Analyse de spectacle, Arlequin de Trickster, Didier Galas, conception artistique, travail de comédien, usage du masque
C'est en 1985 que Didier Galas intègre le Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris, où il rencontre Claude Régy, qui lui apprend à maîtriser une « présence » scénique, puisée du plus profond de soi, dans la distance qui existe entre l'acteur et le personnage. Cet enseignement fonde aujourd'hui son travail de comédien, comme on pourra le voir tout à l'heure. Il travaille en tant qu'acteur dès 1987, avec Christian Schiaretti notamment, pour qui il crée le rôle d'Ahmed, inspiré de l'arlequin du philosophe Alain Badiou.
Cet Ahmed et son questionnement sur les origines d'Arlequin ainsi que sur le théâtre ne quittera pas Didier Galas de toute sa période de recherche sur Arlequin.
Il est artiste associé au Bateau Feu, scène nationale de Dunkerque, depuis 2007 et au Théâtre National de Bretagne à Rennes, depuis 2009.
Attiré depuis toujours par l'Asie, il est lauréat de la villa Kujoyama à Kyoto en 1998, puis, en 1999, se rend à Pékin.
À Kyoto, il suit l'enseignement de Michishige Udaka (maître de Nô), et à Pékin celui de Li Guang (maître de l'Opéra de Pékin), enseignements qui sont mis en avant dans Trickster.
[...] Le méchant qui fait rire et en devient comique, on le retrouve dans toutes les civilisations, aussi bien chez les Indiens d'Amérique, qu'en Europe, Chine, ou Japon Ainsi, Trickster devient celui par lequel Arlequin peut parler à l'internationale, et à eux deux ils forment un duo endiablé dans le corps du comédien Didier Galas. / \Il est cependant important de souligner que D. Galas se réfère à Scapin pour son Arlequin, et non aux valets un peu benêts de Marivaux. Il est d'emblée dans une volonté de rendre son personnage pertinent, de faire rire avec et non pas de son Arlequin. IV. [...]
[...] Présentation, analyse du projet et de la conception artistique. II. Une volonté de dépasser les frontières Son travail sur Arlequin commence en 2000, avec Monnaie de Singe, créé pour le Festival d'Avignon. Il est suivi en 2001 par Le petit arlequin, spectacle en tournée internationale pendant 10 ans (Portugal, Turquie, Allemagne, France Chose intéressante, Didier Galas rend son spectacle modulable en fonction des pays où il se rend : il fait donc son spectacle en chinois lorsqu'il est en Chine, et en japonais lorsqu'il est au Japon, sur le modèle des acteurs de la Commedia dell'arte du XVIe siècle. [...]
[...] Et effectivement, Trickster a l'air tour à tour étonné, effrayé, amusé, sans que le masque change, mais par le jeu physique époustouflant de Didier Galas. Lorsque le quatrième mur est encore en place, c'est une félicité extrême qui se lit sur le masque, dans l'étreinte langoureuse du balai qui devient ballet. Mais lorsque le quatrième mur s'effondre et que le public est instauré en public, le masque devient gêne, et cela est accentué par le geste discret, mais précis (et réitéré) du personnage qui réajuste le haut de son jogging trop court. [...]
[...] Rapport proportionné entre le jeu physique et le questionnement philosophique qui s'adapte à tous les goûts. Néophytes Les néophytes apprécieront le spectacle à proprement parler : nul besoin de connaître Arlequin et ses origines pour rire au jeu physique ou prendre plaisir aux joutes verbales de Trickster devenu personne. Public L'aspect décomplexé et peu regardant des conventions « traditionnel purement théâtrales pourra gêner un public » « traditionnel » (attaché à un théâtre traditionnel). La grande place laissée au corps, au mutisme, et au scatologique créera sûrement une barrière avec ce public. [...]
[...] Dans un de ses récits, il décrit son envie fondamentale d'entrer en contact avec son public, qui pourra nous éclairer dans notre analyse du spectacle Trickster : : « A chaque fois, le seul but a été de partager une pratique théâtrale, une recherche sur la présence (oui, encore la présence) pour préparer avec chacun d'eux ce moment exceptionnel de partage universel, cette cérémonie archaïque et contemporaine toujours recommencée qu'on appelle présentation. Ce travail de préparation est le même que celui que je fais avec le public de Rennes ou de Dunkerque. Pure relation avec le public, dignité du théâtre d'art, subventionné, fierté d'un art égalitaire pour tous. » III. Arlequin, sujet chéri Trickster, ou l'Arlequin de Trickster : le titre nous intrigue déjà : qui sont ces deux instances ? [...]
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