Depuis l'antiquité, les conteurs relatent les épopées et récits de guerre à l'aide de la musique. Les aèdes grecs, les trouvères et troubadours français du Moyen-âge et tous les conteurs anonymes des traditions orales du monde entier en sont les illustrations. La littérature ensuite puis le cinéma ont repris ces récits et en ont même créé d'autres. Le Septième Art a cela de plus que la littérature qu'il peut perpétuer la tradition des aèdes grecs et autres bardes en nous racontant une histoire accompagnée de musique. Ce fut d'ailleurs le cas dès les débuts du cinéma, la musique servant à l'origine à masquer le vrombissement sourd du projecteur.
Plus tard avec l'apparition du cinéma parlant, la musique prit une toute autre dimension, tantôt servant à décrire l'action, tantôt servant à la sublimer. L'un des exemples illustrant sans doute le mieux cette nouvelle tradition est la film du réalisateur soviétique Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein : Alexandre Nevski, dont la musique fut composée par Sergueï Prokofiev. Prokofiev et Eisenstein avaient déjà eu l'occasion de se rencontrer et ils s'étaient promis une collaboration dans le futur. Alexandre Nevski devait être ce qui matérialiserait cette promesse ; et que pouvait-on attendre d'autre qu'un chefs d'oeuvre comme fruit du travail commun de ces deux génies ? (...)
[...] 4.Aux armes, peuple russe ! Allegro Ce thème est scandé par le chœur et s'élève comme un chant pour motiver les troupes autour du chef. C'est le peuple qui s'éveille et qui est prêt à se soulever contre l'oppresseur. Ce chant sonne comme un hymne, rassemblant et se prêtant à un sentiment patriotique intense. On peut noter que ce chant est par la suite, entré dans le répertoire des chœurs soviétiques, notamment dans les chœurs de l'armée rouge. 5.La bataille sur la glace Adagio, Allegro moderato, Allegro, Andante, Adagio, Allegretto C'est le plus long mouvement de la cantate, il illustre la partie la plus importante du film (occupant les deux tiers de la durée totale du film) : La déroute teutonne sur le lac gelé de Peïpous. [...]
[...] Le dénouement heureux réintroduit sous forme de coda le chant patriotique russe aux cordes. Enfin il est repris de manière intense et glorieuse. 6.Le champ des morts Adagio Ce champ est profondément douloureux, il marque une accalmie après l'intensité de la bataille. La voix de mezzo-soprano se pose sur un lit de corde et commence une mélodie à la fois douce et intense qui rend hommage aux hommes sacrifiés à la patrie. Ce chant est très fortement inspiré de vieux chants populaires russes. [...]
[...] A la suite de ce film, Staline envoie Eisenstein à l'étranger, en France, en Allemagne et aux Etats-Unis pour y étudier les possibilités du cinéma sonore. Il reviendra de son voyage avec un film inachevé tourné au Mexique Que Viva Mexico. Ce voyage aux Etats-Unis aura été pour le réalisateur un véritable échec car n'ayant pas su se faire accepter par les studios d'Hollywood. Son cinquième film est Alexandre Nevski dont nous allons peu parler ici car nous reviendrons dessus dans la suite du dossier de manière beaucoup plus approfondie. [...]
[...] Il semble pourtant qu'Eisenstein et Prokofiev ont surmonté ce problème, la musique dans Alexandre Nevski étant aussi servante de l'image que l'image servante de la musique VI.Bibliographie A.Support visuel EISENSTEIN, Sergueï M., Alexander Nevski, Moscou, Mosfilm min. B.Support sonore PROKOFIEV, Sergueï, Alexander Nevski, Hambourg, Deutsche Gramophon op C.Partition PROKOFIEV, Sergueï, Alexander Nevski, Tokyo, Zen-on Score D.Livres CHION, Michel, Paris, Fayard, DORIGNE, Michel, Serge Prokofiev, Paris, Fayard FERNANDEZ, Dominique, Eisenstein, Paris, Grasset HOFMAN, Michel R., Serge Prokofiev, Paris, Seghers MITRY, Jean, Eisenstein, Paris, Ed. [...]
[...] Le film est construit en cinq actes, distincts selon les règles de la tragédie classique. Par l'intensité de sa progression dramatique le film emporte l'adhésion des critiques et du public. Cette œuvre majeure de l'histoire du Septième Art bouleversera des générations de réalisateurs. Le film suivant est à nouveau une œuvre commémorative : Octobre qui sort en 1928 pour célébrer les dix ans de la Révolution de 1917. C'est sans doute dans ce film qu'Eisenstein pousse le plus loin sa réflexion sur le montage. [...]
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