Chris Anderson est le rédacteur en chef du magazine américain Wired depuis 2001. Son intérêt pour l'économie et le numérique l'a amené à diriger la rubrique internet du journal The Economist. Après son ouvrage "La longue Traine" (2006), où il repense la compréhension du Web et de son économie, "Free!" fait figure d'une suite logique où l'auteur présente et développe le concept de la gratuité.
Ainsi, cet ouvrage porte en premier lieu un regard historique sur l'apparition et le développement de la gratuité. Son analyse montre comment l'aspect psychologique a fait du gratuit une technique commerciale puissante. Mais il ne s'arrête pas aux principes marketing, et expose les différentes formes complexes de la gratuité aujourd'hui. Il présente ensuite le bouleversement réalisé par l'industrie numérique, qui permet comme il le démontre d'approcher des coûts de production proches de zéro, et ainsi de développer des biens et services gratuits.
On entre ainsi dans une véritable économie du gratuit, ou "freeconomics". Il montre enfin comment l'absence de prix n'est pas une absence de valeur, et qu'une valeur non monétaire peut être convertie en valeur monétaire par certains entrepreneurs. L'analyse d'Anderson est d'inspiration classique, dans le sens où il se place davantage du côté de l'offre, et prône des marchés en situation de concurrence pure et parfaite pour arriver à l'optimum. Il reprend aussi la perspective de Schumpeter, pour qui l'innovateur est l'un des moteurs du capitalisme.
[...] Ce concept de gratuit fut repris par le marketing durant tout le XXe siècle. Le développement des agences de pub et des supermarchés l'ont placé en tête de leurs stratégies psychologiques, et la diffusion gratuite de la télévision et de la radio a créé un marché de masse. Au XXIe siècle, la notion de gratuit n'est plus un artifice selon Anderson, car elle repose aujourd'hui sur une aptitude à abaisser les coûts des biens et services [certains biens et services!] aux environs de 0. [...]
[...] Le non-problème du passager clandestin. La stratégie du passager clandestin est énoncée par Mancur Olson dans Logique de l'action collective (1971), et désigne le fait que la rationalité individuelle conduit les individus à ne pas payer pour quelque chose dont ils peuvent profiter gratuitement. Son exemple concerne les conflits sociaux, qui représentent un coût de participation individuelle alors que les gains tirés du conflit profitent à tous. Mais pour Anderson, cette logique n'est pas applicable dans le monde du Web. [...]
[...] Un média oublié, l'univers des jeux, sur lequel reposent quatre modèles économiques innovants bâtis autour de la gratuité 1. La vente d'articles virtuels. Notamment présente dans les jeux en ligne, elle consiste à ne faire payer que des accessoires virtuels, qui augmentent la satisfaction du joueur sans lui donner un pouvoir supplémentaire. Cette technique est efficace, car le joueur est pleinement conscient de l'utilité de son achat, ce qui limite l'incertitude Les abonnements. Il s'agit d'un abonnement contracté pour obtenir de nouvelles fonctionnalités dans un jeu à la base gratuit La publicité : présence d'encarts publicitaires dans des jeux gratuits 4. [...]
[...] Dix ans plus tard, les prix ont chuté. Simon avait anticipé l'effet de substitution : quand une ressource devient trop rare/coûteuse, on lui trouve une remplaçante [l'innovation de matière première est nécessaire cependant2]. La demande de la première ressource baisse, le prix chute. Le gratuit et la science économique L'auteur explique aussi l'intérêt trop faible de l'économie pour les situations d'abondance, car elle se veut la science du choix en situation de rareté (p.58). Le XXe siècle est caractérisé par l'apparition de nombreuses situations d'abondance, à en juger par le nombre de biens aujourd'hui jetables (les habits qu'on ne fait plus rapiécer, les appareils photos jetables . [...]
[...] Ce produit ne se vendait pas car inconnu des ménages (quand et pourquoi le consommer . Le propriétaire de la Jell-O contourna ce problème en lançant une campagne de pub dans un magazine, et distribua gratuitement un livret de cuisine sur l'utilisation de la gélatine (le coût du papier relativement bas, et le contournement de la licence de VRP permirent la réalisation financière du projet). Les ventes démarrèrent, et deux ans plus tard (1906) l'entreprise réalisait un chiffre d'affaires dépassant le million de dollars. [...]
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