Le livre commence par le début de la « bataille » (c'est comme ça que la présente l'auteur) : En 2004 Google décide de numériser, en partenariat avec de prestigieuses Universités et bibliothèques anglo-saxonnes (Américaines surtout, mais aussi une Britannique), des dizaines de milliers de livres, pour les mettre en accès libre et gratuit à n'importe quel usager d'internet. Mais Jean-Noël Jeanneney, historien, homme politique et ancien président de la Bibliothèque Nationale de France, critique tout de suite de nombreux points de l'entreprise. C'est le départ d'une volonté de « réponse » Européenne à ce projet, qui se lance rapidement à travers toute l'Europe.
[...] On revient à la conception de l' hyperpuissance américaine, et de son influence sur le monde. L'Europe dit-il (et il est notable que si Jeanneney parle de la place de l'Europe dans le monde, il ne parle jamais de celle de la France), ne doit pas se laisser faire, et promouvoir sa propre culture, qui bien qu'occidentale se différencie de celle américaine sur certains points. Il ne dit pas que l'Europe bénéficie d'une meilleure culture, mais fait valoir le droit à l'altérité. [...]
[...] Car comme il le note, l'aura culturelle est extrêmement importante dans la future hiérarchisation des influences politiques mondiales. Conclusion Jeanneney nous livre dans son ouvrage une réflexion nuancée sur le projet Google, mais aussi sur le rôle de l'influence culturelle d'un pays dans le monde, et les moyens d'y riposter. Il reste extrêmement positif sur les chances d'une telle riposte, et fait bien attention à différencier dans sa critique les moyens de la fin. Il s'enthousiasme ouvertement de plus sur les possibilités fournies par internet, et les technologies de numérisation et prend ce qu'il estime comme un échec de la part de Google comme une opportunité pour l'Europe de faire mieux, et de corriger ces défauts. [...]
[...] Il avance encore le problème de la recherche (qui se fait par page et non par livre comme entité à part entière). II Un livre optimiste : Mieux faire est possible Toutefois, il est absolument à noter que l'ancien président de la BNF ne conteste pas l'avancée qu'apporte internet. Au contraire, tout au long de son livre, il met un point d'honneur à se moquer des adeptes de la sinistrose qui voient dans le moindre changement le signe certain d'une apocalypse prochaine. [...]
[...] On a alors l'occasion de revoir rapidement l'histoire du développement des médias en Europe et aux Etats-Unis, avec à chaque fois une preuve-exemple où l'Etat a aidé voire favorisé l'innovation (pour Google même Il consacre ensuite un chapitre à la publicité et ses effets pervers possibles, surtout dans le cas du projet Google Book Search, où les livres pourraient très vite être classés non de manière objective mais conditionnée par les intérêts des financeurs du site : Se pose tout de suite le problème de la sélection qui sera faite des ouvrages : Peut-on laisser, se demande Jean-Noël Jeanneney, une telle entreprise à une compagnie privée, sans aucune obligation d'impartialité donc, ni de diversité, ou encore de qualité. L'auteur arrive ensuite à la difficile et délicate question de l'influence culturelle. [...]
[...] Pour répondre au manque de pérennité de l'entreprise Google, Jeanneney avance avec positivité les back-up et sécurités mises en place par la BNF par exemple (projet SPAR), sous- entendant que numérisation n'est pas synonyme de risque constant de pertes de données. L'auteur s'intéresse enfin au chantier devant nous. Il recommande de n'oublier aucun acteur : entreprises prêtes à investir, éditeurs (partenaires essentiels dans cette entreprise qui touche tout de même à leurs propriétés), ingénieurs et scientifiques (qui peuvent et doivent collaborer pour mettre au point les outils puissants qui seuls permettront une utilisation sensée de cette base de données gigantesque), et la coopération des bibliothécaires de toute l'Europe ainsi que des pouvoirs publics. [...]
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