Parce qu'il a radicalement transformé les critères visuels établis pendant la Renaissance, l'impressionnisme est un des évènements incontestablement importants dans l'art européen depuis cette époque. Cette nouvelle peinture voit le jour entre 1860 et 1890 et prend le nom d'impressionnisme en 1874. Presque tous les développements ultérieurs dans le domaine de la peinture et de la sculpture découlent de ce mouvement : ses principes de base ont d'ailleurs influencé bien d'autres formes artistiques telles que le symbolisme, l'art nouveau ou le cubisme. L'impressionnisme a remplacé une approche conceptuelle, fondée sur la nature de la chose vue, par une approche fondée sur l'expérience personnelle.
Par la formulation d'une doctrine du « réalisme », qui pouvait s'appliquer au sujet autant qu'à la technique, il a mis de côté tous les éléments anecdotiques, historiques ou romantiques, pour se concentrer sur la vie et les phénomènes de son époque.
Les peintres impressionnistes abandonnèrent leurs ateliers pour se consacrer à la peinture de plein air qui leur permettait d'entrer en contact plus directement avec le sujet qu'ils avaient choisi. Ils développèrent alors une technique dictée par l'usage. Ils utilisèrent une palette arc-en-ciel et expérimentèrent différentes techniques pour casser la couleur.
L'impressionnisme fut l'un des premiers mouvements artistiques établi sur la conscience qu'un groupe d'artistes avait de lui-même. Ses adhérents organisèrent de nombreuses expositions et entreprirent, de temps en temps, des actions communes, mais leurs personnalités et leur art étaient très différents. L'impressionnisme est né dans un certain contexte social et culturel, qui a énormément influencé la formulation de ses principes et la définition de son idéologie.
Alors que l'impressionnisme est synonyme de changements, de nouveauté face au temps qui passe, ne serait-il pas dangereux d'exagérer leurs exploits en les considérant uniquement comme des révolutionnaires idéalistes en révolte contre l'ordre artistique établi ? Il y a bel et bien au XIXe siècle une gigantesque révolution artistique, mais nous avons peut-être plus intérêt à qualifier les peintres du XIXe siècle d' « innovateurs de l'art moderne », plutôt que de révolutionnaires.
Quoi qu'il en soit, alors qu'elle était considérée au XIXe siècle comme absurde et choquante, l'œuvre impressionniste, aujourd'hui, n'a rien d'une révolution à nos yeux. Un siècle s'est écoulé : son succès est bien présent et stable.
Ainsi, entre traditionalisme et modernité : comment une œuvre dite « révolutionnaire » est-elle un véritable succès aujourd'hui, voire une banalité ? Le temps a-t-il un impact sur l'art et son appréciation ?
[...] Car là où il y a choix, il y a expression pour l'artiste impressionniste. L'art devient donc un moyen d'expression de l'artiste et va pour la première fois exprimer réellement une individualité. C'est pourquoi le choix est désormais libre. Au XVIIIe siècle, il s'agissait de peindre de nobles héros ou encore des paysages à partir du moment où c'était des paysages historiques.» C'était des sujets académiques avec, par exemple, des descriptions de la bonne société, des portraits, de la religion ou de la mythologie, considérés comme les seuls sujets dignes de l'art. [...]
[...] Les lignes et les ombres ont disparu au profit de taches de couleurs et de lumière. Le visage des jeunes femmes n'est pas perceptible car, par souci de retranscrire la réalité, l'artiste semble avoir été placé trop loin d'elles pour percevoir quoi que ce soit. Les coquelicots ne sont que des tâches ; il n'est pourtant pas difficile pour le spectateur de reconnaître ces fleurs. D'autre part, ce tableau illustre la banalisation actuelle des œuvres impressionnistes : en effet, il est connu de la majorité des Français. [...]
[...] Le progrès : le papier et la peinture Ils furent également influencés par d'autres innovations technologiques de l'époque. Grâce aux progrès dans le domaine de la chimie, la gamme de pigments dont disposaient les artistes s'élargit et leur qualité s'améliora sensiblement ; le papier et les autres matériaux étaient moins chers et, en général, de meilleure qualité. La peinture en plein air devint possible grâce à l'invention de la peinture en tubes (facilitant sa conservation). D'autre part les artistes bénéficièrent de nouvelles techniques d'impression et d'encrage. [...]
[...] Ils anticipent notre regard en créant de nouveaux topiques. Un topique est le trait récurrent d'une représentation. Par exemple, le regard dans la rencontre amoureuse est un topique. Ainsi, ces topiques vont renouveler, comme nous l'avons vu précédemment, notre regard quant à la lumière et à la couleur, qui constitue un des grands changements de cette révolution artistique. C'est en cela que ces artistes et leur art sont avant le temps. Avant même que celui-ci n'évolue, ils ont anticipé le regard de toute une société. [...]
[...] L'artiste a anticipé notre regard sur le monde. Avant que le temps ne passe, il a créé des modèles venant nourrir notre symbolique et nous donnant de nouveaux moyens pour nous exprimer. Ces moyens, appelés également filtres sémiotiques, peuvent mal vieillir et devenir, par conséquent, des clichés et donc banaliser des œuvres d'art. La relation que l'homme entretient depuis toujours avec le temps est difficile à définir. L'homme n'a qu'une connaissance intellectuelle du temps. Celui-ci le domine puisqu'il l'influence, le vieillit, ne lui permet pas de retour en arrière ni de s'arrêter. [...]
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