L'Argent fou de la Françafrique, Xavier Harel, enquête journalistique, journaux littéraires, chefs d'États africains, hommes politiques, bande dessinée
Annoncé par la maison d'édition sur toutes ses plateformes, YouTube, Facebook, et mêmes journaux littéraires et politiques, la bande dessinée L'Argent fou de la Françafrique relate ce que Glénat appellera "l'investigation tentaculaire qui a permis de mettre au jour l'incroyable fortune accumulée en France par plusieurs chefs d'États africains", aussi appelé l'affaire des "biens mal acquis", impliquant hommes politiques africains, mais aussi européens, avec notamment Nicolas Sarkozy. Écrite par Xavier Harel, dessinée par Julien Solé et colorée par Claire Champion, la bande dessinée met la barre très haut : le premier, diplômé en économie et en relations internationales - actuellement journaliste à La Tribune et collaborateur de la revue Politique Internationale- écrit un livre sur le sujet des "biens mal-acquis" en 2011, titrant Le scandale des biens mal acquis, en collaboration avec Thomas Hofnung, un journaliste de Libération. Suivant ce livre s'ensuite le début de l'enquête sur ces biens mal acquis, et le début de la publication de cette dernière via le médium de la bande dessinée avec Julien Solé dans La Revue Dessinée.
[...] La bande-dessinée présente aussi d'autres sorties de la norme, avec notamment, pages 86 et 87, un état des lieux des situations des protagonistes qui s'effectue à côté de leur portrait. Ces protagonistes, principalement hommes politiques, comme le président de la Guinée Equatoriale, ou encore militants, comme William Bourdon et l'association Sherpa, et son slogan "pour une mondialisation plus juste". Cette mise au point sur les protagonistes vient elle aussi du monde de l'investigation, appuyé par des tracés nets, des couleurs séparées par des traits noirs qui accentuent la dureté et la précision du trait, mais surtout par l'utilisation de phylactères récitatifs qui contextualisent en dehors des cartouches classiques, indiquant la présence d'un narrateur, dans un ton journalistique. [...]
[...] La bande-dessinée permet alors de comprendre le système derrière la Françafrique, et ses aboutissants et conséquences. Cette nouvelle manière de faire du journalisme, via l'art, est, comme le dit Xavier Harel, une manière de bien plus démocratiser la lecture d'enquêtes journalistiques, et de le faire d'une manière plus ludique, plus accessible à tous et toutes, tout en restant, via le style, les formats, les traits, très similaires à ce qui est trouvable dans un quotidien, avec notamment les caricatures et les enquêtes. [...]
[...] Ces accusations, longtemps restés soupçons, naissent en réalité du lien entre la France et ses anciennes colonies, ayant obtenu une indépendance pacifiste, grâce à leurs ressources, majoritairement le pétrole, au profit par exemple de la société Elf, racheté par la suite par Total. Ces liens entre certains pays d'Afrique et la France sont regroupé sous le nom propre "Françafrique", et sont en réalité tâchés de corruption et de détournements de fonds, les hommes politiques cherchant leur profit avant toute autre chose, ce que montre l'auteur dans l'illustration ci-dessous, où sont montrées les coups de fil entre l'Elysée et le gouvernement de Guinée Equatoriale. [...]
[...] Illustration Planche présentant des phylactères narratifs pouvant être isolés de l'image, page 20. Illustration Planche présentant des phylactères narratifs pouvant être isolés de l'image, page 20. La bande-dessinée place, dans ses premières pages, le contexte spacio-temporel : nous nous trouvons à Paris, le 28 septembre 2011, jour où le fils du président de la Guinée équatoriale se voit confisquer ses voitures, accusé de détournement de fonds, et plus. Dans ses dernières, par le jugement, et l'état des lieux des protagonistes politiques et sociaux, l'auteur nous indique la fin de son enquête. [...]
[...] Le journalisme d'investigation est en effet une prise de risque en lui-même, spécialement dans une affaire regroupant des hommes politiques et d'affaires millionnaires et très influents, comme c'est le cas dans l'affaire présentée ici. L'auteur, après avoir écrit son livre, publié quelques planches dans une revue dédiée à la bande-dessinée, écrit une oeuvre entière sur ce scandale politique, montrant ainsi une intégrité journalistique sans faille. Si L'Argent fou de la Françafrique est publiée un an après le verdict de Teodorin Obiang et sa condamnation (où il est par ailleurs absent), elle est en réalité en cours d'écriture depuis des années, telle l'enquête sourcée qu'elle est. [...]
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