Le site « MySpace », figurant parmi les principaux réseaux sociaux sur l'Internet, est fondé en 2003 par Tom Anderson et Chris DeWolfe, il a réuni l'année dernière 90 millions de membres. Comme le furent le téléphone ou le minitel en leur temps, les usages initialement dévolus à ces technologies ont été détournés par les pratiques des utilisateurs.
Ainsi, en constituant un lieu privilégié de présentation de soi et de sociabilité par la mise en place de dispositifs techniques spécifiques (variabilités graphiques, accessibilité techniques), l'équipe de « MySpace » établit un terreau propice à l'émergence de pratiques de publicisations musicales amatrices et professionnelles.
Dans ce contexte, ce dispositif rentre en écho avec les idéologies des premières heures de l'internet : la démocratisation et l'échange du savoir, de la culture.
[...] En effet, l'étude de l'auteur, concentrée sur la notoriété et plus particulièrement sur les meilleurs amis dans un article postérieur, pose la problématique de la dépendance du travail scientifique à son objet, et dans le cas présent au service marchand qu'est MySpace Qu'adviendrait-il de la valeur heuristique de cet article si le site venait à fermer ou changer radicalement de politique ? Cette question est d'actualité puisque le réseau social accuse une perte de 100 millions de dollars pour la période 2009-2010 et un effondrement de de son trafic. En réaction à cette situation, les dirigeants ont lancé une nouvelle formule, en misant sur les contenus mainstream au détriment de l'activité des amis. Bibliographie : Beuscart J.-S., Sociabilité en ligne, notoriété virtuelle et carrière artistique. Les usages de MySpace par les musiciens autoproduits , Réseaux 2008/6, 152, p. 139-168. Beuscart J.-S. [...]
[...] Ainsi, les artistes présents sur MySpace ne peuvent faire l'économie du circuit classique constitué des médias, des maisons de disques et des succès scéniques ; qui représente un premier signe de rentabilité économique et de potentiels marchés pour les industries culturelles. III Une analyse qualitative unilatérale Un hasard producteur de sens. Comme énoncé dans une partie antérieure, l'article est construit sur une méthodologie qualitative, où le discours des enquêtes prend une dimension séminale, posant alors les bases d'une analyse a priori boiteuse ou du moins suspecte. En effet, toute l'analyse déroulée au cours de l'article repose sur un corpus de 27 entretiens, dont les critères de recrutements et de représentativité des enquêtes ne sont pas évoqués. [...]
[...] Les plus actifs dans la vie artistique seraient surreprésentés au sein des 27 interviews. Cela n'est pas sans conséquence sur la teneur du propos formulé qui en réalité ne pourrait être universalisé et témoignerait plutôt de profils spécifiques, restreignant ainsi le cadre d'analyse aux artistes ambitieux Dans l'hypothèse où le recrutement pourrait être aléatoire, on peut penser que le regard dériverait alors vers des musiciens qui seraient plus souvent dans une posture de dilettante et réviserait ainsi le poids de la rationalisation de la notoriété. [...]
[...] A partir de ce constat, on imagine mal comment des artistes émergents, novateurs, peuvent percer grâce au seul site MySpace quand on sait que pour les majors la constitution d'une demande clairement identifiable est un préalable non négociable. Conclusion : En s'attachant à la question de la démocratisation de l'accès à la vie artistique sur le site MySpace Jean-Samuel Beuscart aura été contraint de définir un univers de microproduction et d'utiliser la notion de notoriété dont il va montrer que sa conception et sa réalisation sont équivoques. [...]
[...] Cependant, tous ne partagent pas cet état d'âme, bien que se soumettant à l'ambiance d'auto promotion généralisée, une minorité exprime des réticences à l'égard des formes de sociabilités proposées par le site et font alors un usage minimal de leur profil qui fait office de point de contact ou d'hypertextualité. Les entretiens sont alors l'occasion de faire émerger les stratégies de notoriété mises en place par les acteurs. La première concerne l'actualisation permanente de la page qui incite les visiteurs à consulter régulièrement le profil. La seconde réside dans le maintien de l'interactivité avec les autres utilisateurs via les commentaires ou les demandes d'amitiés ; la réciprocité est la norme. Toutefois, il existe deux attitudes à l'égard des sollicitations amicales. [...]
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