Dans cette idée, la musique contemporaine « sérieuse » en France représente un monde à part, bien souvent hermétique, qui ne concerne qu'un public d'initiés. Pour Benoît Duteurtre, la musique contemporaine « sérieuse » est « une certaine musique contemporaine, qui s'est souvent présentée comme la seule voie authentique de création, avec ignorance ou mépris pour tout ce qui ne lui ressemble pas ». Le meilleur exemple de ce courant musical, qui n'est au fond qu'un courant aujourd'hui parmi tant d'autres, est incarné par l'œuvre de Pierre Boulez, dont on peut raisonnablement dire qu'il a représenté, dans son lien avec les grandes institutions musicales françaises, la « modernité officielle » de cette musique contemporaine sérieuse.
Quelles grandes figures représentent cette musique aujourd'hui, à travers quelles institutions ? Quels sont ses publics et quel est son poids dans la vie musicale française ? En un mot peut-on vraiment la réduire à « l'académisme desséché » dont parle Benoît Duteurtre dans Requiem pour une Avant-garde ? Nous essaierons de nuancer cette idée en démontrant que cette musique est en évolution aujourd'hui et qu'elle semble vouloir sortir du carcan institutionnel où elle s'était réfugiée des années cinquante aux années quatre-vingt...
[...] Il multiplie de nombreuses fonctions, devenant omniprésent dans la vie musicale française : directeur de l'Ircam, président de l'EIC, vice-président de l'Opéra Bastille, Conseiller spécial de l'orchestre national de France, conseiller musical de la Sept, membre du Comité d'Orientation de la Cité de la Musique, professeur au Collège de France etc. Sa musique, très théorisée, souvent déroutante, est acclamée par les critiques internationales. Il faut comprendre le contexte de cette musique contemporaine sérieuse pour mieux appréhender les motivations de ses acteurs. [...]
[...] En effet on peut dire que la musique électroacoustique s'est développée en France grâce aux travaux de l'Ircam. Les recherches de ce centre sont souvent devenues des références, diffusées ensuite dans les autres lieux de création et d'apprentissage. Le fait qu'il existe maintenant dans les conservatoires des classes de Musique assistée par Ordinateur (MAO) illustre cette idée. La Cité de la Musique est à l'origine un projet de Boulez, qui souhaitait en faire un Beaubourg de la musique Le projet qu'il défendait n'a pas été complètement réalisé, mais la Cité de la Musique, qui se situe à la Villette à Paris, joue un rôle très important dans la vie musicale contemporaine. [...]
[...] Depuis 20 ans, de nouvelles musiques sont apparues : musique consonante et pulsée musiques spectrales, musiques électroniques Le développement de techniques et de machines nouvelles, II) Institutions et politique Quels sont les lieux de cette musique contemporaine sérieuse en France ? A quelles institutions est-elle rattachée ? Les institutions les plus importantes aujourd'hui sont liées à Pierre Boulez. Il s'agit de l'Ensemble InterContemporain, de l'Ircam, mais aussi de la Cité de la Musique, de l'Opéra Bastille et du Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM). Il s'agit d'institutions publiques, rattachés à l'Etat et dépendant directement du Ministère de la Culture, ce qui est une exception française. [...]
[...] Toutefois cette musique ne peut être réduite à ce seul courant et nous assistons depuis plus de vingt ans à un essor et à une plus grande diversité des créations contemporaines, des publics et des lieux d'apprentissage et de représentation. Le caractère sérieux de la musique contemporaine est à relativiser désormais. On se rend bien compte en assistant à des concerts ou à des créations que les enjeux de cette musique aujourd'hui concernent moins une volonté d'aller dans le sens de l'Histoire que de découvrir de nouvelles formes d'étonnement, ce qui est, avouons-le, bien plus passionnant. [...]
[...] Les résultats sont caricaturaux, on peut en dégager trois caractéristiques principales. D'abord, ce public possède un très haut degré de familiarité avec la culture musicale savante (c'est un public initié qui va assister régulièrement, dans sa majorité plusieurs fois par mois, à des concerts de musique contemporaine). Ensuite, on peut remarquer qu'une forte majorité des auditeurs appartient aux classes supérieures. Enfin, que cette population détient un très fort capital scolaire et d'apprentissage musical (plus d'un tiers ont une formation musicale de plus de six ans). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture