"Le détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture" est certainement l'ouvrage le plus connu de Daniel Arasse et c'est sur lui que j'ai décidé de me pencher pour cette note de lecture. Ce choix est la conséquence d'une curiosité pour ce thème, ces petits riens que l'on ne voit parfois pas ou qui peuvent nous sembler insignifiants dans une œuvre mais qui méritent pourtant que l'on s'y attarde.
C'est ce qu'a donc fait Daniel Arasse, historien d'art très apprécié du public pour avoir su vulgariser l'art et transmettre avec passion ses analyses d'œuvres, dans cet ouvrage de quatre cents pages publié en 1992 chez Flammarion dans la collection Idées et Recherches avant d'être réédité et augmenté en 1998 suite au grand succès qu'il rencontra. En voici une note de lecture à laquelle j'ajouterai à la fin une critique personnelle de l'ouvrage.
[...] C'est le début des représentations dictées par une volonté de mimésis. Pour maîtriser les détails de la représentation, les travaux des peintres donnent aux études de détails, qui sont en forte augmentation aux XIVè et XVè siècles, une place croissante bien qu'elles puissent avoir des fonctions et des formes différentes. Ainsi, une étude de détail peut être réalisée dans le cadre d'une œuvre précise pour vérifier que le dessin est vrai et l'effet qu'il produit avant de l'intégrer à la composition d'ensemble ou être réalisée pour elle-même afin d'exercer la main et l'œil de son auteur. [...]
[...] Le détail-comble implique donc la perfection d'un effet, mais peut aussi être marqué par un excès qui peut dès lors ruiner le tableau en défaisant son unité. En effet, quand elle est portée à son comble, l'imitation méticuleuse des détails appelle trop le regard du spectateur sur elle, ce qui détruit l'effet d'ensemble du tableau, et peut alors faire passer ce regard de la raison à la fascination et à la jubilation. La double dislocation du détail : Dès lors, on comprend certainement mieux l'attention et la méfiance que l'on porte au détail, mais aussi aux contraintes de son économie revendiquée par les principes classiques. [...]
[...] Ainsi, le goût de la cour, chevaleresque et aristocratique, jugeait la qualité de la représentation à la qualité des objets représentés et en fonction de la valeur que les codes sociaux leur accordaient. Le luxe des détails était dès lors une image du luxe que le peintre devait rendre réel et contribuait à définir le prix de l'oeuvre. Par exemple, le rendu des tissus était un objet très regardé dans la peinture et très apprécié, car il renvoyait au luxe des tissus représentés et aussi au luxe du propriétaire du tableau. [...]
[...] Par la vérité du détail, la peinture est donc capable de susciter des effets du réel, et ce, au service de la dévotion. En cela il faut distinguer l'image de dévotion, dans laquelle le détail empêche une distance de s'instaurer entre le spectateur et la scène représentée afin de provoquer un affect et une dramatisation, de l'image pieuse, qui ne donne pas de détails des lieux et des personnes pour que ce soit le spectateur qui y projette ses propres détails. [...]
[...] L'abondance des détails chez les peintres est aussi encouragée par la culture humaniste et sa tradition de l'éloge, tirée de l'ekphrasis. Elle consiste à devoir mettre sous les yeux une œuvre qui est absente, et ce, en décrivant en détail les œuvres au moyen d'un vocabulaire spécifique et de critères de jugement. On fait alors l'éloge d'un peintre ou d'une œuvre si celle-ci présente une abondance et une vivacité de détails en tentant de les retranscrire à l'aide de la rhétorique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture