Ian Bostridge, voyage d’hiver, le vielleux, Franz Schubert, 1827, lied, climat énigmatique, Winterreise de Schubert, William Kentridge, festival d’Aix-en-Provence, philharmonie de Paris, Der Leiermann, mélodie, chant syllabique, Dietrich Fischer-Dieskau
Lors d'une interview donnée à l'occasion de la 68e édition du Festival d'Aix-en-Provence à la Philharmonie de Paris, en parlant de Winterreise de Schubert, le metteur en scène et créateur visuel William Kentridge confie que ce cycle le "laissait perplexe, me donnait le sentiment qu'il devait y avoir une logique dans ces lieder sans pour autant susciter en moi le désir de comprendre ou d'analyser le texte. […] Nous sommes pris quelque part entre les mots et notre imaginaire."
[...] Ainsi le dernier lied du Voyage d'hiver, par son mystère et son expression d'une douleur continue, mais contenue, parvient à parfaitement conclure l'ensemble du cycle de Schubert. Aussi sublime que mystérieuse, cette composition parvient à retranscrire l'état d'esprit d'un artiste proche de la mort, qui laisse le public maître de son héritage musical et du destin de sa renommée. L'œuvre du compositeur parvient à magistralement transmettre l'ébranlement d'un héros épuisé par une quête qui le conduit à la fin de son être et auquel le son de la vielle vient apporter le repos dans la mort ou par l'espoir dans renouveau. [...]
[...] Le lien entre les syllabes densifie la mélodie, ce qui a pour effet de nous faire davantage entrer en phase avec le narrateur. Ici, le vielleux est un guide, un nouvel horizon, là où dans le chant de Fischer-Dieskau il semblait plus menaçant, proche de la créature mystérieuse voulant, peut-être, attirer le voyageur vers sa fin telle les sirènes avec Ulysse. III. Le chant et la mélodie instrumentale Le chant et la mélodie instrumentale ont tous les deux un rôle individuel à jouer dans le climat global de l'œuvre, mais c'est dans leur articulation que l'apparente simplicité de la composition de Schubert prend tout son éclat. [...]
[...] On perçoit une forme de vulnérabilité de ce dernier qui vient se mêler au caractère légèrement oppressant du morceau. De plus, la prosodie reste stable tout au long du morceau, renforçant l'effet de suspension temporelle de la mélodie. Le poème devient ainsi une forme de lamentation ; laquelle, mêlée à l'étrangeté ambiante et au sentiment fantomatique, offre au tout un aspect de plainte d'outre-tombe qui va venir conjurer un imaginaire occulte. Ceci fait écho à l'interprétation de Ian Bostridge, qui revêt cependant un aspect énigmatique plutôt que fantomatique, puisque dans son cas l'inflexion rythmique sur la note de basse amène de la souplesse et de l'allant, qui viennent apporter de la nuance. [...]
[...] La double pédale de basse qui bourdonne en arrière-plan fait pressentir une présence quasi fantomatique, notamment par le maintien en suspend des notes, et donc par extension du temps. Cet effet est renforcé par l'articulation piquée de la main droite qui semble faire de légers sauts et se figer dans l'air pour laisser les notes en apesanteurs avant de retomber pour poursuivre la mélodie. Avec ces quelques éléments semble déjà se dessiner une marche lente, hésitante, presque effrayée, d'une personne déambulant seule dans le brouillard. [...]
[...] Le vielleux – Franz Schubert (1827) – En quoi ce lied parvient-il à instaurer un climat énigmatique ? Lors d'une interview donnée à l'occasion de la 68e édition du Festival d'Aix-en-Provence à la Philharmonie de Paris, en parlant de Winterreise de Schubert, le metteur en scène et créateur visuel William Kentridge confie que ce cycle le « laissait perplexe, me donnait le sentiment qu'il devait y avoir une logique dans ces lieder sans pour autant susciter en moi le désir de comprendre ou d'analyser le texte. [...]
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