Colonne vertébrale d'un spectacle, le corps, qu'il soit animal, végétal ou humain, et la manière de le présenter est la clef de voûte de ce que nous voyons et ressentons devant une représentation, de ce qui atteindra ou non son but : nous marquer, nous faire réfléchir, nous divertir (?). Figure féerique ou physiologique, le corps s'expose avec pudeur ou exubérance, nous livre sa douleur ou sa jubilation.
Comment franchit-il la frontière délicate entre le corps de l'acteur - tube de chair dont l'anus et la bouche ne seraient que deux extrémités, comme le propose Valère Novarina, dans sa Lettre aux acteurs- et le corps imaginaire, personnage fictif de la représentation ?
A travers quatre spectacles , de danse et de théâtre, proposons nous de déchiffrer ce rapport complexe entre le corps et sa réalité.
[...] La présence de la métamorphose, changeant indistinctement les hommes en animaux, les animaux en images vidéo, donne le ton de cette mise en scène : exubérante, jubilatoire et heureuse. Les mouvements, à l'image des couleurs vives, sont dynamiques, utilisent tout l'espace scénique, vont jusqu'à intégrer un trampoline dans la scène finale. Le corps n'est ici en mouvement que pour mieux servir une esthétique du plaisir. Malgré la nonchalance, la maladresse des Etourdis, leur mouvement est avant tout celui du rire et de la poésie. [...]
[...] A travers quatre spectacles[1], de danse et de théâtre, proposons-nous de déchiffrer ce rapport complexe entre le corps et sa réalité ; et observons tour à tour quelle est la place de la nudité, de la diversité, du mouvement et de l'utilisation des nouvelles technologies - en particulier de la vidéo - dans ce qu'est le théâtre aujourd'hui. La tendance actuelle est plutôt à la monstration du corps, les pièces où elle déshabille ses acteurs sont de plus en plus nombreuses. Une nouvelle esthétique nous est proposée. Sa particularité tient-elle dans le minimalisme ou le voyeurisme ? La nudité appartient le plus souvent au registre de l'imaginaire, puisque le corps pour le corps, c'est-à-dire celui de l'acteur ou actrice, ne nous intéresse pas, dès lors qu'on échappe au registre pornographique. [...]
[...] Il y aurait donc une limite (claire entre la monstration populiste au service du seul recrutement de public et la nudité essentielle à la poésie d'une pièce, d'un spectacle ? La danse moderne de José Montalvo et Dominique Hervieu résout la question de cette frontière grâce au large écran sur lequel sont projetées pêle-mêle images d'animaux, de végétaux et d'humains parfois nus. Toutes sont métamorphosables de l'une à l'autre des catégories et vice versa. Ici, la fiction jubilatoire du rêve est concrètement identifiée par la projection vidéo. De plus, la nudité que nous propose le spectacle On danse n'est ni choquante ni dérangeante, mais innocente et presque angélique. [...]
[...] Le rythme est justement extrêmement lié au contenu nous dit Valérie Dréville. C'est [ ] un rythme cardiaque, il faut faire vivre un corps L'utilisation de la vidéo et des nouvelles technologies fait partie de plus en plus de la mise en scène contemporaine. On danse en est un exemple idéal. Il installe un écran aussi grand et large que la scène elle-même, où les projections vidéo occupent une place aussi importante que celle des danseurs. Danseurs filmés compris danseurs- animaux) et réels composent ensemble. [...]
[...] C'est-à-dire, le personnage joué par un acteur est imaginaire : il existe différemment pour chacun de ceux qui le regarde, son image projetée n'est en quelque sorte que le fantôme de ce corps imaginaire. C'est une illusion de corps imaginaire dans la mesure où le corps réel n'est pas présent en chair et en os. Aujourd'hui, l'esthétique de la monstration doit, pour au cas par cas, se demander si le corps (entre autre nu) sert la pièce et sa démarche artistique ou ne cherche pas seulement à attirer du public, dans un élan voyeuriste. [...]
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