A l'aube du XVIIIe siècle, il y avait à Paris quatre institutions qui se partageaient la vie théâtrale et musicale : La Comédie Française, la Comédie Italienne, l'Opéra et les théâtres de la Foire, qui consacrèrent la naissance du genre de l'opéra-comique.
Pour autant, si elles constituaient un des principaux éléments de l'activité parisienne, les rapports qu'elles purent entretenir entre elles furent loin d'être pacifiques.
Notre propos sera donc, au cours de cette étude, de mettre en évidence l'histoire vivace de ces théâtres, leur sens de la lutte. Nous aurons donc l'occasion de relever les principaux démêlés que ces trois spectacles eurent entre eux, en nous concentrant toutefois sur des œuvres écrites avant la querelle des Bouffons, que nous laisserons malheureusement de côté tant le sujet est vaste.
Nous tenterons ainsi, dans un premier temps, de mettre en évidence les raisons qui purent expliquer ces querelles dont le début du XVIIIe siècle fut le témoin.
[...] Celui-ci réussit une percée et les deux alliées cherchent à lui opposer des troupes, c'est-à-dire qu'elles envoient des comédies se mesurer aux couplets de leur rival. Ainsi, dans les textes du théâtre forain, l'intrigue type reprend un épisode de la guerre des théâtres, que les auteurs mettent en scène métaphoriquement, sous la forme d'un combat, d'une victoire, d'un siège, d'un procès, d'un débat ou d'un déménagement :la lutte contre les ennemis apparaît comme une bataille en règle (L'Opéra-Comique assiégé), avec des places fortes assiégées, des vaisseaux qui coulent (Les Comédiens Corsaires), des femmes qui meurent (Les Funérailles de la Foire) et qui renaissent, des sauveurs (Le Rappel de la Foire à la vie), des maladies (Les Spectacles malades) et des remèdes. [...]
[...] Les raisons de ces querelles Depuis ses premières manifestations jusqu'à sa fusion en 1762 avec la Comédie Italienne, le théâtre de la Foire eut à mener une lutte constante pour se protéger des troupes régulières. Pour comprendre les raisons du conflit qui opposa ces troupes officielles aux troupes foraines, conflit qui influença tout le répertoire et le style de l'opéra-comique, il convient de s'attarder un moment sur les dates de quelques jugements dont se ressentit toute la littérature, celle de la foire mais également celles des autres théâtres français et italiens. [...]
[...] Plus tard, on substitua à cette méthode celle des écriteaux descendant des cintres du théâtre et qui indiquaient les répliques de l'acteur. Lorsqu'il y avait des couplets, l'orchestre jouait l'air et des gagistes, secrètement disséminés dans la salle, fredonnaient musique et paroles que le public reprenait en chœur, très fier et tout joyeux de passer au rang d'exécutant. L'idée d'écrire un texte qui ne serait pas déclamé par des acteurs riposta à l'interdiction qu'avaient les comédiens de parler, mais que ce texte soit proféré par la bouche même du public suscitant chez lui cette participation, voilà qui était subversif. [...]
[...] Attaquons son vaisseau, pillons tous ses effets, Ses morceaux polissons, ses burlesques ballets. Voilà quel est mon but La troupe italienne Secondera l'effort de la troupe romaine, A notre bâtiment joindra son brigantin, Et nous partagerons entre nous le butin. Il faudra, dans la suite, en faire un tel usage, Que le Parisien, voyant le batelage, Dans sa ville régner de l'un à l'autre bout, Doute où sera la foire, et la trouve partout. Les Comédiens Français et Italiens, le sabre levé, sautent sur le vaisseau des forains, les prennent au collet et chantent : Chœur de comédiens Air : Triomphez, charmante reine Triomphons, pillons la foire, Triomphons de ses acteurs ; Pillons aussi tous ses auteurs : A notre gain immolons notre gloire. [...]
[...] Le musicien La Cascade prétendit renouveler le répertoire dramatique et pour ce, il imagina de faire représenter un opéra sans paroles, où les acteurs chanteroient seulement les notes et gesticuleroient, comme s'ils disoient les plus belles choses du monde ; et cela vaudrait mieux que de mauvaises paroles qu'on n'entend point. Les Comédiens Italiens, à leur tour, imitèrent ce genre. Ces derniers, en effet, ne furent pas en reste dans la controverse, et firent une large utilisation de ces opéras-comiques à visée satirique, à la fois contre les forains, avec qui ils échangèrent de piquants propos, et contre les Comédiens Français. [...]
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