi dans un premier temps, je tenterai de les mettre au jour par l'analyse d'observations comparatives. Puis dans un deuxième temps, je m'attacherai à rendre compte de leur importance dans la détermination des faits produits par les membres du mouvement hip hop.
Cependant, au préalable, il me faudra examiner ce que recouvre la notion de culture, afin de délimiter le champ de ma recherche. Puis ensuite, dans le but d'appréhender la nature profonde du hip hop, je me pencherai sur ses origines sociales, ethniques, ses influences artistiques et ses contextes d'émergence. Ceci étant dit, je ne pourrai pas faire auparavant l'économie d'un chapitre, consacré aux démarches employées pour générer et exploiter les données qui serviront mon questionnement. En outre, il sera question de dévoiler les limites de l'interprétation, face aux faits observés dans la réalité. En effet, dans mon travail il s'agira plus d'illustrations de représentations sociologiques que de démonstrations.
[...] Un groupe du Mouvement ne peut pas être raciste sinon c'est pas un groupe Certains noms de groupe comme Black Blanc et Beur sont évocateurs en la matière ; ainsi que les chansons comme celles du groupe IAM : Red, Black, Green La composition ethnique des groupes affiche une diversité "exemplaire". Les illustrations pullulent. Cette façon de voir les choses se retrouve dans la construction même des musiques (utilisation de samples tirés de musiques de différents pays et mélangés), des chorégraphies (apport de la gestuelle de chacun en fonction de ses origines), des textes (utilisation de mots d'origine linguistique différente). La différence apparaît comme une notion positive, entrevue comme source d'originalité, de richesse pour le mouvement. [...]
[...] Je me suis efforcé de paraître comme quelqu'un devant qui on peut s'exprimer sans risquer une appréciation négative. Pour mettre en confiance, je tiens compte du fait que plus les gens pensent qu'on est bien informé sur un sujet et moins ils seront à même de dire spontanément leur opinion sur un fait. En tant qu'enquêteur je ne dois pas dans mon cas, manifester de compétences, je dois laisser les sujets s'exprimer librement, dire ce qu'ils ont dans l'esprit, sans chercher à corriger, même si cela semble absurde. [...]
[...] Au moins en ce qui concerne la musique Hip Hop rien ne vous empêche d'enregistrer un album dans votre cave, dans des conditions rudimentaires Avec la méthode de l'échantillonnage, le besoin de posséder des instruments s'avère désormais nul, d'où un gain financier considérable. Cela a donc concédé aux jeunes des banlieues la possibilité d'accéder à une production musicale très économique. La création de musique des D.J.'s à partir de disques vinyls a eu le même avantage. Ce mode de production artistique est donc adapté à des artistes peu fortunés. [...]
[...] Ainsi ma présence sur les lieux ne semblait pas suspecte. Au début de mes observations, mon "passeport d'entrée" se constituait sur la base de quelques relations que j'avais avec des danseurs très respectés du fait de leur haut niveau de maîtrise de la danse hip hop. Ces derniers jouaient ce rôle sans en avoir conscience car ils ignoraient que j'étais en phase d'observation. Lorsque certains se posaient la question de savoir qui j'étais, les réponses données m'attribuaient le statut de hip hopper qui vient se ressourcer chez les maîtres. [...]
[...] On pourrait parler de système de sens et d'exégèse. Seulement, comme le souligne C. Camilleri, pour que les unités de sens partagées par les membres d'un même groupe accèdent à la qualification de culturelles il faudrait qu'elles persistent suffisamment, à la fois dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire qu'elles durent. Alors, ces significations, cette fois-ci culturelles, seront tenues pour des valeurs par les sociétés ou les groupements concernés. Enfin, elles devront répondre au critère de la transmission intergénérationnelle ; toute société valorisant ce principe d'union et de reproduction d'elle-même. [...]
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