Leçon de Ténèbres, Tous les matins du monde, spectacles prisés, musique baroque, cérémonie religieuse
Tous les matins du monde, œuvres issues d'un même élan créateur de Pascal Quignard et d'Alain Corneau, roman et film sont publiés en 1991, pratiquement à la même date. L'histoire se déroule au XVIIème siècle et le thème principal développé est la musique baroque. Quatre personnages illustrent le roman. Il s'agit de Sainte Colombe, un grand joueur de viole, distant et sévère, vivant à la campagne avec ses deux filles, Madeleine et Toinette. Marin Marais est également violiste, élève de Monsieur de Sainte Colombe et amant de Madeleine.
[...] En quoi Tous les matins du monde reflète l'expression "Leçon des Ténebres"? Le matin est à la fois énigmatique et positif car trés peu de scène se joue à l'aube même. Le mot matin connote le moment du réveil, le début de la journée et les promesses de celle-ci. Les scènes de matin sont donc embiguë, car elles sont trés rares, et donc renforce la valeur de celles- ci. Lorsque par exemple Monsieur de Sainte Colombe découvre sa femme morte, minuit est déjà passé. [...]
[...] Sa première apparition z lieu aprés que Sainte Colombe s'est rendu à la rivière où, assis dans sa barque, "accroché à la rive, dans son ruisseau", il rêve qu'il pénètre "dans l'eau obscure et y séjourne", ce qui le mène au souvenir du Tombeau des Regrets, composé "quand son épouse l'a quitté une nuit pour rejoindre la mort": il se rend alors dans sa cabane, aprés avoir été chercher du vin et un plateau de gaufrettes. C'est alors que sa femme lui est apparue. Comme le Christ, c'est un retour de chez les morts. Lors de l'office du vendredi, lorsque tous les cierges sont placés, on ramène le cierge que l'on avait auparavant caché, pour signifier la résurrection du Christ. Sainte Colombe, lui, ramène sa femme grâce à la musique qu'il compose. [...]
[...] Les deux oeuvres sont tout d'abord une leçon de musique. Le film place le récit sous l'égide d'une leçon de musique dés le commencement; Marin Marais est devenu maitre à son tour, et reproche le mauvais usage qu'il a fait de la musique. Le roman est lui aussi une leçon de musique, il est régit par la question de savoir ce qu'est vraiment la musique. La musique a surtout une dimension funèbre, elle accompagne chaque mort, celle de Madame de Sainte Colombe et de l'ami de feu de monsieur Vauquelin est le Tombeau des regrets et la Barque de Charon, et celle de Madeleine est la Réveuse. [...]
[...] L'image qui apparait est donc celle d'un voyage, dont on ne reviendrait pas. Sainte Colombe dit mener une vie passionnée, il entreprend un vrai voyage intérieur, voyage de la musique, mais aussi de l'apprentissage de la vie. L'office des ténèbres revête un caractère de deuil, de tristesse et de douleur. Le choix des psaumes met sous les yeux les douleurs de la Passion de Jésus-Christ. Le jeudi raconte l'agonie et l'acceptation de la mort du Christ, le vendredi, le procès et la condamnation à mort et le samedi, le Christ au tombeau, et la descente aux Enfers. [...]
[...] Il compare la trace du pinceau à celui d'un archet, et sollicite son disciple à avoir l'oreille musicale, à avoir l'oreille attentive aux moindres bruits, aux moindres sons que pourrait faire la nature, tout ce qui environne. Tous les matins du monde est bien une représentation de l'office des Ténèbres. Le Christ est représenté par Sainte Colombe qui se détruit petit à petit aprés la mort de se femme et de sa fille, la résurrection serait donc la transmission à Marais, pour faire revivre ses oeuvres, et donc, un peu de sa personne. Bien sure nous pouvons aussi lire ces deux oeuvres comme étant une réécriture du mythe d'Orphée. [...]
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