Explication et critiques : Musée Marmottan, balade ‘clair-obscur' hors du temps.
[...] Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. » Cette idée d'aube, de la gelée cristalline qui décore d'argent la colline striée d'ombres évoque presque la brume londonnienne, le « fog » traditionnel de la campagne anglaise. À Cambrige, à vélo, un petit vallon qui s'efface au loin. Le soleil est encore bas et le givre fondra bientôt sous les premiers rayons. L'originalité de ce tableau, ce sont ces stries qu'on prend au premier regard pour des traces de labourage. [...]
[...] À l'arrière-plan, des silhouettes furtives d'autres femmes les pieds dans l'eau se dessinent à l'horizon. Les couleurs du tissu en madras normalement vives sont dans le tableau représentées de façon extrêmement discrète et atténuées. A peine quelques touches furtives de vert et de rouge se détachent. De ce tableau où la lumière douce et harmonieuse tient le rôle principal se dégage une impression de sérénité, de douceur. On imagine un moment paisible de fin de journée, la récompense après une journée de labeur dans les champs de canne à sucre bien remplie. [...]
[...] Toutefois, la gelée et les couleurs utilisées sur le sol iraient plutôt dans le sens d'un paysage hivernal. Et les bottes de foin bien rangées en arrière-plan laisseraient penser que l'été démarre ou va s'achever . En tout cas, la nature sublimée semble triomphante comme dans la Symphonie Pastorale de Beethoven (1805) que le peintre a peut-être entendue. Comme dans Deux femmes causant en bord de mer, la nature omniprésente est toutefois le théâtre de l'activité humaine. Ce paysan sur le chemin donne la direction au tableau, le sens de la marche, l'indication du chemin. [...]
[...] Peintre paysagiste majeur du mouvement impressionniste, Pissaro demeure injustement méconnu, contrairement à Monet ou Renoir. À l'entrée de cette exposition temporaire, c'est le peintre lui-même qui nous salue par le biais de son autoportrait, puis on se laisse bercer dans les lumières caressantes de ces oeuvres. Intéressant de penser que l'oeil du peintre s'est formé sous les lueurs intenses des Antilles Danoises. Chevalet sur le dos, il parcourt inlassablement la contrée où il vit. Pourtant, point de lumière éclatante dans Deux femmes causant au bord de la mer (1856). [...]
[...] Plié sous son fardeau, il s'appuie sur sa canne pour poursuivre sa progression. Ces deux tableaux ont ainsi particulièrement marqué ma visite. La salle des rotondes au sous-sol où sont accrochées les Nymphéas a aussi produit son effet, tout en rondeur, avec ses colonnes. Cette pièce m'a donné l'impression d'un temple grec ou romain dressé en l'honneur des impressionnistes. Malheureusement, l'affluence encore une fois et particulièrement dans cette pièce a empêché une véritable appréciation de l'effet produit par cette mise en scène. [...]
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