Place, choeur, mises, en, scène
Le Chœur possède une place primordiale dans Agamemnon. À lui seul, il comptabilise plus de 880 vers sur 1674, plus de la moitié de la pièce lui est consacrée ! Comme le dit Roland Barthes dans la revue Théâtre populaire, le Chœur est « bien loin d'être la simple résonance lyrique d'actes qui semblent se jouer en dehors de lui », c'est « la parole maîtresse qui explique, qui dénoue l'ambiguïté des apparences [...] ». Ainsi, le Chœur a une fonction aussi bien pratique qu'esthétique, la compréhension de la pièce passe par lui. On ne peut donc pas, lorsque l'on est metteur en scène, le négliger ! Cependant, il pose problème : quelle place lui donner ? Comment le mettre en scène ? De part sa complexité, les mises en scènes que nous allons voir différent toutes en fonction des partis pris des metteurs en scène. Pour certains, on distingue une distance très nette entre le Coryphée et les choreutes ; pour d'autres, cette distance est moins tranchée, voire inexistante. Aussi, nous nous proposerons d'étudier les différentes mises en scène du Chœur dans Agamemnon selon la distance Coryphée/choreutes, puis nous essaierons de déterminer laquelle de ces cinq mises en scène convient le plus à la représentation du Chœur.
[...] En effet, il s'agit de deux univers différents qui, malgré leur différence, proposent deux versions du Chœur particulièrement justes. Elles essaient toutes deux de se dégager au maximum de la tradition antique, tout en gardant la force première du Chœur. C'est dans ces deux mises en scène que le Chœur a la plus grande force, la plus grande présence, quand bien même on ne respecte pas strictement le Chœur tel que le mettaient en scène les Anciens. Bien que la mise en scène de Maurice Jacquemont soit tout à fait intéressante, on ne peut pas se contenter de ce genre de représentation : à nous d'innover Le texte ne doit pas demeurer figé dans le temps, car, bien qu'écrit il y a de cela quelques vingt-cinq siècles, il reste actuel. [...]
[...] Le Chœur raconte son histoire. On peut supposer que nous sommes au début de la pièce, lorsque le Chœur raconte le sacrifice d'Iphigénie commandé par Artémis. L'importance semble être accordée au texte. Le Chœur a ici cette fonction de « parole maîtresse » au sens où l'entendait Roland Barthes. Enfin, soulignons la ressemblance presque frappante qui existe entre les mises en scène d'Olivier Py, Peter Stein et Georges Lavaudant quant aux costumes utilisés : nous avons par trois fois des vestes noirs pour marquer la gravité de ce Chœur. [...]
[...] C'est cela que j'aime chez Ariane Mnouchkine en plus de ses costumes. Le Chœur doit danser et chanter, car la tragédie doit rester fidèle à son origine, c'est-à-dire être un don aux dieux. À l'origine de la tragédie, il s'agissait d'un dithyrambe, un chant en l'honneur de Dionysos et cela ne doit pas se perdre. On ressent avec force cet aspect de la tragédie chez Ariane Mnouchkine, peut-être aussi mais d'une manière moindre chez Peter Stein. En outre, la façon que le Chœur a de dire son texte est primordiale. [...]
[...] En effet, Olivier Py fait chanter son Chœur dans la langue même d'Eschyle, il vaut nous faire entendre du grec. L'helléniste Olivier Py souhaite garder la tradition antique tout en s'accaparant cette pièce et ce Chœur pour qu'ils s'accordent avec notre époque. Pour finir, ce Chœur est à la fois uni mais ses membres ne sont pas strictement semblables comme on pourrait le voir chez Maurice Jacquemont. En effet, plusieurs éléments les lient : le maquillage blanc, le livret, le laurier ainsi que leur costume noir qui apporte une certaine gravité. [...]
[...] Le Coryphée est bien distinct du reste du Chœur. En effet, il semble plus grand que le reste du groupe grâce à son chapeau jaune. Il domine ce groupe. Par ailleurs, dans la suite de la pièce, lorsque les choreutes se diviseront en deux de manière symétrique, il restera en avant-scène, au centre des choreutes. Parmi les mises en scène qui mettent en exergue une distinction entre le Coryphée et les choreutes, nous avons en dernier lieu celle de Maurice Jacquemont. [...]
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