Même si, à première vue, les principes de hasard et d'indétermination semblent deux principes similaires, il existe en fait quelques nuances entre les deux qu'il faut trouver à distinguer.
Dans les deux cas, leur utilisation conduit à la minimisation de l'action de l'artiste sur son oeuvre (il n'est plus l'entier maître de ce qu'il fait et laisse une part d'imprévu). Cependant, l'utilisation du hasard et de l'indétermination n'interviennent pas au même moment dans la création de l'oeuvre. En effet, alors que le hasard est utilisé au moment même de l'écriture de l'oeuvre, l'indétermination apparaît au moment où l'oeuvre est présentée, interprétée (...)
[...] Les philosophies orientales, comme le Tao, inspirent aussi le principe d'indétermination à John Cage. En effet, la philosophie du Taoïsme prône la voie du non-agir : l'action ne doit pas agir sur le cours naturel des choses. Le choix de l'indétermination suit bien cette direction puisqu'en l'utilisant, John Cage accepte le cours des choses, tout peut arriver et l'œuvre intégrera toutes ces possibilités, quelle qu'elles soient. Enfin, l'idée de l'utilisation du hasard semble aussi provenir d'une des autres sources d'inspiration principales de Cage : le dadaïsme. [...]
[...] Cependant, l'utilisation du hasard et de l'indétermination n'intervienne pas au même moment dans la création de l'œuvre. En effet, alors que le hasard est utilisé au moment même de l'écriture de l'œuvre, l'indétermination apparaît au moment où l'œuvre est présentée, interprétée. Par exemple, John Cage utilise le hasard quand il réalise Not wanting to Say Anything about Marcel, puisque les mots lithographiés sur les planches de Plexiglas sont pris dans des dictionnaires de différentes langues ouverts à n'importe quelle page. [...]
[...] Ainsi, même s'il choisit les directives principales de ses œuvres (il ne choisit que quelques éléments comme les instruments, les matériaux utilisés la plus grande partie tient entièrement au hasard. Par exemple, pour les séries des New River Watercolor Paintings, le Yi-King est à l'origine de la plupart des choix liés à la réalisation des aquarelles. Ces séries d'aquarelles sont réalisées à proximité de la rivière New River. John Cage y représente des cercles qui paraissent tremblotants, comme dessinés par des enfants. Il s'agit en réalité de pierres dont il a tracé le contour sur ses peintures. [...]
[...] Ces deux éléments suffisent pour interpréter l'œuvre, cependant deux interprétations ne seront jamais identiques. On peut s'en rendre compte en écoutant les deux exécutions consécutives des élève de l'école Italienne en 2007 : le même morceau avec la même partition est joué deux fois de suite, le seul paramètre changeant étant (en plus des quelques minutes d'intervalle) le passage d'une fréquence FM à une fréquence AM. On ne peut pas, sans le savoir, comprendre qu'il s'agit du même morceau. En effet, la réalisation sur séquence AM paraît beaucoup plus silencieuse et lente, alors que celle sur fréquence FM paraît plus rapide et plus désordre. [...]
[...] Le quotidien devient l'œuvre, tout peut arriver pendant ce temps de silence. Pour conclure, le hasard et l'indétermination semblent bien deux pratiques au centre de la philosophie de John Cage. Ceux deux méthodes lui permettent d'exploiter différentes méthodes de composition et de création et ainsi de renouveler toujours ses œuvres. Même si Cage puise ces deux pratiques dans des philosophies orientales ou des artistes qui lui précèdent, il parvient à les pousser à leur paroxysme et à les exploiter jusqu'au bout. [...]
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