Analyse du spectacle 7 Pleasures, Mette Ingvartsen, Théâtre national de Bretagne 2015, représentation du nu, redécouverte du corps, représentation théâtrale, représentations sociales, sexualité, nudité, transcendance, scénographie
"7 Pleasures" de Mette Ingvartsen est un spectacle de danse mettant en scène douze corps d'acteurs nus qui ''expriment en une chorégraphie de 1h15. La représentation analysée dans ce dossier est celle jouée au Théâtre national de Bretagne le 13 novembre 2015. 7 Pleasures nous offre une nouvelle et passionnante traversée des normes et des codes. Le spectacle nous procure un véritable vertige sensoriel par son aspect extrêmement brutal dans sa façon d'être et son extraordinaire capacité à remettre en question nos rapports au corps, au nu représenté sur le plateau ainsi qu'à la sexualité. À première vue violemment romantique et joyeusement pornographique, cette mise en scène de Mette Ingvartsen nous fait passer par plusieurs états tels que la gêne et l'inconfort, l'amusement et l'excitation. En bref elle crée de véritables remous au sein de nos sensations ainsi que de nos représentations.
[...] Ainsi une simple chaise peut devenir un substitut, le tapis de fourrure un partenaire innocent . Des questionnements sont soulevés. Quid de nos rapports avec ces objets de la vie quotidienne ? Quel plaisir pourrait ressentir un objet ? On imagine en tout cas ce que peuvent ressentir les danseurs, par désir mimétique, en les observant ainsi avoir des sensations au contact de ces objets et les exprimer. On observe aussi que les objets peuvent faire échos à l'acte sexuel directement. [...]
[...] Nous sommes spectateurs au milieu d'un public qui vit la même chose que nous. Se lèvent alors les premiers danseurs qui prennent le temps de se déshabiller au milieu du public. On peut observer à ce moment-là des manifestations de gêne comme des regards fuyants, des petites toux soudainement très contagieuses ou même des rires nerveux. « J'aimerais bien les rejoindre » ai-je même entendu de la part de ma voisine. Nous sommes un groupe de singularité qui ressent des choses différentes en fonctions de nos perceptions. [...]
[...] La lumière reste allumée sur nous, si bien que l'on se sent vu en train de voir. Cette disposition gêne, nous provoque. On peut observer des regards fuyants des spectateurs, des rires en réponse aux regards et même des discussions entre voisins. On a besoin de se redonner un cadre, de se reconnaître dans ce grand chamboulement dans lequel notre intimité bascule. Conclusion 7 Pleasures de Mette Ingvartsen bouleverse ainsi l'imaginaire du spectateur attaché à la sexualité et à la nudité par divers moyens. [...]
[...] C'est d'ailleurs ce que l'on peut observer lors du spectacle lorsque les danseurs habillés malmènent ceux qui sont dénudés. Les représentations sociales sont chamboulées : les corps se touchent, se testent, perdent leurs frontières proxémiques. On observe aussi les différentes mutations du corps contemporain dans ce contexte en perpétuelle évolution. Mette Ingvartsen souhaite nous faire comprendre que la sexualité est présente partout. Les douze danseurs sur scène explorent l'idée du plaisir, ses points troubles, ses zones de jonctions et ses ramifications sociales. [...]
[...] Ce n'est absolument le cas dans les formes qui se veulent plus traditionnelles. Les spectateurs sont placés dans la zone intime où réalité et fiction cohabitent étrangement dans le cadre de 7 Pleasures. La proxémique établissant « une règle » sociale est tout à coup malmenée, nous nous retrouvons très proches de corps nus ce qui chamboule nos codes sociaux et explique les réactions nerveuses du public Pleasures bouleverse donc diverses représentations et codes. Néanmoins, il provoque tout autant notre rapport à l'intime et au plaisir. [...]
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