Iconographie, mythe d'Hermaphrodite, Ovide, figure de la nymphe, représentations sexuées, Antiquité, mythologie grecque, Salmacis, Hermès, Aphrodite, Gossaert, Tintoret, Samuel Van Hoogstraten, inversion des genres, figure bisexuée, Magali Le Mens, Crispijn van de Passe
Une métamorphose est le mot d'origine grecque (meta = un changement ; morphé = une forme) signifiant le changement de forme ou de nature. La métamorphose est aussi une transformation d'un être ou d'un objet en un autre être ou objet. Ce n'est pas par hasard que le poème d'Ovide a été appelé "Les Métamorphoses". Il raconte comment les dieux, des hommes et des objets se transforment aux autres formes : animaux, arbres, fleuves ou des créations. Le mythe d'Hermaphrodite représente une des plus emblématiques métamorphoses de ce poème. La seule source connue de ce mythe est le texte d'Ovide. On ne connaît pas d'autres sources grecques ou latines.
Néanmoins en Asie Mineure et en Chypre on trouve le culte grec du dieu Aphroditius et Hermaphroditius. Ce culte existait aussi à Athènes en IVe siècle av. J.-C. Marie Delcourt dit que cette divinité favorisait l'union sexuelle par le mariage. Chez Ovide, Hermaphrodite, le fils d'Hermès et d'Aphrodite rencontre la nymphe Salmacis au bord du lac de Carie. Celle-ci s'éprend du bel adolescent, l'enlace fortement et demande aux dieux d'unir leurs corps en un seul. Le voeu est exaucé et ils ne forment plus qu'un seul être bisexué, à la fois mâle et femelle.
[...] Les peintres ont utilisé cette technique pour représenter le mythe d'Hermaphrodite. Dans les « Métamorphoses », Salmacis faisait semblant de partir et se cachait derrière les arbres. Le jeune homme se sentait en sécurité, se déshabillait et se plongeait vite dans l'eau. Les artistes ne suivaient pas le texte d'Ovide et représentaient Hermaphrodite, en posture statique dans le moment où il entrait très lentement dans l'eau ou au moment de son bain. Ils invitaient le regardeur de s'identifier à Salmacis et d'observer le jeune homme en train de se baigner. [...]
[...] D'habitude c'est l'image d'une nymphe : une jeune fille vierge, innocente et pudique. Salmacis continue de harceler Hermaphrodite et enfin il dit « Tu arrêtes, ou je m'enfuis et je t'abandonne, toi et ces lieux ? » Elle lui cède et laisse le jeune homme tranquille. Elle fait semblant de partir, mais en réalité elle se cache derrière les arbres. Ici commence la deuxième partie qui nous présente une scène inversée du voyeurisme. Hermaphrodite se calme et décide de se plonger dans l'eau. [...]
[...] Sigmund Feyerabend : 1580) « De Hermaphroditio » fil v ; copie du collège jésuite de Munich, Bayerische Staatsbibliothek - Pieter van der Brocht « Salmacis et Hermaphrodite », gravure pour Ovide, Métamorphoses (Anvers, Joannes Moretus, 1591) - Virgil Solis ‘Salmacis et Hermaphrodite', gravure pour Tetrasticha (Francfort, Sigmund Feyerabend, 1563) Les représentations plus tardives de ce mythe (entre 1515 et 1770) s'intéressent pour la plupart aux perversions sexuelles présentes dans ce mythe et non pas à l'union de deux êtres. On trouve deux types de représentation : la première est une scène du voyeurisme inversée, où la nymphe se cache derrière le buisson. La deuxième est une représentation du viol d'Hermaphrodite par Salmacis. Une scène du voyeurisme inversée Les propriétaires des tableaux représentant le mythe d'Hermaphrodite étaient des hommes. [...]
[...] Les conséquences de la reddition d'Hermaphrodite sont représentées par l'apparition fantomatique en arrière-plan. Dans le texte des Métamorphoses, Salmacis n'arrive pas à vaincre le fils d'Hermès et d'Aphrodite ; il commence à s'échapper. La nymphe, alors demande aux dieux « ordonner que nous ne soyons jamais séparés, lui de moi, moi de lui. » Les dieux entendent sa prière et leurs corps s'unissent en formant un seul. Selon Ovide « ils semblent n'être ni l'un ni l'autre et être l'un et l'autre ». Après sa métamorphose Hermaphrodite demande aux dieux de faire que l'eau de cette source efféminée quiconque entre en contact avec l'eau de la source. [...]
[...] Si l'hermaphrodite n'est plus ni un homme ni une femme, il est soit un monstre, soit un être idéal (ce qui le rapproche, en ce sens, de la figure idéale de l'androgyne platonicien). Dans l'art, sa dimension érotique est un atout esthétique : s'il ne peut être comblé, comme l'écrit Magali Le Men, son imperfection sexuelle sera « interprétée comme une surabondance de possibilités érotiques »[18]. Les mots ambigüité et ambivalence ont d'ailleurs la même racine étymologique. Ainsi, l'être ambigu qu'est l'hermaphrodite est aussi une sorte de fantasme érotique et artistique. Magali Le Mens cite Mircea Eliade qui le décrit comme « une espèce de perfection sensuelle résultant de la présence active des deux sexes ». [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture