Quel est donc, dans l'univers des formes et des pensées, le processus de créativité dont les jeux permettent de définir l'art du mouvement "Pictures Génération"?
[...] II Un art spectacle, main non spectaculaire. Mise en scène des modèles, utilisation de la performance, de la danse, tels sont les éléments témoignant du goût pour la sollicitation du spectateur dans l'art de « Pictures ». En simulant le vrai et en invitant le spectateur à se prononcer, les œuvres de la génération deviennent le lieu d'un véritable spectacle où dominent les signes à travers l'humour et l'ironie. Pourtant, si cet art prend bien la forme d'un spectacle, il s'éloigne du caractère spectaculaire, tant dénoncé par Guy Debord. [...]
[...] Elle est en revanche extensible. Si la pensée de Barthes concerne essentiellement la méthode d'approche des écrits littéraires, ses idées peuvent s'étendre à d'autres créations. C'est pourquoi certains auteurs ou artistes ont repris cette nouvelle exploration de la créativité. Ainsi, de même qu'un intertexte ne fait pas le texte, un thème ne définit pas une composition musicale, ou encore un élément iconographique d'une peinture ne témoigne pas de son sens profond. En s'affranchissant de l'importance accordée au créateur et à sa pérennité, les artistes de la « Picture Generation » intègrent pleinement cette gymnastique d'esprit qui consiste à créer un univers complexe à partir d'une simple copie ; d'élaborer une structure riche de sens au point que chaque spectateur puisse y trouver le sien, ouvrant à sa propre direction de l'œuvre et à son prolongement vivant. [...]
[...] Le mouvement « Pictures Generation » avait-il conscience de ces limites et les a-t-il prises en compte ? Nous savons que Daniel Buren a réfléchi à ces problématiques touchant aux contrôles de l'interprétation des œuvres. Il s'est très souvent soucié d'intégrer le spectateur dans les fils conducteurs de ses œuvres en étudiant, en amont, l'organisation, l'environnement jusqu'aux présentations de cartels. Cependant, les caractères démocratique et universel de ses œuvres prédominent. La relativité semble une logique plus empreinte de la pensée structurelle de « Picture Generation ». [...]
[...] Ils tentent d'échapper aux schémas analogiques simplificateurs en proposant une dimension nouvelle de l'esthétique de la réception. Il est important d'ajouter également que si copies il y celles-ci ne se veulent pas obligatoirement fidèles. Des modifications peuvent être apportées sur la couleur, la matière, le média, les dimensions, etc. Toute expression d'unité se doit donc d'être bannie. En effet, des trente artistes représentés, la plupart se sont appropriés de modèles très différents. Ainsi, Cindy Sherman s'est inspirée de poses issues d'images du cinéma, comme dans Untitled Film Still de 1978. [...]
[...] Ces propos de Michel Foucault corroborent avec les idées de Barthes et celles des artistes de « Pictures ». Il faut y voir une préoccupation neuve qui dépasse le monde intellectuel et scientifique : la structure. Alors que la méthode d'étude se définie comme le propre des domaines de la théorie, cette fois, forte de son succès, elle inspire la créativité et l'univers artistique. Il ne s'agit plus de rompre par la plastique ou le sujet de l'œuvre, mais par les manières d'abordage. [...]
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