Un exemple de l'architecture néoclassique à Paris : la construction de l'église de la Madeleine passe par bien des péripéties.
Après la commande des premiers plans sous Louis XV en 1757, les difficultés rencontrées par les architectes du roi et leurs irrésolutions font qu'à la veille de la Révolution l'édifice n'est pas achevé. Il est cependant bien avancé puisque les colonnes sont déjà ornées de leurs chapiteaux.
[...] Il est entouré de deux anges. A sa gauche, l'archange Saint-Michel chasse les réprouvés, personnifiés par les Vices. A sa droite, un ange tient la trompette qui a appelé les morts au jugement. Singularité de la composition, Marie-Madeleine est agenouillée à droite, avec les réprouvés: elle exprime ainsi la repentance qui est une constante du programme iconographique. A la droite du Christ, les Vertus conduisent les élus : la Foi croise les bras avec conviction, l'Espérance s'appuie sur une ancre, une jeune vierge porte la couronne du Martyre tandis que la Charité tient dans ses bras deux enfants. [...]
[...] Cependant, ce projet ne peut être achevé faute de moyens. Dès lors, la Madeleine se pare des atours d'une église plus conventionnelle. A la mort de Vignon, en 1828, l'église n'étant pas encore achevée, Huvé le remplace pour réaliser les voûtes et les sculptures. C'est lui qui mène l'édifice à son achèvement en 1842. L'église de la Madeleine est finalement consacrée par l'archevêque de Paris, Mgr Affre, le 9 octobre 1845. Bien que l'église de la Madeleine ne soit pas surmontée d'une croix, sa fonction liturgique et la symbolique religieuse sont discernables dès l'extérieur sur le fronton, qui représente la scène du Jugement dernier. [...]
[...] Ainsi, les 52 colonnes qui entourent l'édifice sont de type corinthien et la décoration s'inspire des thermes antiques, notamment de Caracalla. chapiteaux corinthiens, église la Madeleine, détail Les colonnes de la façade ouest, photographie, Hans Mauli La grandeur antique au service d'un Temple de la Gloire Le décret impérial rendu, au camp de Posen (Pologne), le 2 décembre 1806, prend ainsi la décision d'élever, sur les constructions commencées, et en les conservant le plus possible, un Temple de la Gloire. [...]
[...] Le nom de l'église lui-même participe de cette volonté de rappeler aux Français l'épisode de la monarchie et la possibilité de retrouver, à l'image de Marie-Madeleine, une juste attitude. Toutefois, cette volonté de réhabiliter la monarchie ne se fait pas de manière péremptoire mais subtile, par symboles. Le message n'en est que plus efficace dans un contexte politique encore bien instable. Conclusion L'église de la Madeleine, tant par son architecture que par ses choix artistiques, constitue bien une redécouverte de l'art grec. [...]
[...] Cependant, il serait limité de ne percevoir ces éléments que comme esthétiques. Comme souvent, l'art est ici politique et l'ensemble des éléments qui semblent, de prime abord relever de la liturgie chrétienne dissimulent, dans les faits, une volonté de la monarchie de se réimposer comme figure de droit divin à l'issue de la révolution. Cette volonté reste cependant discrète, ce qui participe à l'efficacité du message politique porté par les éléments décoratifs de l'église. [...]
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