Don Quichotte, célèbre roman de Miguel de Cervantès, a connu une grande popularité au cours des siècles précédents et reste très connu de nos jours. Les lecteurs du monde entier ont lu avec beaucoup d'enthousiasme ce roman burlesque et authentique, et de nombreux artistes ont repris ce thème populaire dans leurs œuvres, notamment dans le domaine musical. Il est très intéressant d'étudier la manière dont des compositeurs comme Maurice Ravel ou Richard Strauss ont repris ce thème pour en tirer une œuvre musicale, mélange musical et mythologique.
[...] Ce roman a joui d'une grande popularité au XVIIème siècle grâce à son caractère comique, voir bouffon, qui achève le mouvement de dérision et de détachement des valeurs médiévales entamé pendant la Renaissance en Italie. C'est d'ailleurs contre ces idées que Don Quichotte se bat, rêvant de remettre à l'honneur la chevalerie et les exploits épiques. Peu apprécié au XVIIIème car considéré comme une bouffonnerie, le roman est remit au goût du jour au XIXème par les romantiques, qui soulignent le conflit entre l'idéal et le réel et l'impossibilité de vivre selon ses aspirations et exigences et selon sa soif d'absolu dans un monde jugé si médiocre. [...]
[...] Le début de la seconde partie est bien le seul passage qui pourrait justifier le titre de chanson épique avec une superbe montée vocale d'une onzième, déployant avec véhémence un accord de quarte et sixte ajoutée, pour bien souligner le texte qui nous dit bénissez ma lame Mais une fois la note culminante atteinte (un fa aigu) on assiste à un long dégradé descendant et qui nous ramène au point de départ (do grave) et retrouvera l'atmosphère recueillie du début, renforcée par un rappel de l'évocation des saints. La fin se fait très tendre et très douce, avec la voix tétracorde supérieur descendant minorisé, accentuant la connotation religieuse. Ce volet du triptyque ne doit absolument rien à l'Espagne, ni dans le texte, ni dans la musique. L'atmosphère est essentiellement française, avec des allusions évidentes à l'esprit des trouvères et des troubadours ainsi qu'à la ferveur religieuse du Moyen-Âge. [...]
[...] En revanche, plus rien n'évoque Don Quichotte et la Dame de ses pensées car la brune maîtresse ne peut- être rien d'autre qu'une aventure passagère. Les quatre strophes du texte sont traduites musicalement par la formule Couplet puis Refrain reprise une seconde fois de manière identique Le couplet fait jaillir une atmosphère typiquement hispanisante. Il se déploie sur une perpétuelle pédale de dominante (sol) qui part dès l'introduction et qui se prolonge jusqu'à l'extrême fin pour retomber sur la tonique dès le début de la seconde section. [...]
[...] La création de la pièce eut lieu le 1er décembre 1934 au théâtre du Châtelet, à Paris. Cette œuvre se compose de trois mouvements : chanson romanesque, chanson épique, chanson à boire. La chanson romanesque se caractérise par un rythme cubano-andalou, la guajaria, qui alterne d'un bout à l'autre les mesures à 6/8 de celles à 3/4. Les quatre strophes du poème engendrent quatre sections qui ont des affinités deux par deux. La mélodie est largement diatonique et ramassée dans un ambitius restreint qui ne dépasse jamais l'octave pour une même strophe. [...]
[...] Beaucoup d'interprètes perpétuent donc à travers ces œuvres le mythe de Don Quichotte, rendant encore plus accessible cette merveilleuse histoire devenue pour une grande part une histoire musicale. III Etude d'une œuvre en particulier C'est avec le dernier quart du XIXème siècle que l'exotisme hispanisant se développe en France auprès des musiciens. Outre des compositeurs comme Lalo (La symphonie espagnole) ou Carmen de Bizet, Ravel participa également, un peu plus tard, à cette mode espagnole venue en France. En 1932-1933, il composa Don quichotte à Dulcinée une œuvre pour un baryton et pour un orchestre de 29 musiciens (deux flûtes, trois hautbois, deux clarinettes, deux bassons, deux cors, une trompette, une harpe, quatre premiers violons, quatre seconds, quatre altos, deux violoncelles, une contrebasse et une personne aux percussions) destinée à être la musique d'un film de Grigor Wilhelm Pabst, avec pour interprète principal Fedor Chaliapine, et d'après des dialogues de Paul Morand. [...]
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