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Le blog Journal d'un avocat. Instantanés de la justice et du droit fut créé en avril 2004 par Eolas, pseudonyme choisit par un avocat du barreau de Paris ayant « constaté un intérêt poussé pour la justice et le droit de manière générale, intérêt laissé insatisfait par l'opacité de la matière et la difficulté d'appréhender, pour un esprit non formé - à moins que ce ne soit déformé ? - au droit. » À côté de cet objectif pédagogique, le blog est de plus en plus devenu un lieu d'analyse et d'exégèse de l'actualité juridique et politique. Celui-ci a connu au fil des années un succès de plus en plus important, s'est vu légitimé par les médias traditionnels et semble être aujourd'hui complètement intégré au circuit médiatique, participant aux débats et suscitant même polémiques et prises de conscience sur certains sujets plus ou moins liés à la thématique juridique, l'auteur ayant dans le même temps - et surement de façon corrélée - affirmé ses prises de position.
Il semble, a priori, nécessaire de définir un blog. Le terme fut créé en 1997 par Jorn Barger à partir des termes web et log, soit « journal de bord sur le web ». Selon Xavier Greffe et Nathalie Sonnac dans Culture Web, « un blog s'apparente à un site web simplifié, offrant une succession de petits textes, appelés billets ou postes, souvent agrémentées d'illustrations visuelles ou sonores. Mais à la différence d'un site web qui exige la maitrise d'un langage et de codes de programmation, la création d'un blog n'exige pas de compétences techniques élevées. [...] Pour devenir blogueur, il suffit de savoir écrire. » Le site d'Eolas s'inscrit entièrement dans cette définition, et par ailleurs dans la chronologie générale du blogging. En effet, c'est entre 2001 et 2004 que cette forme médiatique atteint une importance critique, pour devenir mainstream. Si le terme est ici encore Anglo-saxon, c'est que cette activité et la reconnaissance subséquente obtenue est d'abord atteinte aux États-Unis avec des blogs comme Political Wire ou Instapundit. Ainsi, le blog en question s'inscrit totalement dans une tendance du web, très contemporaine, et rapidement labellisée web 2.0 sur lequel nous reviendrons. La forme du blog, et le web en général, favorisent la stratégie pure player et il n'est pas étonnant qu'il s'agisse de la stratégie choisie par l'auteur. Toutefois, on notera que celui-ci ne s'est pas (encore ?) inscrit dans une logique économique - à l'inverse de nombreux autres blogs à l'image de Perezhilton.com. Malgré tout, la présence de plus en plus importante, au fur et à mesure des années, d'Eolas dans le circuit médiatique en général semble permettre de poser la question d'une autre manière, en termes de modèle économique numérique.
[...] En effet, une critique lancinante adressée au web et ses acteurs, et notamment de la part des médias traditionnels, est le manque de déontologie, régulation, transparence, retenue et vérification. A ce titre, le Journal d'un avocat, tout à la fois meilleur utilisateur des possibilités du web (illustrations, vidéos, liens hypertextes[3] ) et tout aussi strictes, voire parfois plus[4], que les médias traditionnels marque sa différence vis-à-vis des autres acteurs du web. Cette liberté dans la retenue est soulignée par Pascale Robert-Diard, journaliste au Monde, pour qui la chronique [judiciaire dans la presse traditionnelle] se résume bien souvent aujourd'hui à un feuilleton judiciaire relatant les grands évènements d'audience Le flou présent sur le blog d'Eolas, à comparer aux médias traditionnels et portés tant par la forme que le fond, peut donc s'avérer un atout, mais il semble que ce sont les gardes-fous mis en place qui permettent d'éviter une certaine dérive qui aurait largement desservi le site. [...]
[...] Cependant, cela laisse entrevoir qu'il s'agit bien d'une entreprise personnelle et non d'une institution comme peut l'être Le Monde. On peut alors se poser la question de la pérennité du blog, entre autres. On en revient ici, du même coup, aux considérations sur les limites d'un tel outil dans le contexte de l'évolution des pratiques journalistiques et du monde médiatique. Cette réponse est particulièrement intéressante vis-à-vis du modèle économique et des hypothèses évoquées plus haut quant aux motivations de l'auteur et à son inscription dans la communauté des internautes et une certaine vision d'Internet. [...]
[...] On peut attribuer, en grande partie, cette évolution à la reconnaissance obtenue auprès du public et des autres médias et peut-être, sans doute, à une plus grande expérience de l'auteur lui-même, en un sens autodidacte. De fait, le blog tend à se rapprocher des pratiques journalistiques traditionnelles sur ce point. Ceci semble confirmé par des billets étant repris par la presse traditionnelle où les auteurs ne se contentaient pas d'une analyse des faits, mais en présentait de nouveau, jugé digne d'attention, à leurs lecteurs. [...]
[...] Ça s'appelle un blog et comme Narvic[9] [un autre blogueur], je pense que cette série de billets est une avancée formidable dans l'exploration des potentialités d'internet et des blogs. Ce qu'Eolas a fait, jamais un média classique n'aurait pu le faire, le désintéressement, la non-volonté d'exploiter économiquement ce qui leur tombe entre les mains, ils ne connaissent pas. Un média classique aurait sans doute transformé cette prise de parole digne et profondément signifiante en un cirque destiné à générer de l'audience. [...]
[...] Ceci atténue sans doute, comme le disait Pascale Robert-Diard, le caractère austère de la matière abordée. L'ironie, l'humour en général, mais aussi parfois le mépris accompagnent un propos acerbe et méthodique vis-à-vis des personnalités et institutions concernées par les billets. Ainsi, dans un billet du 18 septembre 2008 intitulé Si on ne peut plus dire n'importe quoi en plaidant maintenant , l'ancienne Garde des Sceaux, Rachida Dati, se voit décrite de la façon suivante: Notre garde des Sceaux que mille soleils éclairent son chemin [ ] Dans Un arrêt du 4 juin 1997, soit l'année même ou l'Aphrodite de la place Vendôme bénies soient les bottes Dior qui ont reçu ses divins pieds Il en est de même vis-à-vis du billet Cas pratique qui commente un communique de presse du syndicat SYNERGIE OFFICIERS déplorant la condamnation de sept policiers impliqués dans une affaire de faux témoignage ce à quoi Eolas répondit: Je suis naturellement solidaire de ces policiers face à l'acharnement de la justice à leur encontre. [...]
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