Les premières apparitions de Ferré coïncident avec la période d'après guerre, période porteuse de grands bouleversements qui s'accompagnent d'un renouveau dans la chanson, genre populaire perméable aux évolutions de la société. De nombreux petits lieux (arrière-salles, caves …) sont dédiés à la chanson : c'est là que se développe une expression littéraire et poétique parfois contestataire, mettant à l'honneur une "chanson à texte".
Émerge un nouveau type d'artistes qui domine la chanson française à partir des années 50 tels que Ferré, Brassens, Barbara, Brel : ce sont des auteurs-compositeurs-interprète. À l'époque, malgré de grands précurseurs comme Charles Trenet, les trois fonctions se trouvaient généralement dissociées. Pour la première fois, l'auteur devient maître absolu de son œuvre, de la création à l'interprétation et parfois même jusqu'à l'accompagnement.
Dès ses premières interprétations publiques, les critiquent saluent chez Ferré ce triple talent. L'étude de l'œuvre chantée de Ferré relève bien de la musicologie et non de la seule poésie, d'ailleurs il se revendique avant tout musicien. Le titre du sujet au bac un « compositeur, auteur, interprète » nous induit à privilégier l'aspect musical.
Le corpus des trois chansons de Ferré est bien symbolique de la diversité de son œuvre : "Green", mise en musique d'un poème relativement classique, "Avec le temps" chanson à succès aux caractéristiques traditionnelles associées à un style très spécifique, "Requiem" œuvre à la frontière du genre en partie déclamée sur une musique savante.
[...] Le chœur mixte ainsi que les cordes suivent le rythme de la mélodie chantée. La voix humaine confère unité et sens à la chanson (en comparaison avec la version instrumentale, qui ampute l'œuvre et lui donne un aspect fragmenté dont la finalité n'est pas évidente). Une technique entre tradition et modernité : le bourdon La pluie tombe sur nous Evelyne Girardon La pluie tombe sur nous, pour vous quel avantage ? Vos vaches auront du lait, vous ferez des fromages, Vous en tirerez de l'argent, Pour marier tous vos enfants. [...]
[...] Mais, poursuivie par sa condition d'origine ou par le destin, elle va commencer à mener une vie dissolue qui va la conduire progressivement à sa déchéance annoncée dans la deuxième partie du texte (la noblesse déménage). L'anticipation exprimée par la métaphore du miroir est dramatisée par la main gauche du pianiste qui répète le ré grave. Mon miroir me sourit toujours : La beauté n'est que passagère et rien ne dure. 4ème couplet : Les 4ème et 5ème couplets sont introduits par la même gamme mais la déchéance annoncée est symbolisée par le ralentissement de la 2ème octave et justifiée par les exactions de la jeune femme : le vol, le mensonge, l'acte blasphématoire La deuxième partie du couplet exprime encore une étape de la déchéance (pauvreté, vieillesse) qui est illustrée par les accords arpégés de la main droite du pianiste L'étage suivant sera le plus important : son numéro est rejeté au couplet suivant alors que, jusqu'à présent, le chiffre était dit dans le dernier vers du couplet précédent. [...]
[...] Dieu me pardonne 29) Mais un escroc que je chéris 30) Me vole en parlant mariage 31) Je perds tout, j'ai les cheveux gris (bis) 32) Et je monte encore un étage 33) Au quatrième, autre métier ! 34) Des nièces me sont nécessaires 35) Nous scandalisons le quartier 36) Nous nous moquons des commissaires 37) Mangeant mon pain à la vapeur, 38) Des plaisirs, je fais le ménage 39) Trop vieille, enfin, je leur fais peur (bis) 40) Et je monte au cinquième étage 41) Dans la mansarde me voilà, 42) Me voilà, pauvre balayeuse ! [...]
[...] En chantant de rantanplan Ce joli mois de mai qui toujours nous réveille. Vous filles qui dormez, à la plus haute chambre, Écoutez les amants, à la porte, qui chantent, Préparez-leur la collation, Pour tous ces beaux gentils garçons. En chantant de rantanplan Ce joli mois de mai qui toujours nous réveille. Et montez donc, voir là mes grands bœufs, Mon Cadet, mon Joli, mon Varné, mon Taupin, mon Paillau, mon Charbounio Hardis, hardis les gars , Ah Hardis les gars ! R'montez là donc les deux derriés, Ah ! [...]
[...] Ces dissonances entrainent une tension qui renforce le côté dramatique et douloureux. Green, un poème mis en musique 1961, première interprétation tours. La mise en musique de poèmes est fondamentale dans l'œuvre de Ferré : cette démarche s'ancre dans la tradition où la chanson française et la poésie étaient intimement liées. C'était le cas au Moyen-âge : les poèmes étaient chantés, par exemple Guillaume de Machaut était poète. A la Renaissance, les poèmes de Ronsard et autres furent mis en musique par de nombreux compositeurs comme Clément Janequin. [...]
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