Dans cette étude, nous proposons d'étudier et de comprendre la technique ou la méthode de Germaine Acogny. Afin de mieux expliquer sa démarche plusieurs modèles théoriques seront utilisés. Nous rappellerons, sur une courte période de 1965 à 1975, le contexte historique et artiste dans lequel GA, en 1968, crée la première école de danse africaine du Sénégal. Nous
verrons comment sa formation de professeur d'éducation physique (option danse) la conduit à la danse et l'influence sur sa méthode de travail. Nous procéderons ensuite à l'analyse du mouvement dansé et à une approche phénoménologique pour comprendre la poétique du corps en jeu dans le travail de GA. Nous utiliserons indifféremment, selon les besoins de notre propos, le modèle d'analyse kinesthésique d'Hubert Godard ou d'Odile Rouquet, le regard de phénoménologue de Michel Bernard et celui du philosophe Michel Foucault. Une approche socio-anthropologique nous permettra de comprendre, d'une part, l'importance du langage et de la relation professeur/élève dans l'enseignement de GA, et d'autre part, la notion d'identité. Il nous semble également nécessaire d'avoir un modèle esthétique. Il nous permettra de mieux saisir les jeux d'influences esthétiques et culturelles qui rendent cette technique hybride et
spécifique, notamment l'influence de certaines danses traditionnelles de la sous-région (particulièrement du Sénégal et du Bénin) dans l'élaboration de cette technique de danse, mais aussi dans sa transmission. Notre travail d'analyse se divisera en trois parties.
[...] GA, en parlant de mouvements des jambes ou des fesses et des bras dans certaines danses, renvoie à des mouvements spécifiques et reconnaissables qui sont à la base de ces danses. Nous allons donc examiner la notion de geste et de mouvement de base ou fondateur. Geste fondateur et du mouvement de base Comme Laban3, nous pensons que le mouvement est un acte symbolique, autrement dit, qu'il a un symbolisme qui lui est propre. Il est porteur de son propre sens, non pas en tant que figure, mais en tant qu'action. [...]
[...] Toutefois, GA, l'exécute avec oscillation régulière de l'axe central et en harmonie avec la marche. Durant cette oscillation le bassin bascule vers l'arrière, en rétroversion, alors que le torse lui va vers l'avant, le buste étant en extension l'instant d'un temps (musical). La tête dodeline en rythme de bas en haut, alors que les bras vont effectuer divers gestes en fonction de la volonté de la danseuse. Cette marche est simple et exécutée sur deux temps, elle est parfois accompagnée de sauts, de pas chassés, glissés ou même pivotés. [...]
[...] Le musicien, dans le solo de GA, maîtrise les deux instruments à la perfection. La pureté de ses sons (un signe de la maîtrise technique du musicien) est parfaite, son délié et son aisance fluides et limpides. Il passe d'un instrument à l'autre avec une facilité déconcertante, ne perdant jamais une note, et toujours en harmonie avec la danseuse. La précision de son jeu, la richesse des sons, sa virtuosité et sa technique de la baguette et des mains sont remarquables. [...]
[...] Malgré plusieurs portraits et interviews accordées au journal Libération et au magazine Danser, plusieurs interventions télévisées dont la dernière avec Bernard Pivot à Double Je sur France le travail de GA reste généralement mal connu en France. Egérie de la danse africaine d'expression moderne, GA n'appartient pas au mainstream, c'est à dire au courant dominant de la danse française à l'instar de la danse classique avec l'Opéra de Paris et de la danse contemporaine à travers les centres chorégraphiques nationaux. [...]
[...] Il y a chez GA une réelle affection pour les danseurs. Il est cependant vrai que certaines âmes sensibles peuvent être offusquées par cette apparente rudesse chez elle. La plupart des danseurs africains formés par GA ont avec elle une relation affective très forte. Au Sénégal, il est fréquent d'appeler une personne âgée tonton ou tata pour marquer son respect, il est tout de même plus rare de les appeler père ou mère GA est naturellement appelée mère ou maman Germaine par ses élèves en formation à l'Ecole des sables. [...]
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