Analyse d'un film documentaire traitant du handicap et de la danse. Interrogation sur l'écriture du film, le regard critique, le travail de réalisation, les coulisses d'une première réalisation, le questionnement d'une jeune documentariste, la mise en perspective de la construction d'un point de vue.
[...] Ayant un déplacement prévu (au festival de Cannes) à la fin de ma première semaine de montage, j'ai pu bénéficier d'une pause qui a eu l'inconvénient de me déconnecter de ce travail (et donc de perdre un peu le fil et le coup de main ) mais à contrario l'avantage de me faire prendre un peu de recul et de me redonner un peu d'énergie pour la dernière ligne droite. A mon retour, je me suis replongé dans ce premier montage en essayant d'affiner car je devais au final réduire de moitié la durée. [...]
[...] Certains plans (je pense notamment à la discussion collective et à la fin de la répétition de danse) seront séquence afin de laisser naître l'émotion des spectateurs. De plus, je m'installerai parfois à hauteur de chaise ou à ras du sol afin de ne pas constamment être en plongée sur les personnes en fauteuil. Pour ce qui est des plans sur les répétitions, c'est-à-dire sur la danse, il s'agira pour moi de faire des gros plans sur certaines parties des corps des protagonistes (mains, regards, bras ) puis sur des plans de parties de corps qui se touchent (contact entre deux membres de l'atelier) puis progressivement de faire des plans cadrés suffisamment larges pour que le handicap apparaisse. [...]
[...] Parce que je vivais mal le handicap. Le nom de sa maladie avait un écho douloureux au fond de moi. Mon regard était biaisé par la tristesse et la peur d'être comme elle, dans la souffrance, le disgracieux, la solitude. Etrangement mais pas tant que cela, ma volonté de le traiter se veut plus positive que je ne l'ai vécu jusqu'ici dans ma sphère privée : est-ce alors une manière de me convaincre qu'une solution, une intégration est possible ? [...]
[...] Ils deviennent ainsi artistes, capables et non plus handicapés, déficients. De leur côté, eux, reprennent possession de leur corps et changent le regard sur eux-mêmes. Il sera donc ici question du corps et du regard qu'on pose sur lui, notamment à travers ces questions : quelle évolution du regard sur soi et sur les autres, cette pratique permet elle, pour les pratiquants et en second lieu pour les spectateurs ? Mon ambition serait alors de donner l'envie aux spectateurs du film de passer au delà de leurs préjugés et de regarder les protagonistes non plus comme handicapés mais comme des personnes et des artistes à part entière. [...]
[...] Cercle vicieux donc. Le regard porté sur eux doit être revisité. En tout cas, le mien a changé. Pas de fausse complaisance, simplement du respect pour leur personne, leur travail, leur bataille. Au-delà même de ce travail, je sens petit à petit, au fond de moi des sentiments se transformer à l'égard de ma situation personnelle - ce film sera, d'une certaine manière, dédié à ma sœur. Dès ma première rencontre avec Faysal, Stéphanie, Isabelle et les autres, dans cette petite MJC d'Evry village, qui ne paye pourtant pas de mine, j'ai été emballée : je pense qu'il y a là réellement un beau sujet, visuel et humain. [...]
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