Mythe de Diane et Actéon, Ovide, Métamorphoses, hybris, Emblèmes d'Alciat, nymphes, Jean de Tournes, Pétrarque, animalité, Wtewael, conscience humaine, mythologie grecque, Bernard Salomon, Titien, nudité divine, érotisme, scène du bain, figure du chasseur, contrapposto, commentaire d'oeuvre
Ce mythe est raconté par Ovide au livre III des Métamorphoses. Actéon, un jeune chasseur thébain, va se reposer dans une forêt après la chasse. Il pénètre alors dans le bois dans lequel Diane, déesse de la chasse et de la chasteté, se rend avec ses nymphes pour se laver une fois la chasse accomplie. Selon Ovide, le jeune homme surprend par mégarde la déesse nue au moment de son bain. De colère, cette dernière jette de l'eau sur sa tête et le transforme ainsi en cerf. Actéon, métamorphosé en animal, fuit, mais se retrouve pourchassé par ses propres chiens, qui ne reconnaissent pas leur maître et le mettent en lambeaux.
Ovide n'est pas le premier à avoir évoqué ce mythe, qui a été relaté par d'autres auteurs antiques comme Nonnos de Panopolis, dans ses Dionysiaques, ou Hygin, dans ses Fables. Or, dès l'Antiquité, les auteurs offrent différentes lectures des éléments qui sont au coeur du récit. Ces différents aspects sont donc très tôt thématisés comme des éléments charnières dans le mythe, et seront ensuite ce sur quoi se concentreront les artistes à la Renaissance. Le regard d'Actéon devient ainsi propice au questionnement du voyeurisme, ce qui focalise la réflexion sur la nudité de la déesse vierge, prétexte à une emphase de l'érotisme qu'elle suggère, et la punition infligée par Diane permet de mettre en avant la supériorité de la femme dans le rapport amoureux, et d'évoquer la maîtrise des désirs sauvages de l'homme.
[...] De fait, Diane apparaît dans la gravure qui illustre le texte, entourée de ses nymphes, face à Actéon qui la regarde. En 1557 est également publiée la Métamorphose figurée, à Lyon, par Jean de Tournes, à laquelle Barthélémy Aneau a participé. Le mythe d'Actéon y est illustré de deux gravures de Bernard Salomon, la première figurant le moment où Diane transforme Actéon et la seconde la mort du chasseur, dévoré par ses chiens. De nouveau, une des illustrations se concentre sur le regard d'Actéon, et la punition qui s'ensuit, qui est figurée par l'eau que Diane jette sur le chasseur. [...]
[...] Dans la version de Vienne de Wtewael, le peintre montre ce retournement des chiens contre leur maître. Actéon et ses chiens sont rejetés à l'arrière-plan, Diane est au second plan, de dos, en train de l'arroser, et le premier plan est occupé par des nymphes dénudées et des chiens. Wtewael crée ainsi un jeu d'échos entre les chiens de la déesse et ceux du mortel. Au premier plan, les chiens sont obéissants, un lévrier enserre la jambe de la nymphe debout à gauche en baissant la tête, preuve de sa soumission à sa maîtresse, tandis qu'à l'arrière-plan, le chien lève la tête vers Actéon comme pour l'attaquer, provoquant une torsion du corps de son maître qui se tourne vers lui. [...]
[...] - TRESIDDER, Warren, The Stag's Skull and the Iconography of Titian's "Diana and Actaeon". In: RACAR : revue d'art canadienne/Canadian Art Review, Vol No pp. 145 VASSELIN Martine. ‘Les métamorphoses d'une déesse antique : les figures de Diane dans les gravures du XVIe siècle.' In: Albineana, Cahiers d'Aubigné Le mythe de Diane en France au XVIe siècle, sous la direction de Jean-Raymond Fanlo et Marie-Dominique Legrand. pp. 247-277. - VILLEMUR, Frédérique, « La Flèche et le Baiser : Diane et Callisto ». [...]
[...] Les représentations du mythe insistent donc sur le processus de transformation de l'homme en animal. B. Le passage de l'humanité à l'animalité Dans Les Métamorphoses, Ovide décrit précisément le moment de la transformation d'Actéon, et insiste sur le passage du corps humain au corps animal. « Elle fait naître sur la tête ruisselante du malheureux les cornes du cerf vivace, elle allonge son cou, termine en pointes le bout de ses oreilles, change ses mains en pieds, ses bras en longues jambes et couvre son corps d'une peau tachetée. »[7]. [...]
[...] Le petit chien de Diane aboie celui de chasseur, mais n'ose pas de dépasser le ruisseau. On pourrait supposer que Titien a créé cette composition non seulement pour monter la confrontation de deux sexes, mais aussi pour partager le monde des dieux du monde des mortels. Diane transforme le chasseur en cerf qui sera dévoré par les chiens comme une proie. La mort d'Actéon est le point central du récit qui représente le héros en une posture de victime. Il n'est pas capable de s'exprimer, car il devient un animal qu'il chassait auparavant. [...]
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