André Chastel (1912-1990) est spécialisé dans l'Italie de la Renaissance, et apporte une vision élargie de l'Histoire de l'art, le considérant comme le témoin révélateur d'une civilisation. Pour ce livre il a utilisé sources iconographiques et a confronté les sources des historiens presque contemporains, mais qui ont reconstruit dans le contexte de réaffirmation du pouvoir des Médicis.
[...] Vasari l'Historien est trop attaché à la personnalité des grands ducs. Veut créer un moment décisif, un groupe comme son école. Met dans la lignée l'entreprise à son époque de Cômes Ier, à un moment où l'on croit à la nécessité historique des instituts dogmatiques, bien loin de la réalité du mécénat de Laurent. Pourquoi alors une telle fiction historique ? Il faut remettre l'âge de Laurent dans le contexte des luttes de pouvoir au sein de la République de Florence et l'affirmation progressive des Médicis. [...]
[...] Il faut savoir de quoi parle Vasari : il semble esquisser un plan concerté de rénovation artistique par Laurent via une école dont le recrutement était aristocratique et le directeur Bertoldo, avant de citer une liste de jeunes illustres. Outre les doutes sur cette liste qui semble fantasmée puisqu'ils étaient pour certains ailleurs, et les doutes sur la capacité d Bertoldo alors âgé de donner régulièrement des cours, se pose la question une telle école a-t-elle pu exister ? Selon Vasari les cours avaient lieu dans la collection amassée par Laurent et ses prédécesseurs, qui étaient à la fois le premier musée et la première académie d'art d'Europe. [...]
[...] "Art et humanisme au temps de Laurent le Magnifique. Étude sur la Renaissance et l'humanisme platonicien", André Chastel (1961) André Chastel (1912-1990) est une figure marquante de l'histoire de l'art, enseignant à l'Ecole de Hautes Etudes, à la Sorbonne puis au Collège de France. Il est spécialisé dans l'Italie de la Renaissance, et apporte une vision élargie de l'Histoire de l'art, le considérant comme le témoin révélateur d'une civilisation (après Burckhardt, montrant l'importance de Warburg). Le seul apport de la société sur l'art n'est pas la doctrine, lie un style avec la pensée collective d'une période, tout en refusant toute causalité entre art et idées. [...]
[...] C'est un chapitre introductif qui donne les thèses principales de l'auteur dès le départ sur ce mythe à déconstruire. Il y défend une vision du mécénat différente de celle du sens commun. Dans ce cadre le titre de l'ouvrage est ambivalent puisqu'il lie néanmoins avec Laurent, ce qui prouve que le but n'est pas de nier son rôle mais de lever les écrans déformants des historiens des Médicis. L'article s'ouvre sur une étude des fresques à retrouver. Elles montrent le Prince (ce qui est un anachronisme, Laurent n'étant pas Prince de la République de Florence, cette construction ayant lieu sous Cômes) autour de qui se pressent les humanistes et poètes. [...]
[...] On voit donc bien qu'il s'agit d'une politique de rayonnement, d'une propagande culturelle. Une propagande externe puisque le goût de Laurent faisait autorité, interne puisque Laurent célébrait l'art toscan à Florence. Le sens était de célébrer lui-même la gloire et l'autorité de Florence. Mais quel rôle peut-on précisément attribuer à Laurent ? La fiction d'un mécène organisateur laisse la place au prestige d'un esthète, qui rayonne de son goût de collectionneur, galerie qu'il amasse Vasari explique le maigre bilan architectural par sa mort prématurée, mais on peut considérer avec Chastel que Laurent s'intéressait plus aux hommes qu'aux œuvres, aimant à constituer un groupe de familiers autour de lui, et à attirer les grands esprits Reste toutefois la question de l'école du jardin de Saint Marc, vue en introduction. [...]
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