"Souvenirs d'un voyage au Maroc", Eugène Delacroix

Résumé du document

C'est grâce à la redécouverte d'un manuscrit de Delacroix, vendu en 1997 par les descendants de son ami intime et exécuteur testamentaire Achille Piron, et celle d'un autre manuscrit conservé dans une collection privée jusqu'en 1998, que les deux fragments d'un Souvenirs d'un voyage dans le Maroc ont « miraculeusement » pu être réunis et former cet ensemble tout à fait fondamental pour la connaissance d'un des peintres les plus célèbres du XIXe siècle. Ce livre a été ensuite été édité par Laure Beaumont-Maillet, Barthélémy Jobert et Sophie Join-Lambert.

Extraits

[...] Des travaux littéraires de l'artiste, on a retenu le Journal, oubliant trop souvent la correspondance et les articles publiés dans les journaux de l'époque. Aujourd'hui, cet admirable récit de voyage tiré de l'oubli révèle un Delacroix écrivain, digne du panthéon des romantiques. (extrait d'un article d'Anne Muratori-Philip, Le Figaro). Voyage et découverte du Maroc Le voyage qu'a entrepris Delacroix à travers la péninsule ibérique et l'Afrique du Nord au début de l'année 1832 est l'un des épisodes les mieux connus et les plus traités de sa vie. [...]

[...] Ce n'est pas parce qu'il la jugeait inférieure à la peinture qu'il la négligeait pour autant. Les Souvenirs sont un témoignage précieux sur les rapports ambivalents du texte et de l'image dans le processus de création de l'artiste. Delacroix doit en effet mettre des mots sur ses impressions visuelles, plutôt que de les peindre. Autre difficulté pour lui, celle d'écrire dans un genre qu'il ne connaît absolument pas, car c'est à cette époque (1842-1843) qu'il commence tout juste à exploiter son talent littéraire. [...]

[...] Des Souvenirs bien différents d'un récit de voyage Si Delacroix n'a jamais raconté en continu, sous forme de carnet de voyage son voyage au Maroc en 1832, c'est dans ces souvenirs qu'il se remémore cette expérience une dizaine d'années après. Si, comme on l'a vu, il s'agit de la redécouverte de deux textes complémentaires, la fin abrupte des Souvenirs montre l'arrêt de leur rédaction. Mais cela n'en diminue pas moins leur valeur, Et ces souvenirs d'un voyage fondamental dans le développement de l'œuvre de Delacroix, ayant été écrits une dizaine d'années après ce séjour, montrent ainsi un regard certainement modifié de Delacroix sur le Maroc. [...]

[...] Au-delà de la découverte du vrai Maroc, de ses campagnes parfois en rébellion, ou des villes de Tanger et Meknès, le séjour de Delacroix se caractérise surtout par l'accumulation de nouvelles impressions. Tout au long de son voyage, Delacroix n'a de cesse de dessiner ou d'écrire pour tout garder en mémoire. Il est attentif aux moindres détails, aux figures, aux personnalités, à la vie quotidienne ou aux cérémonies exceptionnelles. La relation entre la littérature et la peinture chez Delacroix La relation entre Delacroix et l'écrit est complexe, car on ne sait quelle place a eu la littérature dans son œuvre. [...]

[...] Cela tient sans doute à la réserve du peintre, et à sa conviction finale de la supériorité de la peinture sur l'écriture. Aujourd'hui encore, les Souvenirs de Delacroix inspirent de nombreux artistes. Ainsi, le scénariste et dessinateur de bande dessinée Jacques Ferrandez dans le premier tome de sa série sur l'Algérie Carnets d'Orient retrace l'histoire d'un peintre fictif, Joseph Constant, et de son voyage à travers le Maghreb, lors duquel il sera passionné par les femmes orientales, accompagnera des expéditions militaires Le récit étant illustré à l'aquarelle, tout comme les récits dans le récit des carnets de voyage du peintre imaginaire. [...]