Culture visuelle, histoire de l'art, pratique pluridisciplinaire, Sciences humaines et arts, Anthropologie, visualité, empereur de Chine, Louis XIV, politiques, figure du flâneur, féminisme, notion de surveillance, vision, regard
La culture visuelle est souvent décrite comme un agrandissement de la discipline académique qu'est l'histoire de l'art. Elle ne peut être une discipline autonome : les images renvoient toujours à autre chose qu'elles-mêmes, que ce soit une culture, une idéologie, des pratiques technologiques. C'est une pratique pluridisciplinaire qui mêle différentes approches issues des sciences humaines et sociales : l'anthropologie, la sémiotique, la psychanalyse, l'histoire, la sociologie. Elle requiert une attitude critique face aux images et à tout ce qui constitue visuellement une culture.
[...] Autre exemple : l'œuvre d'Amalia Ulman, Excellences & Perfections, réalisée en 2014. Cette artiste d'origine espagnole, durant quatre mois, s'est mise en scène sur Instagram. Elle y a créé le récit stéréotypé d'une jeune femme venue à Los Angeles avec un rêve, celui de devenir une star. Elle y décrit ses débuts, ses difficultés, son ascension sociale et économique, et ce devant des dizaines de milliers d'abonnées ayant cru en son personnage. Ulman a souhaité mettre l'accent sur le culte de la personnalité à l'époque des réseaux sociaux, sur l'absence de dichotomie entre vie privée et vie publique. [...]
[...] On utilisa très tôt la photographie pour saisir l'identité visuelle des criminels. Au départ, on peut voir des miroirs sur ces photos, permettant de combiner la vue de face et de profil sur la même image. En témoigne la photographie de Mary and Edward Mangan, arrêtés le 24 novembre 1893, exposée au Preston Park Museum & Grounds, en Angleterre. Au XXème siècle, l'utilisation de la photo d'identité judiciaire devient de plus en plus systématique. Elles demandent donc à être étudiées comme preuves imagées des suspects, photographies dévoilant des identités, éléments d'enquête, témoignage de l'avancement de la photographie d'identité criminelle (avec ou sans miroir, type de pose). [...]
[...] Prenons l'exemple du flâneur, qui se promène dans la ville moderne (Walter Benjamin (1892-1940), dans son ouvrage sur Baudelaire). Pour Benjamin, dans les grandes villes, la vue prend le dessus. La vision devient une pratique sociale : celle de la figure du flâneur, qui ne fait que regarder. Simple observateur incognito pour Baudelaire, c'est un participant qui n'agit pas, qui se sert seulement de son regard. La période de l'art moderne, de même, n'a accordé que peu d'intérêt au spectateur de l'art. Seul son regard était sollicité. Le spectateur idéal était sans corps, regard pur. [...]
[...] En Chine, une stratégie visuelle similaire est élaborée. Le visuel de la cité interdite, ou plutôt son invisibilité, construit symboliquement la figure d'un dirigeant inaccessible. Mao choisit une visualité opposée : il se rend visible dès 1949, proclamant la naissance de la république populaire de Chine. Son portrait est affiché sur les places publiques, sur des timbres. L'espace public est visuellement occupé par l'image du dirigeant, créant une proximité paradoxale, qui renforce la présence du pouvoir, qui reste pourtant non-physique. [...]
[...] La surveillance, pour sa part, est une technique de contrôle. Elle se caractérise par une vision plus qu'un regard : les caméras sont dirigées passivement vers un espace sous surveillance, sans égard pour ce qu'il y advient. Une caméra de surveillance du film Brazil, de Terry Gilliam (1985), explicite le danger de cette vision qu'on oublie presque, du fait qu'elle n'est pas regard. Il fait d'une caméra un œil rouge, métaphore du pouvoir, instrument du contrôle du sujet. Enfin, la théorie féministe peut nous aider à comprendre cette différence. [...]
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