Dans la culture occidentale, la musique est écrite : le compositeur écrit, le musicien lit le code puis l'interprète. Au Moyen-âge, il s'agissait de tenter de transcrire ce que l'on entendait à un moment précis. La partition musicale n'existait pas dans le monde médiéval, du moins dans le sens où nous l'entendons aujourd'hui. En effet, la partition, ou plutôt le manuscrit au Moyen-âge, était toujours postérieure à la musique en elle-même. Le fait de « noter » la musique avait ici un rôle de conservation d'une réalisation précise ou alors d'un modèle de réalisation connu. Les musiques liturgiques, par exemple, se ressemblaient presque partout. On jouait la même musique, cependant la manière de l'écrire différait énormément d'un endroit à un autre.
[...] La musique est rituelle, donc la notion de répétition dans le temps pour déterminer un lieu et une période précise à une très grande importance. La grande caractéristique du rituel est donc également la répétition. Il est normal, par exemple, de voir un chantre improviser le dimanche sur une mélodie qu'il aura chantée toute la semaine. Les fidèles reconnaissent et savent ce qu'ils vont entendre : répéter c'est reconnaître et reconnaître c'est identifier donc nommer, juger, adhérer. Il s'agit de mettre en place une mémoire orale collective. La mémoire rituelle lie le chant, dieu et les hommes. [...]
[...] C'est simplement que la mémoire capture leurs images avec une rapidité étonnante et les conserve dans des chambres, prêtes à les reproduire à nouveau». Le rôle de la mémoire dans la composition musicale médiévale était principal. Celle-ci va être composée de parties mémorisables, ou mémorisées, la structure musicale étant liée à la mémoire. Au Moyen-âge, on n'avait pas besoin de l'écriture, car on savait articuler la musique Les mots et le rythme des phrases nécessitent une ponctuation précise. Les cadences et les figures ornementales suivent le sens du texte. [...]
[...] La composition était au Moyen-âge une pratique orale notée parfois à l'écrit, la plupart du temps partiellement. Elle circulait à travers l'Europe occidentale, mais elle pouvait montrer des spécificités locales. Pour comprendre le Moyen-âge, comme tout ce que contient le passé, il ne faut pas tomber dans le piège de l'anachronisme. Pour comprendre une société, une époque, il faut s'y projeter dans le seul but de la comprendre sans jugement ni comparaison. Heidegger donne la solution à ce problème de l'étude de l'histoire en expliquant qu'elle n'est non pas la projection de l'homme du présent dans le passé, mais de la projection de la partie la plus imaginaire de son présent. [...]
[...] Il s'agissait en fait d'une manière de chanter à plusieurs, tous ensembles, une mélodie différente dans chaque partie. En plaçant plusieurs chanteurs ensemble pendant plusieurs jours, on a pu remarquer que, au fur et à mesure des répétitions, les chanteurs développent petit à petit, des tournures mélodiques et des patrons rythmiques. Les chanteurs savaient ce qu'ils devaient faire et ne pouvaient l'accomplir qu'en répétant à plusieurs. Il s'agissait d'une composition produite d'oreille. L'écoute du groupe et la connaissance de ses partenaires demeurent primordiales. [...]
[...] La composition médiévale mettait en œuvre toute la magie de la mémoire, plusieurs siècles plus tard nous avons encore bien du mal à la comprendre. Bibliographie La brève histoire de la musique du Moyen-Âge : Olivier CULLIN Laborintus ; essais sur la musique au Moyen-Âge : Olivier CULLIN L'image musique : Olivier CULLIN Histoire musique au moyen-âge : B. [...]
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