Art et société au Moyen-Âge, DUBY Georges, création artistique, changements sociaux, offrande à Dieu
Si nous considérons aujourd'hui l'art du Moyen-âge comme l'objet d'une délectation esthétique, les hommes qui les ont vus naître considéraient ces images comme fonctionnelles.
De la fonction de dévotion, et d'offrande à Dieu, la création artistique serait devenue davantage l'objet d'une affirmation de puissance de la part des commanditaires. Évolution qui est étudiée dans l'ouvrage de Duby, à la lumière des changements sociaux.
[...] Suger, serviteur de la monarchie, est aussi l'inventeur d'un nouvel art royal français. Les bouleversements du XII° siècle et le passage vers le gothique : Les villes prennent le pas sur la campagne en matière d'échanges commerciaux. La monnaie et le pouvoir se concentrent en ville. Les conditions de la création artistique redeviennent peu à peu ce qu'elles avaient été au temps de l'Antiquité. Les foyers de production les plus actifs s'installent définitivement dans les villes où la classe dominante commence à se fixer avec les organes de l'Etat. [...]
[...] Ce dernier se retire et s'identifie à Jésus, il reçoit alors les stigmates. Il est représenté portant la bure (robe brune à capuche). La papauté sait utiliser Dominique et François et les incorporer au système. Les fraternités itinérantes qu'ils ont fondées deviennent des ordres, enrégimentées au service de l'unité doctrinale. Les Dominicains, instruits dans les écoles, s'efforcent plutôt de convaincre, et les Franciscains, plutôt d'émouvoir. Ils ont vécu d'abord dans la rue, mais pour les tenir en main, les cardinaux qui les protégeaient les enjoignent de se fixer dans des couvents, et donc de bâtir. [...]
[...] L'épiscopat redevient la fonction centrale. Ce changement coïncide avec la renaissance urbaine. La prospérité convergeant vers les villes redonne de l'éclat la fonction épiscopale en même temps qu'elle attire vers la cathédrale les ateliers. Les ateliers qui travaillaient à Saint Denis se déplacent à Chartres vers 1150. -Les écoles cathédrales se développent, les études s'y concentrent. Les clercs se dirigent vers les cités qui contiennent les ouvrages. -L'attention des hommes de culture tend à se fixer sur les Evangiles et les actes des Apôtres. [...]
[...] Suger, lors de la réfection de l'abside de Saint-Denis en 1130-1140, avait pris pour guide la Théologie mystique attribuée à Denys l'Aréopoagite qui décrit le divin comme un foyer incandescent d'où toute ferveur rayonne et vers quoi tout désir revient se consumer. L'importance de la lumière au sein de la logique de construction des cathédrales persiste au XIII° siècle, relayée par Thomas d'Aquin et Bonaventure. Les chanoines demandent aux maîtres d'œuvres d'évider au maximum les parois de la cathédrale et à réduire l'édifice à de simples nervures afin que la lumière s'y répande. Pour que cette lumière soit merveilleuse, elle est transfigurée par les vitraux. -L'image change de fonction. [...]
[...] Détail de la prédelle du Saint François d'Assise recevant les stigmates de Giotto, Le pape approuvant les statuts de l'ordre des Franciscains Vers 1295 1300, Louvre La cathédrales, fleuron de la création artistique : La papauté est encore itinérante et s'impose une austérité cistercienne, le mécénat exercé par le pape n'est pas à la hauteur de sa puissance. Rome n'est pas, au XIII° siècle, un haut lieu de création artistique. Ce sont les cathédrales, dispersées dans la chrétienté, qui constituent l'assise du pouvoir ecclésiastique. [...]
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