L'art ne s'est pas brutalement christianisé en 313 avec l'Édit de Milan, et même auparavant, dans les Catacombes romaines, à l'instar des peintres et sculpteurs. De même, le concept d'"art sacré" est artificiel pour le Moyen Âge, de 476 au Concile de Trente. Les enlumineurs, les sculpteurs, les peintres, certes avaient un prestige supérieur à celui des potiers ou des taillandiers, cependant les théologiens médiévaux, et les imagiers eux-mêmes, ne parlent pas d' « artistes », et donc d'art, mais d'opus.
S'interroger sur les œuvres au début du Haut Moyen Âge présente l'intérêt de se pencher sur un Occident dans lequel de nombreuses religions et peuples coexistèrent, se mélangèrent, et dont la production artistique monumentale -pour les Mérovingiens (481-751)- nous échappe : la réflexion sur la méthodologie en histoire de l'art peut ainsi mieux s'y développer.
L'art byzantin est trop bien connu, même dans ses débuts, et son apport fondamental dans l'iconographie chrétienne - puis seulement orthodoxe après 1054 - trop pesante; parfois il est quasiment impossible de déterminer si telle œuvre est byzantine ou provenant d'un atelier d'Acre au 13e siècle.
Ce qui m'intéresse, et qui est peut-être éculé, est la naissance de l'image anthropomorphe et zoomorphe (par l'animal le Christ est parfois symbolisé, avec le lion ou l'aigle) puis du Christ. Les livres d'histoire de l'art embrassent, sous le titre comportant ces termes « art du Haut Moyen Âge », essentiellement l'art carolingien.
Vingt pages tout au plus sur 450 évoqueront tous les arts pour la période qui nous intéressent. Qui plus est, ces ouvrages datent du 18e- 19e siècles, et les meilleures études remontent aux années 1920-1950, l'archéologie prenant le relais de l'étude de cette époque. Alors, tâcher de se pencher sur l'art monumental de l'époque relève de l'ineptie, car tout médiéviste qui se respecte sait qu'il ne trouvera rien de tangible. Cela n'interdit en rien la recherche.
Les corps de métiers se sont christianisés progressivement, leur production également, en fonction de la demande. Il faut davantage imaginer l'Occident médiéval -à la chute de Rome- comme une esquisse de ce que sera al-Andalus quelques siècles plus tard : des imagiers de différentes religions produisant selon la religion du commanditaire, les plus habiles étant les plus demandés.
D'où la coexistence, avant l'intolérance Almoravide et Almohade, d'imagiers mudéjars, mozarabes, voire juifs sur un même chantier -bien documenté donc souvent de prestige- califal, de mosquée (Cordoue, Saragosse, Lérida?) ou de cathédrales ariennes puis catholiques.
[...] MSM Editions. Remarquable broderie aux dorures et pigments d'exceptionnelle qualité (bleu outremer, vert soutenu, bordures rouges). On reconnaît un lapin (sur fond bleu, la longueur des pattes, les oreilles en pointe, la petite queue) et probablement un paon (l'aigrette) faisant la roue (la masse de plumes) sur un fond orangé. Illustration tirée de COPPOLA et FLAMMIN, op.cit., qui datent la stèle conservée dans l'église d'Oupia (Hérault) ( . ) environ de la fin du VIIIe siècle, [et qui] comporte ( . [...]
[...] Ce sont les saints des Lombards. [28]Clichés tiré de Collectif, Jouarre, le chef-d'œuvre de la sculpture mérovingienne L'Archéologue- Archéologie Nouvelle, Paris,avril-mai 1997, Éditions Errance, p.8 et p.7 pour le cliché suivant. [29]Voir dans PERIN et FEFFER, op.cit, Childéric 1er, p cavalier franc de Krefeld-Gellep, p.174, anneau sigillaire de Childéric 1er p [30]PERIN et FEFFER, op.cit, p.160. [31]On ne peut se prévaloir d'une telle faculté aujourd'hui en Occident. Ce qui demeure déterminant dans le choix d'une religion, d'une quelconque idéologie. [33]Cf. K.-F. [...]
[...] http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/vignette/ESWISOARFIBULES 001.jpg Fibules wisigothes trouvées à Tierra de Barros en Estrémadure. Baltimore, The Walters Art Galler [Gallery, sic] Des aigles, certainement: décoratifs, forcément -n'en déplaise aux fanatiques du fonctionnalisme-, ils sont sur des agrafes de vêtements, à vue avec des pierres semi-précieuses (des grenats?) lesquelles sont cloisonnées. Le rappel et l'assimilation de l'aigle impérial sont patents. Peut-être un reflet de la croyance du rôle de guide des morts de l'aigle. http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/vignette/ESWISARCNAVEPED 007.jpg San Pedro de la Nave (Province de Zamora). Le sanctuaire wisigoth. VIIè siècle. [...]
[...] La date de création de ces fresques a pu être située entre 785 et 795. Tout indique que l'église, conservée en grande partie dans son style carolingien, avait été pensée dès le départ comme un espace destiné à être orné de peintures : à l'origine, il s'agissait d'un volume dépourvu de soutènement avec trois absides côté est et un plafond plat en bois. Des représentations de l'histoire du Christ décoraient tout son pourtour, sur les absides et les parois. Les scènes étaient disposées selon une trame décorative où les éléments entretenaient entre eux une correspondance thématique et spatiale. [...]
[...] Nos sentiments, notre sensibilité artistique n'ont pas à entretenir des querelles d'ego surdimensionnés et frustrés. De l'image à l'imagier, de l'imagier au public, du public aux monuments Une approche ethnologique est l'avenir de l'histoire de l'art. J'ai de plus en plus l'intuition que les imagiers, au Moyen Age et en Occident, dans le cadre d'un réseau d'images religieuses au sein d'une chapelle, d'une église, d'une collégiale, d'une prieurale, d'une cathédrale, participaient par leurs œuvres à l'édification du fidèle, à son cheminement vers le salut. [...]
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