La Mort de Sardanapale, peinte par Delacroix en 1827, huile sur toile de 392 cm x 496 cm est conservée au Louvre.
Eugène Delacroix est né le 26 avril 1798 et mort le 13 août 1863. C'est un des plus grands peintres français romantiques. Il a fait l'École des Beaux-Arts mais il a vite abandonné la tradition académique.
L'œuvre a été exposée au Salon de 1827, Salon où Ingres expose L'Apothéose d'Homère. Au-delà de l'événement historique représenté, ce tableau apparaît comme un manifeste de la querelle entre la peinture romantique représentée par Delacroix et le néoclassicisme représenté par Ingres. Dans cette toile, Delacroix met en avant ce relâchement des conventions formelles, que rejettent les classiques : ce ne sont plus les formes et les sujets que l'artiste met en valeur, mais davantage l'intensité des couleurs, des contrastes et des sentiments. Le tableau provoque un gigantesque scandale par sa charge à la fois sensuelle et cruelle, par sa composition désordonnée. Delacroix affiche ici son mépris pour les convenances et semble pour le public avoir violé les règles de l'art les plus basiques.
Comment Delacroix détourne certaines règles académiques pour exalter le romantisme de son œuvre ? Comment joue-t-il avec les règles académiques pour montrer de quelle manière les dépasser ?
[...] Il y a aussi une grande part de fantastique ici mise en scène par le côté théâtral de l'œuvre. Ces éléments fantastiques s'expriment à travers les couleurs éclatantes, le mouvement général, et l'horrible spectacle de carnage et de tuerie qui s'offre à nous. Ce tableau représente à la fois un sujet morbide et lugubre, car c'est une sorte de suicide collectif, mais Delacroix le peint de manière à le sublimer grâce aux couleurs et au riche décor qui entoure tout ce massacre. [...]
[...] Le genre le plus noble est celui des scènes d'histoire. Delacroix représente dans son tableau un sujet historique : cette scène raconte l'épisode dramatique de la mort du souverain perse Sardanapale dont la capitale fut assiégée sans aucun espoir de délivrance. Le roi décida de se suicider en compagnie de ses esclaves et de ses favorites et de tous ses biens pour empêcher l'ennemi de s'en emparer, et il met le feu à son palais, car aucun des objets qui avaient servi à ses plaisirs ne devait lui survivre. [...]
[...] Dans la mort de Sardanapale, on retrouve les prémices de l'influence qu'aura l'Orient sur le travail de Delacroix après son voyage au Maroc. On retrouve donc beaucoup d'exotisme dans cette toile. Tout d'abord, il choisit un thème qui y fait directement référence, Sardanapale étant un souverain d'Orient. De plus, le décor arbore des éléments orientaux : les pieds du lit en forme de tête d'éléphants, les vêtements de certains personnages (turbans des femmes au fond à droite, les chaussures de celui qui égorge la femme au premier plan, son porte dague incrusté de pierres précieuses etc.), les draperies sont d'une grande richesse, les bijoux orientaux (le bracelet au bras de la femme égorgée, le trésor de Sardanapale les décorations du cheval . [...]
[...] Cette ligne renforce l'idée de massacre et place Sardanapale en spectateur du carnage. Ensuite on peut observer des arabesques complexes formées par les corps en prolongement les uns des autres qui sont disposés en fonction d'arcs de cercle concentriques comme des ondes qui se propagent et qui viennent accentuer la ligne oblique principale. La composition reste ouverte et se prolonge en hors-champs pour agrandir l‘espace et augmenter ainsi l'effet d'abondance et d'accumulation autour du lit du roi. La composition est fondée sur les diagonales, mais ne respecte pas l'unité d'action, le lieu est mal défini, imprécis et semble se prolonger dans l'espace du spectateur : le cheval en bas à gauche et l'esclave sur le coté droit sont en hors champ. [...]
[...] Dans la peinture académique, la composition pyramidale est de rigueur, on peut l'observer dans L'apothéose d' Homère d' Ingres, un peintre néoclassique rival de Delacroix. Ce tableau a été exposé au salon de 1827 comme La mort de Sardanapale. Delacroix utilise ici une composition pyramidale pour structurer son œuvre, mais celle-ci est oblique, renversée sur le côté. Il y a également une grande ligne oblique qui donne l'élan général. Elle part de la tête de Sardanapale qui est le point de fuite de la toile et descend en diagonale vers la femme qui se fait égorger au premier plan en bas à droite. [...]
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