Le règne de Djoser représente une charnière importante, d'une part parce qu'il marque un développement considérable des textes écrits (« les parois portent les énoncés les plus longs et les plus complexes jamais exposés jusque-là » (Baud)), ainsi que des jeux graphiques : le premier exemple connu en Egypte est, dans la tombe de Hézyrê, le jeu de mots graphique entre le nom et l'image (il porte dans les mains une cruche héz et une boule assimilable au disque = rê). Cette nouveauté s'accompagne du développement du bas-relief qui couvre désormais les parois du tombeau du roi, pour la première fois construite intégralement en pierre. En effet, auparavant, la brique crue prévalait, même si la pierre n'était pas inconnue pour autant (dallages des tombeaux thinites). Déjà à la II° dynastie, les galeries de Ninetjer étaient taillées dans le rocher et revêtues de petits blocs de calcaire, mais ceux-ci restaient d'appareil médiocre : irréguliers et noyés dans du mortier. Pour le complexe de Djoser, les matériaux sont doubles : du calcaire grossier pour le remplissage, du calcaire blanc lisse des carrières de Tourah (rive orientale, sud de
Memphis) pour le parement. « Si la distinction entre calcaire fin et calcaire grossier est demeurée la même à la IV° dynastie et au-delà, la dimension des pierres constitue une différence majeure entre les monuments de la III° dynastie et l'époque des grandes pyramides à pente lisse. Les pierres utilisées dans les premières ne sont pas encore des blocs pesants et massifs […] mais des moellons aisément manipulables par 1 ou 2 hommes » (Baud). Le passage à l'architecture en pierre ne signifie pas une révolution formelle, mais par une pétrification des formes des édifices en matériaux périssables, d'où l'influence formelle des éléments végétaux sur l'architecture égyptienne (colonnes papyriformes, roseaux bottelés...) : « certains plafonds sont composés de longs et étroits monolithes posés de chant, sculptés en arrondi à leur partie inférieure pour imiter des rondins de travers ; ils étaient peints en rouge pour parfaire l'imitation du bois ».
[...] Le statut de mère royale semble avoir été emphatisé a contrario des autres épouses sous Ouserkaf et ses successeurs jusqu'à Djedkarê. En effet, la polygamie royale est bien attestée une moyenne de près de trois épouses par roi [ ] ne laisse guère de doute sur la réalité de cette pratique, à moins d'imaginer une série peu convaincante de décès à répétition, ou de divorces successifs mais l'on n'est pas sûr de l'existence d'une hiérarchie au sein des épouses royales (reine principale / concubine), probablement peu pertinente face à uniformité des titulatures des hmt nswt L'étude conduit ainsi Seipel à conclure à un statut non autonome de l'épouse royale, Ergänzung des Königs qui se définit par rapport à lui, c'est-à-dire ni incarnation de la royauté, ni double féminin du roi Troy (Patterns of Queenship, 1986) a proposé le premier une théorie de la royauté androgyne, où la composante féminine est représentée par le collectif de tout le spectre des rôles familiaux féminins, de fille à mère [ ] a feminine prototype, formulated in relationship to Hathoric imagery [ ] it provides the continuity of the kingship in its multigerenerational composition as daughter, sister-wife and mother Les femmes royales sont en effet, dès la dynastie, prêtresses d'Hathor dans de nombreux contextes et les titres mwt, hmt et s3t sont souvent cumulés, indiquant pour Troy un aspect de régénération de la royauté. [...]
[...] L'existence même d'une statue est en soi un marqueur de statut, à cause de l'existence générale d'un droit au portrait que souligne Bruneau. C'est ce portrait tendant à montrer la personne sociale à son avantage qu'il nomme portrait-pose : la personne ne cesse de contester le sujet. Aux ressemblances et dissemblances anatomiques que, comme sujets naturels, nous avons entre nous, nous tâchons à en substituer d'autres, celles-ci culturelles [ ] à ressembler à X auquel par nature nous ne ressemblons pourtant pas ou, au contraire, à ne pas avoir l'air d'Y dont notre physique nous rapproche cependant. [...]
[...] C 'est également au cours de la dynastie qu'apparaît la scène du repas funéraire. L'individu est assis sur un siège, les mains sur les genoux, ou tendant la main devant une table chargée de pains, d'abord sur des sceaux de la dynastie, puis, à la dynastie, sur les dalles funéraires des nécropoles memphites, Saqqara et Helwan : la scène est sculptée en méplat sur des dalles rectangulaires qui sont ensuite placées dans des niches ou servent de linteau aux faussesportes. [...]
[...] Le complexe de Sahourê est le mieux conservé : le schéma classique y est donc intégralement en place. Le débarcadère ou temple d'accueil amène à la chaussée montante, qui est d'abord ouverte et ne sera couverte et décorée qu'avec Ounas (fin de la dynastie), et qui donne accès au temple haut puis à la pyramide elle-même et à sa pyramide satellite. Le temple bas de Sahourê Le complexe de Sahourê est le complexe royal le plus décoré de l'Ancien Empire et le temple bas contient un programme iconographique important (cf infra). [...]
[...] La 4ème étape substitue les lits déversés aux assises horizontales : c'est la pyramide à proprement parler. Les avis divergent sur cette pyramide P1 : pour Lauer il s'agirait d'une pyramide à 4 gradins englobant donc le mastaba antérieur en lui ajoutant sur chaque côté 3 m de maçonnerie en pente. La construction de ce nouvel édifice aurait déjà été bien entamée lorsqu'une nouvelle addition en largeur aurait été projetée, abandonnant un revêtement resté à l'état embryonnaire Cependant, on sait que le parement n'était pas posé après l'achèvement complet du gros œuvre, mais assise par assise : Stadelmann a donc considéré que ce stade P1 s'arrêtait à l'ajout d'une tranche supplémentaire à l'appui de M3, suite à quoi on aurait décidé d'emblée de construire la pyramide dans ses dimensions finales. [...]
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