Le Ring est un monument qu'il est assez difficile d'aborder dans sa globalité. Wagner a écrit sa Tétralogie sur plus de 22 ans, et l'œuvre finale dure plus de 18 heures.
L'intrigue est un vrai fleuve et il n'est pas facile de s'y repérer. Dans le prologue, le Nibelung Alberich s'empare de l'or confié aux Filles du Rhin. Avec cet or, il forge un anneau censé apporter à celui qui sait s'en servir la puissance de dominer l'univers. Wotan, le roi des dieux, lui subtilise l'anneau et brise ainsi la loi de l'univers, mais doit le donner au géant Fafner pour prix de la construction du Walhalla. Les trois journées qui suivent relatent les efforts de Wotan pour préparer l'avènement d'un nouvel ordre du monde, grâce à son petit fils Siegfried qui, aidé de la Walkyrie Brünnhilde, tue Fafner et s'empare de l'anneau avant de le perdre à nouveau et de mourir des suites de la jalousie de Brünnhilde et de la fourberie de Hagen, fils d'Alberich.
[...] C'est peut-être justement ce pour quoi il a aussi été le plus critiqué, puisqu'on lui a reproché de laisser la musique au second plan au profit de la psychologie. Mais ce travail sur le jeu n'est pas un caprice artistique. D'une part, il apporte à l'intrigue des éléments que la musique seule ne contient pas, par exemple lorsqu'il demande à Gunther de se laver les mains après avoir trahi Siegfried sous l'impulsion de son frère Hagen à l'acte II du Crépuscule des Dieux. [...]
[...] On peut donc s'interroger sur ce que signifie être fidèle à l'esprit wagnérien. Et je vous propose de commencer sans attendre par cette vidéo. I La quête de l'idéal wagnérien : Le dogme Cosima Wagner ou les méfaits d'une imposture sincère. Les premières mises en scène du Ring étaient toutes imprégnées de la veine réaliste de l'époque, avec des décors surchargés et des costumes inspirés du folklore romantique médiéval. L'ensemble décevait beaucoup Wagner à cause de son aspect négligé et inabouti, notamment le jeu d'acteur et les effets spéciaux. [...]
[...] Pour lui tout part de la musique, dont le rythme définit les mouvements de l'acteur et l'éclairage, grâce aux nouvelles possibilités de l'électricité. Appia va pouvoir concrétiser ses idées en 1924 à Bâle, où il dirige un Ring révolutionnaire en supprimant tous les décors et les costumes folkloriques au profit d'un décor abstrait, basé sur des infrastructures géométriques en volume, des blocs, des pentes, des escaliers, ou des colonnes brutes. Cette représentation va provoquer un grand scandale et elle est interrompue au bout de deux jours. [...]
[...] II Le moment Chéreau, ou la quête du message wagnérien : Humaniser le mythe par l'introduction de la psychologie. De 1976 à 1980, le Festival de Bayreuth accueille une mise en scène du Ring à l'esthétique radicalement différente de celle de Wieland Wagner. Elle le fruit de la collaboration d'un vrai trio infernal : Pierre Boulez à la direction musicale, Patrice Chéreau à la mise-en-scène et Richard Peduzzi aux décors. Chéreau décide de souligner l'aspect hétéroclite de l'œuvre en confrontant les époques. [...]
[...] Sa démarche qu'on peut appeler idéaliste met comme chez Appia la musique au premier plan, et d'elle découle tout le reste. Il déclarera par exemple : L'image musicale ne s'inscrit pas dans un espace préexistant, mais dans un espace imaginaire qu'elle engendre elle- même. Au niveau des décors, ça se traduit par un disque surélevé et incliné entouré d'un cyclorama avec des projections en couleurs qui évoquent un lieu épuré, cosmique ou mental. Il accorde aussi une grande importance au jeu des acteurs, dont il ritualise les mouvements, et qu'il habille tuniques dépouillées ou en cuir. [...]
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