Théorie des musiques audiotactiles et notation - Laurent Cugny (2016)

Thèmes abordés

Laurent Cugny, musique audiotactile, notation, Vincenzo Caporaletti, jazz, Musique, musicologie, Luigi Pareyson, codification néo-auratique, ethnologie, Georges Lewis

Résumé du document

Dans cet article, Laurent Cugny met en perspective la question de la notation en musique jazz avec la théorie des musiques audiotactiles, mise en point par le musicologue italien Vincenzo Caporaletti dans les années 1980. L'auteur avait déjà exploré ce thème dans Analyser le jazz (2009), où il exposait les positions émises par d'autres musicologues, auxquels il avait tenté de répondre par son propre argumentaire. Dans la première partie, Laurent Cugny rappelle le principal argument soulevé alors par la critique, concernant la difficulté à laquelle se heurte le solfège classique lorsqu'il s'agit de retranscrire des oeuvres enregistrées, comme c'est le cas pour les productions des jazzmen.

Extraits

[...] En effet, le processus créatif classique des musiciens donne tout d'abord lieu à une partition, puis à un enregistrement sur un disque. Dans le cas de la musique jazz, le support écrit peut parfois disparaître totalement pour céder le pas à un processus d'oralité dans lequel la mélodie, le rythme ou le processus de l'improvisation, circulent de performeur en performeur à un instant donné. L'article se poursuit par une présentation de la théorie des musiques audiotactiles de Caporaletti, en détaillant les concepts de formativité audiotactile ; de codification néo-auratique et d'extemporisation. [...]

[...] Théorie des musiques audiotactiles et notation - Laurent Cugny (2016) Dans cet article, Laurent Cugny met en perspective la question de la notation en musique jazz avec la théorie des musiques audiotactiles, mise en point par le musicologue italien Vincenzo Caporaletti dans les années 1980. L'auteur avait déjà exploré ce thème dans Analyser le jazz (2009), où il exposait les positions émises par d'autres musicologues, auxquels il avait tenté de répondre par son propre argumentaire. Dans la première partie, Laurent Cugny rappelle le principal argument soulevé alors par la critique, concernant la difficulté à laquelle se heurte le solfège classique lorsqu'il s'agit de retranscrire des œuvres enregistrées, comme c'est le cas pour les productions des jazzmen. [...]

[...] En tant que musique phonographique, il induit la fixation automatique des mélodies par le biais d'un enregistrement. Par conséquent, l'auteur plaide donc pour une ouverture du champ des recherches portant sur l'étude croisée des partitions et des enregistrements. Enfin, à partir des travaux d'autres chercheurs, Laurent Cugny s'interroge sur la nécessité d'étudier le jazz sous un angle ethnologique. En effet, l'auteur souligne qu'à partir des origines populaires du jazz, de nombreux chercheurs en ont déduit qu'il s'agissait d'une musique définissable uniquement par son processus, et non pas comme d'un produit fini. [...]

[...] Or, selon l'auteur, seule la « théorie des musiques audiotactiles » peut tenter de reconstituer le processus de production de la musique jazz. De son point de vue, il n'est alors plus question d'opposer systématiquement l'afroamericanisme et l'improvisation libre lorsque l'on étudie le jazz, mais il convient d'appréhender ces productions comme le résultat d'une procédure audiotactile. De plus, comme l'avance le musicologue, il est à présent possible d'utiliser les nouvelles technologies pour analyser une œuvre de jazz, qu'il s'agisse de l'étude de la rythmique, ou du solfège par le biais de l'informatique, ou de l'étude visuelle du son par le biais du numérique. [...]

[...] Puis, s'attelant à définir la codification néo-auratique, Laurent Cugny met en avant le rôle central de l'enregistrement dans l'élaboration des musiques audiotactiles, que celui-ci constitue un support d'apprentissage pour les musiciens, ou qu'il participe à l'acte de création de morceaux, instruments en main. Quant à l'extemporisation, elle semble propre à la musique jazz, modifiant un thème donné par le jeu de l'improvisation et de l'interprétation. Il s'agit ensuite pour l'auteur d'analyser les analogies présentes entre la musique audiotactile et l'oralité. [...]