La transcription pour piano est le plus souvent considérée comme un genre mineur, et sa part dans l'œuvre de Liszt n'échappe malheureusement pas à la règle.
Pourtant, la moitié de la production Lisztienne est composée de transcriptions, réminiscences, paraphrases, etc… et est par-là même presque ignorée.
Mais en préambule il convient de définir ces termes.
La transcription consiste à réécrire fidèlement une œuvre dans une autre instrumentation que l'original, celui-ci pouvant indifféremment être une œuvre du transcripteur ou d'un autre compositeur. Déjà, le fait de retranscrire fidèlement un œuvre n'est pas sans difficulté ni ambiguïté. En effet, comment être fidèle à une œuvre alors même qu'on la transforme? La réponse semble être évidente : conserver toutes les notes, toutes les harmonies, tels quels. Ainsi l'œuvre semble transcrite fidèlement.
Mais pourtant des problèmes, tant techniques qu'esthétiques se posent déjà : Comment les dix doigts d'un pianiste peuvent par exemple retranscrire la richesse de timbres, d'ambitus, de techniques propres à un orchestre? Que faire de la percussion, des cantilènes des cordes, des appels de cors, etc… que le piano, même s'il présente des qualités imitatrices importantes ne peut rendre. Et que faire quand l'orchestre explore les limites de l'ambitus ou des nuances?
Voilà pour les problèmes techniques. Pour rester dans l'exemple de l'œuvre symphonique transcrite pour piano, il se pose d'autres difficultés.
Que faire en effet des effets purement symphoniques, qui n'existent que du fait de l'instrumentation? On peut essayer de les rendre au mieux, comme Liszt qui remplace tenues de cordes et roulements de timbales par des trémolos - ces trémolos que Glenn Gould, lui aussi transcripteur pour piano qualifie des « plus grotesques épanchements de la tante Berthe sur le piano droit du salon ».
On peut aussi tenter de transcrire ce qu'aurait fait le compositeur s'il avait utilisé le nouvel instrument. Ainsi, Liszt encore qui, lorsqu'il transcrit les Lieder de Schubert pour piano seul enrobe le texte original d'effets pianistiques qui servent à exprimer, avec les moyens du piano ce qu'un chanteur pourrait rendre, par ce qu'il chante (le texte proprement dit) et comment il le chante.
La paraphrase, ou réminiscence, même si elle relève d'un genre proche est un procédé relativement différent et lui profondément Lisztien. En effet, il s'agit de non pas transcrire la musique dans son intégralité, mais de se servir d'un matériau musical pour en faire une œuvre totalement nouvelle, bien que fortement imprégnée de l'œuvre inspiratrice.
Les « Réminiscences de Don Giovanni » sont bien évidemment de cette catégorie, et nous nous attacherons ultérieurement à l'étude des rapports entre l'original et sa « copie non conforme ».
[...] Don Giovanni est dans l'opéra un personnage exclusivement intéressé par l'acte de séduction. Sitôt arrivé à ses fins, il se désintéresse de la femme séduite, la fait noter dans son catalogue par son valet et cherche une autre femme à courtiser. Rien ni personne ne doit lui résister : jeunes femmes encore naïves, femmes déjà mariées ou fiancées, y compris le jour de leurs noces (ce qu'il fait dans l'opéra). Sur les deux jours de l'action, il est question directement de trois femmes et Leporello exhibe à Elvire l'impressionnant catalogue des deux mille soixante victimes du séducteur, dont les fameuses mille et tre en Espagne. [...]
[...] 32) dont Liszt a même proposé qu'on en ampute une partie. Cette victoire se heurte pourtant à un andante basé sur des triolets scandés, sur lequel est scandé l'air du cimetière : malgré tout, il n'échappera pas à la damnation. Apres ce dernier rappel, l'œuvre finit sur une cadence positive et affirmée. Il est intéressant de noter que l'andante a été dans les deux versions noté facultatif. On peut donc se dispenser du dernier appel de la mort et donc finir sur une vue positive Analyse La réminiscence est elle un acte gratuit? [...]
[...] L'atmosphère de cette partie est très surnaturelle : les omniprésentes montées et descentes chromatiques suggèrent l'ouverture, le contact entre les sphères céleste et terrestre, ce qui reprend le commentaire du Commandeur : il ne goûte pas aux nourritures terrestres, / celui qui goûte aux nourritures terrestres Andantino Apres cette période sombre interrompue en pleine sentence, l'atmosphère va soudain s'apaiser : un andantino modulant du Re mineur de l'introduction au La majeur de la suite va permettre à l'action de redescendre sur Terre à la fois matériellement et spirituellement. L'andantino commence par les indications Dolce teneramente (doux et tendre), le tempo est plus libre, moins implacable. Thème et variations La modulation nous emporte au tout début de l'opéra, acte I scène IX pour le fameux duo La ci darem la mano dans lequel Don Giovanni séduit Zerlina, une paysanne le jour de ses noces (voir livret en annexe). L'exposé du thème est quasi textuel : le duo Don Giovanni /Zerlina. [...]
[...] Sommé de se repentir, il refuse. La terre s'ouvre et il est alors entraîné vers les flammes de l'enfer, où des démons lui promettent des tourments éternels. Les adversaires de Don Giovanni arrivent trop tard pour l'arrêter. Leporello explique ce qui s'est passé et c'est le moment du bilan : Donna Anna annonce à Don Ottavio qu'elle l'épousera dans un an, Zerlina et Masetto rentrent chez eux, Elvire se retire dans un couvent et Leporello se cherchera un nouveau maître. [...]
[...] Exemples : l'enrichissement des accords sur les vers apaiser nos peines et les triolets descendants des violons de Mozart, pendants orchestraux des Viens, Viens du couple, amplifiés par Liszt en des gammes descendantes, puis antagonistes de plus en plus ironiques : Les variations exploiteront une autre voie : l'introspection dans le personnage. En effet, on assiste à un cheminement dans les méthodes d'approche de Don Giovanni : La 1ère partie de la Var. I est enjôleuse, presque lascive : elle est notée elegamente par l'auteur. Elle s'enflamme petit à petit, tandis que Don Giovanni gagne du terrain sur les scrupules de Zerlina. La cadence précédant le andiam de Zerlina est longue, nerveuse, pour aboutir à une seconde partie jubilatoire : Leporello pourra inscrire un nom supplémentaire au catalogue ce soir ! [...]
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