Le monde musical traverse une phase difficile. Le débat actuel sur la nature juridique à donner aux téléchargements musicaux sur Internet est le reflet d'une crise profonde. Crise économique tout d'abord, puisque les maisons de disques voient leurs ventes chuter. Crise identitaire également, au sein d'un milieu qui peine à trouver un lien structurant fort et durable. Face à ce constat amer, le monde musical ne reste pas sans voix. De nouvelles formes de représentation émergent, de nouveaux publics sont visés. L'exemple de la musique classique est à ce titre significatif. Pour celle-ci, une cérémonie annuelle, telles que les Victoires de la musique, peut être le vecteur d'un renouveau auquel les médias comptent contribuer activement. Musique classique, art réservé à une élite sociale ? Telle était notre interrogation initiale. En réalité, notre seule présence met à mal cette hypothèse et l'arrivée sur les lieux nous permet de le confirmer. En effet, de nombreux convives n'appartiennent pas à cette élite. Les vraies questions semblent alors se dessiner : en quoi un tel évènement médiatique constitue t-il une tentative de sauvetage et de réformation d'un art en perdition ? Dans quelle mesure cette cérémonie revêt-elle un caractère déterminant dans la carrière des artistes ?
[...] Très aimable, elle nous a donné les coordonnées de la responsable des Victoires de la musique, Géraldine Asselin. Le contact de cette personne n'a pas été plus profitable. Notre présence ne semblait pas souhaitée. Ne nous laissant pas abattre, nous avons alors décidé d'envoyer une trentaine de mails aux divers partenaires des Victoires de la musique classique. Les réponses furent négatives, nous renvoyant toutes à la responsable des Victoires, contactée précédemment. Notons tout de même une réponse encourageante du chœur de chambre Les Eléments qui nous invite à les rencontrer après la cérémonie. [...]
[...] Car il est peu probable que des DVD sauront sauver la musique classique. Il s'agit en réalité plus d'une crise de la création que d'un essoufflement de notoriété. En effet, la musique classique s'est constituée un public fidèle, conscient de la qualité inaltérable de cet art. Outre les discours des divers acteurs de cette soirée vantant le processus démocratique touchant la musique classique dont les Victoires de la musique seraient une représentation, il apparaît nécessaire de se demander si empiriquement nous observons une telle dynamique. [...]
[...] L'hétérogénéité des structures de production et l'insuffisante exploitation des réseaux de distribution expliquent en partie les difficultés rencontrées. Quelles solutions préconisées ? Une plus grande visibilité de la musique classique dans les médias est primordiale. De plus, la revalorisation de la musique classique en tant que patrimoine culturel et le soutien à sa production par l'intermédiaire d'une baisse de la TVA sur les disques seraient à envisager. Par ailleurs, la musique classique doit affronter en son sein de nombreuses divisions sur la teneur à donner à son évolution. [...]
[...] La musique classique est le patrimoine de l'humanité. Nous avons une obligation de la défendre. France 3 aurait pu se contenter de diffuser les totons-flingueurs mais a opté pour ce pari étonnant Pour sa part, Patrick De Carolis, actuel président de France télévisions, nous fait part de sa stratégie de mise en valeur de la cérémonie : un horaire avancé de sept minutes, une première partie de soirée, un rythme rapide, mais surtout de grands artistes interprétant des œuvres grand public, courtes, qui constituent des tubes du répertoire classique Il souligne cependant que la démocratisation n'est pas le but premier des Victoires. [...]
[...] Dans un secteur globalement en difficulté, la musique classique subit de plein fouet ces mauvais résultats. A l'instar de Warner Music, de nombreuses maisons de disques ferment leur label classique. En outre, certaines expliquent qu'avec le cross over, elles peuvent se permettre de soutenir des projets plus confidentiels qui ne pourraient voir le jour autrement. Néanmoins, l'espoir n'est pas perdu. Le succès de La folle journée de Nantes, où les 18-25 ans représentent 30% des spectateurs, démontre que le succès est possible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture