Ligeti, compositeur, musique, 20ème siècle, Lux aeterna
Commentaire d'écoute d'une oeuvre musicale: Lux Aeterna, du compositeur du 20ème siècle Gyorgy Ligeti
[...] Ainsi, Ligeti neutralise le timbre mais pas l'harmonie. On peut parler de micropolyphonie. Une texture polyphonique si dense que les différentes voix en deviennent inaudibles et que seules les harmonies confluentes qui en résultent agissent en tant que forme. On retrouve dans cet effet de masse sonore, une référence à certaines œuvres de musique ancienne : Par exemple le Deogratia, Canon à 36 voix de Ockeghem. Passionné par les polyphonies du XIV et XVème siècles, Ligeti fait correspondre chaque note à une syllabe. [...]
[...] Lux Aeterna, écrite en 1966, fait partie de ses quatre œuvres vocales. Il s'agit d'une œuvre de masse sonore, qui appartient donc plutôt à la deuxième période de sa vie (la première englobant ses œuvres de jeunesse et ses essais de musique électronique). D'une durée de huit minutes, elle est composée pour seize voix mixtes a capella, soit quatre de chacune : soprano, alto, ténor, basse. Ligeti n'instaure aucune hiérarchie entre les voix : cette grande homogénéité est particulièrement novatrice. [...]
[...] Le texte est le suivant : Lux aeterna luceat eis, Domine, Cum sanctis tui in aeternum quia pius es. Requiem aeternam dona eis, Domine, Et lux perpetua luceat eis. Seul le mot domine est compréhensible, lorsque les voix s'arrêtent dessus. La signification de Lux Aterna, Lumière éternelle suggère dans cette œuvre une représentation de la lumière par le son, et non par le texte, comme nous le verrons dans l'analyse de l'harmonie. L'indication de tempo sur la partition : Wie aus der Ferne traduit par Comme venant du lointain va également dans le sens de la lumière qui serait représentée par les sons et que Ligeti veut rendre par l'illusion. [...]
[...] On trouve cependant des moments d'homorythmie sur le mot domine qui créent une tension dans l'harmonie à la lettre avec les trois basses en voix de fausset. Les voix s'arrêtent sur ce mot, ce qui fait référence à la tradition religieuse. L'auditeur ne perçoit pas de mesure bien qu'elle soit à 4/4 car Ligeti opère une neutralisation des temps forts et faibles. La combinaison de couches rythmiques complexes permet l'effacement du rythme. Avec Lux Aeterna, Ligeti rompt ainsi avec ses œuvres précédentes qui employaient des clusters et des superpositions chromatiques des voix, par exemple dans Atmosphères ou Requiem. [...]
[...] Cela nous amène vers la transformation progressive des champs harmoniques. Au début de l'œuvre, on part d'une couleur harmonique claire grâce à l'unisson sur un fa, lorsque les voix rentrent chacune leur tour, puis la couleur se brouille pour revenir à un nouvel unisson sur un la, avec un passage à l'octave supérieure. Jusqu'à la mesure 24, c'est la même mélodie énoncée par les voix de femmes uniquement, en canon, qui ne se décale pas de façon régulière. (screen partition) puis ensuite les voix d'hommes s'ajoutent. [...]
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